La mobilisation de l’épargne locale est un enjeu stratégique pour le développement économique de la Guadeloupe et de la Martinique. Malgré un taux d’épargne élevé, ces capitaux restent peu investis localement, freinant la croissance et l’autonomie économique du territoire. Ci-dessous, la suite synthétisée de la tribune de JM NOL
Il est essentiel de sensibiliser les épargnants à l’impact de leurs choix financiers, car une grande partie de cette épargne est placée dans des produits sécurisés, souvent réinvestis hors des Antilles. Promouvoir des produits d’épargne territorialisés et développer une culture de l’investissement local permettrait de transformer cette ressource financière en moteur de croissance.
Les entreprises ultramarines, majoritairement petites et sous-capitalisées, rencontrent des difficultés d’accès au crédit en raison de garanties élevées et de taux peu attractifs. Le développement d’alternatives comme le financement participatif, les business angels ou les fonds d’investissement territoriaux est nécessaire pour répondre aux besoins du tissu entrepreneurial. Dans cette dynamique, les institutions financières ont un rôle clé à jouer en proposant des produits d’épargne dédiés et en s’engageant davantage dans le financement des entreprises locales. Les pouvoirs publics peuvent également encourager cette réorientation de l’épargne en instaurant des incitations fiscales et des dispositifs comme un label « épargne locale » garantissant l’investissement dans des projets du territoire.
Actuellement, le financement des entreprises ultramarines repose à 80 % sur des fonds publics, une dépendance excessive qui limite l’essor d’un secteur privé autonome. Une meilleure mobilisation de l’épargne locale permettrait de rééquilibrer cette situation et de créer un cercle vertueux où les capitaux des ménages soutiennent directement l’économie locale. Pourtant, une grande partie de l’épargne ultramarine reste immobilisée, notamment dans des investissements immobiliers ou sur des comptes non rémunérés, illustrant l’urgence de proposer des solutions attractives pour orienter ces fonds vers des placements productifs.
Dans un contexte économique et géopolitique incertain, renforcer l’investissement local devient impératif pour garantir un développement durable et réduire la dépendance aux aides publiques. Mobiliser l’épargne locale ne relève pas seulement d’une démarche économique, mais d’un véritable projet de société visant à bâtir une économie plus résiliente et autonome. Il s’agit d’un changement de paradigme où les capitaux des ménages ne sont plus seulement une réserve de précaution, mais un levier stratégique pour assurer un avenir prospère aux Antilles.