La Martinique ne manque pas de militantismes au jour le jour. Alléluia ! Au commencement il y a l’action, la résistance, l’initiative. Pas d’avancées sans cette condition préalable ! L’action militante devrait nourrir le débat stratégique. Or à ce niveau la régression est patente.

Newsletter du GRS  (Image: Gilbert Pago [GRS] et Edwy Pleyel [Mediapart])  .


Depuis que la CTM, après la Région, est devenue le champ clos d’une lutte assez féroce entre des indépendantistes et des autonomistes, on n’a jamais aussi peu parler d’autonomie et d’indépendance. Seul deux débats politiques ont effleuré : l’un sur la prudence et l’audace dans la dépense des deniers, l’autre sur le fonctionnement démocratique sous l’angle des rapports entre Exécutif et Assemblée.

Dans le mouvement social, ce n’ est guère plus riche. Le « formalisme stérilisant » que Fanon dénonçait comme une déplorable dérive nationaliste a pris toute la place, reléguant au second plan la question des objectifs fondamentaux, des voies et moyens, des contenus de classe. Pour certainEs, le clivage fondamental porterait sur les couleurs de drapeaux, le dynamisme pour démonter et démolir les statues, la nécessité ou pas du “jiré manman” dans l’invective contestataire. Fort heureusement ces questions cardinales n’empêchent pas l’action des unes et des autres. Elles en occulte néanmoins d’autres à notre humble avis plus essentielles. Ainsi la question de l’unité des organisations se réclamant des masses populaires.

Les militantEs du GRS, dans toutes les structures où elles/ils se battent ont la mission de chercher obstinément à favoriser l’action unie des masses et de leurs organisations. Cela ne résulte pas seulement du parti-pris en faveur de l’efficacité ; en effet, l’efficacité immédiate peut même se trouver du côté des actions menées en solitaires !. Toutefois, notre orientation stratégique a pour une de ses conséquences, le front unique ouvrier et populaire. Quand on veut une société autogérée, une société où c’est la majorité sociale qui donne le la, où c’est l’intérêt du plus grand nombre qui prime, on n’attend pas la Saint Glin-Glin pour se battre ensemble, pour apprendre à gérer des divergences, pour débattre des grandes questions. Ce nécessaire apprentissage du débat et de l’unité dispensera de se reposer sur la formule mortifère du parti unique comme méthode pour faire régner l’ordre stalinien au profit de je ne sais quel futur petit père des peuples, version locale !

Voilà pourquoi dans le combat syndical nous cherchons à rassembler. Dans le combat contre le chlordécone, contre le racisme, pour les libertés publiques, pour les grands enjeux écologiques, pour les droits des femmes, le GRS défend les mêmes principes et les mêmes pratiques. 

Nous devons dire sans acrimonie mais aussi sans démagogie que lorsqu’un syndicat ou un mouvement à vocation de masse mène seul de son propre gré une lutte qu’il pourrait mener unitairement, il doit savoir qu’on s’interrogera sur ses motivations et que cela ne renforce pas la lutte.

Il nous paraît évident que l’unité des masses laborieuses est la meilleure garantie pour ne pas se soumettre à tel ou tel secteur de la petite bourgeoisie qui quelques fois mérite largement d’être soutenu sans pour autant que le prolétariat lui serve de force d’appoint sans droit au chapitre sur les objectifs et les méthodes.

On voit quelques fois des camarades très sourcilleux/ses dans l’unité à réaliser au sein des classes laborieuses ou de leurs organisations et en même temps bien peu regardants dans l’unité avec ou derrière telle ou telle fraction de la bourgeoisie. Il est évident que cela interroge.  

Le GRS pour sa part n’est pas prêt à jeter par dessus bord comme une vieillerie désuète une culture marxiste qui a si fortement marqué, dans des versions diverses il est vrai, l’essentiel du combat pour l’émancipation du peuple.

Remettre sur l’établi les leçons tirées de cette histoire, la ré-interpréter à la lueur des expériences nouvelles parfois si riches ici ou là , les confronter aux taches brûlantes d’aujourd’hui dans un contexte où ce qui est en jeu est l’avenir de nous mêmes et de l:humanité entière, c’est un travail indispensable.

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version