À l’aube du 25 octobre 1983, les États-Unis, soutenus par des alliés caribéens, lancèrent l’Opération Urgent Fury sur l’île de la Grenade. Cette intervention militaire, la plus significative depuis la guerre du Vietnam, mobilisa environ 7 600 soldats américains, incluant des unités telles que les Rangers, les Marines et les forces spéciales, ainsi que 300 soldats de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale. Face à eux se trouvaient environ 1 500 soldats grenadiens, appuyés par quelque 700 Cubains, parmi lesquels des ingénieurs et des militaires. Les forces américaines bénéficiaient d’une supériorité aérienne et navale écrasante, tandis que les défenseurs grenadiens recevaient un soutien logistique de l’Union soviétique et de l’Allemagne de l’Est.
Contexte politique
Le 19 octobre 1983, le Premier ministre Maurice Bishop fut exécuté lors d’un coup d’État interne, permettant au Conseil militaire révolutionnaire, dirigé par Hudson Austin, de s’emparer du pouvoir. Cette situation, combinée à la présence de 700 soldats et conseillers cubains sur l’île, alimenta les craintes des États-Unis quant à une possible expansion communiste dans la région caribéenne.
Déroulement des opérations
Le 25 octobre, à 5 heures du matin, les forces américaines lancèrent un assaut simultané sur les aéroports de Point Salines, au sud, et de Pearls, au nord. Elles procédèrent ensuite à la capture du campus universitaire de True Blue, où étaient retenus des étudiants américains. S’ensuivirent trois jours de combats intenses contre les forces cubaines autour de positions stratégiques. Le 28 octobre, les troupes américaines contrôlaient la majeure partie de l’île. Enfin, le 2 novembre, les dernières poches de résistance se rendirent, marquant la fin officielle des hostilités.
Bilan humain et conséquences
Les pertes furent les suivantes :
•États-Unis : 19 morts (dont 4 par noyade) et 116 blessés.
•Grenade : 45 militaires et 24 civils tués.
•Cuba : 24 à 25 morts, 59 blessés et 638 prisonniers.
L’intervention entraîna le rétablissement d’un gouvernement pro-occidental, avec des élections organisées en décembre 1984, ainsi que la destruction des infrastructures militaires grenadiennes et cubaines. Toutefois, l’ONU condamna cette opération par 108 voix contre 9, la qualifiant de violation de la souveraineté nationale.
Impact stratégique
Cette opération marqua un tournant dans la politique étrangère du président Ronald Reagan, illustrant la détermination des États-Unis à contrer l’influence communiste dans les Caraïbes. Néanmoins, elle demeure controversée en raison de ses motivations géopolitiques et des questions juridiques entourant son déclenchement.