Les directions de ces deux établissements majeurs sous nos cieux, à savoir la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) et l’Agence Française de Développement (AFD*), ont signé ce 28 juillet une convention de partenariat en faveur de ‘’l’émergence de projets rendus prioritaires par les urgences à caractère social’’. De quoi s’agit-il plus précisément ? Les premières explications de Nicolas Picchiottino, le directeur territorial de l’AFD, PUIS de Rodrigue Duféal, le directeur des politiques publiques ‘’Logement, Jeunesse et Précarité’’ à la CAF.

Nicolas Picchiottino :

« On va améliorer le partage d’informations, de façon à ce que les projets prioritaires puissent sortir plus rapidement » 

Nicolas Picchiottino (DR)

Antilla : Pourquoi ce partenariat entre l’AFD et la CAF ? Et est-ce là une première ?

Nicolas Picchiottino : Cela fait 2-3 ans qu’on s’est rencontrés formellement avec la CAF, et on s’est rendus compte que l’essentiel de nos actions était sur le même scope, à savoir le financement des problématiques sociales sur l’île. Donc on s’est dit qu’en collaborant mieux et qu’en échangeant des informations en amont, on aurait surement plus d’impact si on travaillait ensemble. De plus, la CAF fournit beaucoup de subventions à différent acteurs, notamment aux collectivités, et il est possible pour l’AFD de préfinancer ces subventions. Comme vous le savez, les subventions sont versées une fois les travaux réalisés ; or les communes ultramarines en général, martiniquaises de facto, ont des problèmes de trésorerie. Donc beaucoup de projets très bien subventionnés ne ‘’sortent’’ pas à cause de ce problème de trésorerie. Ainsi on s’est dit avec la CAF qu’il fallait qu’on se connaisse mieux, qu’on travaille mieux ensemble et donc qu’on signe cet accord de partenariat, qui est essentiellement un partage d’informations et une volonté d’accélérer des projets communs. Et oui ce partenariat constitue une première (hexagonale et ultramarine, ndr) et nous ambitionnons de le multiplier, au moins sur l’outremer français.

Une première dont la concrétisation tient notamment à la nécessité de travailler, en amont, sur des problématiques sociales spécifiques ?

C’est exactement cela. C’est aussi – et j’en profite pour leur tirer un grand coup de chapeau – grâce à l’excellente collaboration des équipes de la CAF et de l’AFD, qui travaillent quasiment quotidiennement ensemble et qui se sont dit que c’était dommage de ne pas formaliser ce beau travail par un accord, comme celui que nous signons aujourd’hui.

Dans la communication entourant ce partenariat, il est fait mention de projets « prioritaires » dans le champ social : ces projets sont donc clairement identifiés ?

Evidemment mais on vous en parlera plus tard car ces projets ne sont pas encore validés par notre Conseil d’Administration. Mais normalement vous en entendrez parler assez rapidement.

Cette convention acte-t-elle une première phase, dans la collaboration entre l’AFD et la CAF ?

Elle formalise une collaboration qui existe déjà. Et qui devrait déboucher assez rapidement sur des projets financés. Mais on souhaitait d’abord acter le fait qu’on agit sur des sujets communs, ensemble, et qu’on va améliorer le partage d’informations de façon à ce que les projets prioritaires puissent sortir plus rapidement.

Propos recueillis par Mike Irasque


Rodrigue Duféal :

« Nous pourrons avoir une base beaucoup plus large, afin de pouvoir préfinancer d’autres projets »

Rodrigue Duféal (DR)

Antilla : Ce partenariat vient aussi « casser » une idée préconçue quant aux univers respectifs de l’AFD et de la CAF, non ?

Rodrigue Duféal : Oui, traditionnellement il y a cette opposition – virtuelle – que beaucoup de monde répète à satiété, entre l’économique et le social. Mais il y a déjà beaucoup de liens entre ces deux domaines. Et il faut parfois, au-delà des mots, symboliser et concrétiser cela. Concrètement, on regardera quels sont les dossiers pour lesquels il y a une sollicitation de financement de l’AFD et de la CAF, pour qu’on puisse optimiser tout cela.

Cette convention acte-t-elle aussi une dimension – sans doute méconnue de beaucoup concernant la CAF et que vous avez évoqué dans votre intervention précédant cette signature -, à savoir la dimension d’aménagement portée par la CAF ?

Oui, la CAF est essentiellement connue du grand public comme payeur de prestations mais nous finançons, par exemple, la création de places de crèche, donc le financement d’un aménagement. Et en faisant cela, nous offrons aussi des services. Nous avons un budget national et local dédié à cela ; nous pouvons aller jusqu’à 80%, sur la base de 100% d’un investissement, donc nous avons contribué à créer bon nombre de places, dans différents lieux, dans les domaines de la petite enfance, la jeunesse, de la parentalité et du logement.

Que pourrait, ou va, améliorer cette première convention partenariale selon vous ?

Elle va fluidifier les choses. L’AFD a sa propre ingénierie et ses propres éléments, donc cela nous permettra de sortir de terre, beaucoup plus vite, les projets. Et nous, nous pourrons avoir une base beaucoup plus large, afin de pouvoir préfinancer d’autres projets. Donc on est vraiment dans de l’ingénierie et de l’optimisation financières. Vous savez, je dis souvent qu’à la CAF ‘’on vit, on dort et on respire la Martinique.’’ Donc que pouvons-nous faire, ici et maintenant ? Et nous sommes comme toute entreprise : on fait une étude de marché, dans la ‘’cartographie’’ des acteurs il y a l’AFD, donc comment cet acteur-là peut-il intervenir et interagir sur nos missions ? C’est l’une des questions ayant légitimé cette convention.

Propos recueillis par Mike Irasque

*Institution financière publique, l’AFD met notamment en œuvre la politique de développement portée par les hautes autorités étatiques françaises, tel le Gouvernement (MI). Crédits photos : Luc Migozzi (AFD).

 

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version