Emmanuel Macron a esquissé les grandes lignes de son projet pour la Présidence Française de l’Union européenne (PFUE) que le pays exercera à partir du 1er janvier prochain. Il a détaillé pendant plus d’une heure, une ambition forte tous azimuts – social, climat, politique internationale – en faisant mine d’oublier que ses ambitions pouvaient se heurter au résultat des élections présidentielles, organisées en plein milieu de cette présidence qui dure six mois.

EMacron PFUE capture
Emmanuel Macron va prendre la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier 2022.
@CCO

“Relance, puissance et appartenance”. C’est avec ces trois mots que l’Élysée résume son ambition pour les six premiers mois de l’année 2022, quand la France assumera la présidence de l’Union européenne (Présidence française de l’Union européenne, PFUE). Emmanuel Macron a présenté jeudi soir le projet qu’il veut soutenir à Bruxelles à partir du 1er janvier. Outre les aspects de défense européenne, il a aussi affirmé son ambition de créer un “nouveau modèle de croissance européen” à horizon 2030, en insistant notamment sur la nécessité de préserver le modèle social européen.

Pour affirmer cette ambition, le président français veut organiser un sommet des chefs d’États européens les 10 et 11 mars prochains. Les 27 discuteront ainsi des méthodes et des moyens à accorder à ce modèle, qui reposera notamment sur le développement des nouvelles filières industrielles sur lesquelles l’Europe mise déjà beaucoup, comme l’hydrogène, les batteries, les semi-conducteurs, etc. L’ambition est claire : alors que la pandémie continue de mener la vie dure à l’économie européenne, le président français veut continuer de créer des emplois industriels à l’intérieur des frontières européennes. 

Un emploi qu’Emmanuel Macron veut “de qualité et bien rémunéré“. Au programme de la PFUE se trouve inscrit la volonté de soutenir le projet de directive sur un salaire minimum européen. Celle-ci doit garantir un salaire décent partout en Europe et “ne pas laisser prospérer le dumping social“, terreau du Brexit. Ce modèle social doit par ailleurs se retrouver dans toute la chaîne de sous-traitance des entreprises européennes. La PFUE doit donc être l’occasion de relancer le projet de directive sur le devoir de vigilance européen, inspirée des dispositifs français et allemands, qui est régulièrement repoussée en raison de l’intense opposition des lobbys d’entreprises.

Cap climatique

Emmanuel Macron fixe également un cap climatique à ce nouveau modèle économique. “Cela ne suppose pas de produire moins, mais d’innover pour trouver des économies d’énergie, pour électrifier tout ce qui peut l’être et pour produire de l’électricité décarbonée“, déclare-t-il. Sans citer le “Green Deal ” (Pacte Vert), Emmanuel Macron assure qu’il fera avancer les textes que la Commission européenne a présenté le 14 juillet dernier et dont l’ambition consiste à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre du continent pour faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone. Le discours européen d’Emmanuel Macron était malgré tout un cran en dessous de l’ambition affichée par la Commission du le 7 octobre dernier de transformation du modèle économique européen pour l’axer sur l’économie circulaire, la réduction des déchets et favoriser partout les transports propres. 

Emmanuel Macron a ainsi laissé planer un doute sur sa volonté d’endosser un costume vert alors que l’élection présidentielle française n’accorde qu’une portion congrue aux thèmes environnementaux. Le Président n’a ainsi cité que deux mesures concrètes : la mise en cohérence des accords commerciaux internationaux avec les règles européennes sur le climat et la biodiversité et l’instauration d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, longtemps défendu par la France. 

Cela devrait sembler très insuffisant aux ONG. Le Réseau Action Climat (RAC) rappelle que la France devra mener à bien au moins une quinzaine de directives dans le cadre le Green Deal, sur des sujets comme la rénovation performante du bâtiment, la transition de l’industrie automobile, la réforme du marché carbone, la protection des forêts ou encore la réforme du Pacte de Stabilité et de croissance pour lever les freins à l’investissement. “Une victoire sur la taxe carbone aux frontières ne sera pas synonyme de succès si tout le reste n’a pas avancé“, prévient Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au sein du RAC. 

Avec un logo et de nombreux évènements labellisés, en particulier sur la culture, le président de la République française, entend faire de la PFUE un élément de communication important de son action. Même si la question lui a été posée à plusieurs reprises quant à l’éventuelle continuité de son ambition, au-delà de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron refuse d’y accorder de l’importance. Les autres États membres, en revanche, s’interrogent. Y compris l’Allemagne qui, elle, commence un nouveau chapitre.

Arnaud Dumas, @ADumas5

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