« Le vrai défi, c’est construire dans la paix l’avenir de la Martinique » a réagi le député Serge Letchimy à propos de la Porte du Tricentenaire du parc Culturel Aimé Césaire. Une manifestation est prévue aux abords du monument ce dimanche 02 août, rassemblement qui a été interdit par le préfet Stanislas Cazelles.

« Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la porte du Tricentenaire situé à la croix mission, à Fort-de-France, près de la place José Marti, porte qui ouvre le parc culturel Aimé Césaire, à la Martinique. Certains et même beaucoup découvrent son origine.

Comment vivre cette époque d’importantes interrogations quand ces récits historiques semblent encore d’actualité mais qu’aucun autre n’est apparu pour les faire évoluer ?

L’actuel conflit provoqué par la porte du Tricentenaire qui marque les 300 ans de la colonisation française, est une bonne occasion de s’interroger et de provoquer le débat. Cette porte devrait évoluer vers un Mémorial dédié aux luttes d’émancipation de la Martinique. Il s’agit de la nécessaire poursuite de notre reconquête identitaire et de l’importance de notre imagerie déjà initiée par le Père de la Négritude. Cette évolution s’inscrit inévitablement dans l’Histoire et doit se faire dans les meilleurs délais.

Ce site culturel fondamental dont je rappelle que le nom initial était le Parc Galliéni- Joseph Galliéni responsable du massacre de Menalamba qui eut pour conséquence de maintenir l’esclavage à Madagascar – rebaptisé par Aimé Césaire Parc Floral, puis de nouveau, Parc Culturel Aimé Césaire, a su accueillir au coeur de la ville, et selon la volonté d’Aimé Césaire, les éléments de la culture afin de les mettre à la portée de tous les Martiniquais.

Faire que ceux qui n’avaient pas les moyens de se rassembler autour de la culture martiniquaise, ceux qui n’avaient pas les moyens d’étudier la musique, la danse, les arts, l’artisanat, puissent, au Parc Culturel, s’initier, étudier, se perfectionner dans ces arts autrefois réservés à une élite. C’est au Parc Culturel que pour la première fois, à Fort-de-France, résonna le son du tambour, descendant des mornes de Sainte-Marie, par le biais de Ti-Emile. C’est là que se formèrent beaucoup d’artistes, de peintres, de musiciens, d’artisans d’art, qui aujourd’hui sont reconnus et admirés pour leur talent.

Tous passèrent par cette porte du Tricentenaire. Tous admirèrent ce pied de nez provoquant l’Histoire coloniale, ce défi réalisé par Khokho René-Corail, voulu par Aimé Césaire qui avait une grande admiration pour cet artiste exceptionnel. La fresque de Khokho René-Corail, qui marque et grave dans la pierre le génocide des Amérindiens, face à la place José Marti considéré à Cuba comme un héros national, grand martyr et apôtre de la lutte pour l’indépendance, donne tout son sens à l’évolution de l’Histoire coloniale vers l’émancipation.

C’est pourquoi, aujourd’hui, nous devons poursuivre cette évolution, construire au lieu de détruire.

Cette porte du Tricentenaire gagnerait à évoluer concrètement vers un Mémorial, exprimant les luttes anti-coloniales et l’imagerie de résistance symbolisée par le rouge vert et noir qui trouveraient pleinement leur place aujourd’hui sur notre territoire.

Le vrai defi , c’est construire dans la paix l’avenir de la Martinique

Fort-de-France, le 31 juillet 2020
Serge LETCHIMY »

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