, Paul Altidor, a analysé, sur Magik 9, jeudi 6 février 2025, les conséquences du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche sur Haïti.
Par Jean Junior Celestin
lenouvelliste.com
L’ancien ambassadeur d’Haïti à Washington, Paul Altidor, a analysé, sur Magik 9, jeudi 6 février 2025, les conséquences du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche sur Haïti. Selon lui, l’arrivée de Trump ne fait qu’accélérer des mutations déjà en cours dans la société américaine, avec des répercussions directes sur les relations haïtiano-américaines.
« Ces mutations ont des impacts réels sur la société américaine et peuvent avoir des conséquences importantes sur la société haïtienne », a jugé M. Altidor.
À l’émission Panel Magik, Paul Altidor a insisté sur la nécessité d’une redéfinition de ces relations, soulignant que la dépendance d’Haïti vis-à-vis des États-Unis atteint un niveau critique. « Le pays a une dépendance à la limite totale vis-à-vis des États-Unis. Avec les mutations en cours dans ce pays, c’est une opportunité pour commencer à changer la donne », a-t-il déclaré. Il appelle ainsi les décideurs haïtiens à réfléchir stratégiquement et à agir en fonction des intérêts nationaux.
Le diplomate a rappelé que le retour de Trump à la présidence n’est pas un accident politique, mais plutôt le reflet d’un changement structurel dans la société américaine. Selon lui, les idéaux de Trump sont portés par une majorité de l’électorat américain, ce qui indique une transformation en profondeur des dynamiques internes aux États-Unis.
« Le retour de Trump est le symbole de changements profonds dans la société américaine, qui impactent le reste du monde, notamment Haïti », a expliqué l’ancien ambassadeur d’Haïti à Washington pendant sept ans.
Pour M. Altidor, Haïti doit sortir de son statut d’observateur passif et prendre une part active dans la gestion de ses relations avec Washington. Il estime que les Haïtiens ont trop souvent adopté une posture de spectateurs face aux décisions américaines qui affectent directement leur pays. « Avec le retour de Trump au pouvoir, nous ne pouvons plus être des observateurs dans notre propre jeu, nous avons l’obligation d’être des acteurs », a-t-il martelé.
Un appel à une diplomatie forte et stratégique
Un des points centraux de l’intervention de Paul Altidor concerne la diplomatie haïtienne, qu’il juge inefficace et trop souvent instrumentalisée à de simples fins de politiques internes. « Plus que la diplomatie haïtienne, c’est le comportement haïtien vis-à-vis des États-Unis qui mérite d’être changé », a-t-il déclaré, déplorant que la politique étrangère d’Haïti ne soit pas axée sur le développement national, mais plutôt sur des rivalités politiques locales.
Altidor plaide ainsi pour une réduction de la dépendance d’Haïti vis-à-vis des États-Unis, notamment en diversifiant ses partenariats internationaux et en renforçant sa souveraineté économique et politique. Il appelle, par ailleurs, à une refonte des négociations diplomatiques pour que les discussions sur des dossiers clés, comme le renouvellement de la loi HOPE/HELP, soient menées avec une vision d’État et non comme de simples transactions diplomatiques.
« Il est impératif d’avoir une conversation au plus haut niveau entre les autorités haïtiennes et les autorités américaines », a-t-il réitéré, tout en exprimant des doutes quant à la capacité des missions haïtiennes aux USA à mener ces discussions efficacement.
« Mieux vaut avoir une mauvaise politique vis-à-vis des États-Unis que de ne pas en avoir », croit Paul Altidor, appelant les acteurs étatiques haïtiens à cesser de se servir de la diplomatie haïtienne comme instrument politique. « Une fois que la diplomatie sert à des fins politiques, cela met en péril tout le monde », a averti M. Altidor.
Les sujets de discussion avec les États-Unis, dont le renouvellement de la loi Hope/Help, doivent être soulevés comme des sujets d’État, a exhorté Paul Altidor. « Les acteurs étatiques, de concert avec les acteurs de la classe économiques, doivent parler d’une seule et même voix pour alimenter un discours vis-à-vis des Américains et définir ensemble une stratégie commune », a indiqué M. Altidor au micro de Roberson Alphonse.