Quelles que soient les mesures prises pour atténuer la crise climatique, les conséquences dévastatrices du réchauffement vont devenir concrètes avant 2050, préviennent les scientifiques dans un nouveau projet de rapport.
Après plusieurs mois de sécheresse, le lac Sun Moon, dans le centre de Taïwan, est asséché, le 23 avril 2021. (NANTOU COUNTY GOVERNMENT / AP)
Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces… La vie sur Terre telle que nous la connaissons sera inéluctablement transformée par le dérèglement climatique d’ici à trente ans au plus tard, alertent des centaines de scientifiques rattachés au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU. Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les effets dévastateurs du réchauffement climatique sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer, assurent-ils dans un pré-rapport que l’AFP a pu consulter.
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“La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes”, note le résumé technique de 137 pages. “L’humanité ne le peut pas”, regrette le groupe. Les scientifiques auteurs de ce pré-rapport oscillent entre un ton apocalyptique et l’espoir offert aux hommes de changer leur destin par des mesures immédiates et drastiques.
La prochaine génération directement touchée
Parmi les conclusions les plus importantes de ce pré-rapport figure un abaissement du seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable. En signant l’accord de Paris en 2015, le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à +2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5 °C. Le Giec estime désormais que dépasser +1,5 °C pourrait déjà entraîner “progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles”. Et selon l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de +1,5 °C sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de 40%.
“Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre”, martèle le Giec, alors que la prise de conscience sur la crise climatique n’a jamais été aussi étendue. En 2050, des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacés par des phénomènes de submersion plus fréquents, provoqués par la hausse du niveau de la mer, qui entraînera à son tour des migrations importantes.
“Des documents de travail confidentiels”, réagit le Giec
Le pré-rapport d’évaluation de 4 000 pages, bien plus alarmiste que le précédent de 2014, a pour vocation d’éclairer les décisions politiques. Même si ses principales conclusions ne changeront pas, il ne sera officiellement publié qu’en février 2022, après son approbation par consensus par les 195 Etats membres. Il sera alors trop tard pour les cruciales réunions internationales sur le climat et la biodiversité prévues fin 2021, notent certains scientifiques.
Le Giec, dans un communiqué publié mercredi (en anglais), souligne que ce pré-rapport était uniquement destiné “aux gouvernements et aux examinateurs en tant que documents de travail confidentiels” et qu’il n’avait donc pas vocation à être publié. “Pour ces raisons, le Giec ne commente pas le contenu des projets de rapports tant que les travaux sont encore en cours”, ajoute l’instance