Le phénomène  d’engloutissement des métropoles est de plus en plus important. San Francisco qui s’enfonce sous son poids, Jakarta qui fait face à la montée des eaux, aux risques sismiques et à la surpopulation, Téhéran qui pompe les eaux souterraines… D’ici 20 ans, 19 % de la population mondiale sera concernée par l’affaissement des sols. Si la situation est dramatique, certaines villes comme Tokyo et Shangaï ont réussi à limiter la casse.

Avec un poids de 1 600 milliards de kilos, San Francisco pèse sur la coque extérieure de la Terre, qui commence à s’affaisser
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1 600 milliards de kilogrammes. C’est le poids de la masse urbaine de la ville de San Francisco. L’équivalent de sept millions de Boeing 747, compare le journal local San Francisco Chronicle et ce, sans compter les ponts, les routes, ou la circulation. Un poids considérable qui fait pression sur la lithosphère, la coque extérieure de la Terre, qui commence à s’affaisser. Dans une nouvelle étude, Tom Parsons, géophysicien de l’United States Geological Survey estime que depuis 1860, la ville s’est enfoncée de 80 millimètres. Si cela parait peu, l’affaissement est inégal selon les endroits. Certains bâtiments de la baie de San Francisco seraient littéralement en train de couler. Et le phénomène devrait empirer dans les années à venir.

“D’ici 2050, 70 % de la population de la Terre vivra dans les villes. Les biens et les besoins des populations croissantes concentrent leur masse sur des zones relativement petites”, écrit Tom Parsons. Ainsi, en 1860, San Francisco ne comptait que 114 000 habitants, aujourd’hui la ville californienne en abrite plus de sept millions. Si l’urbanisation est un réel problème, il n’est pas le seul à participer à l’affaissement des métropoles. La sécheresse, le réchauffement climatique, le pompage excessif des aquifères… plusieurs facteurs entrent en jeu.

Près de 20 % de la population mondiale touchée

La situation est telle d’ici 2040, 19 % de la population mondiale sera concernée par l’affaissement des sols soit 635 millions de personnes, calculent, dans une étude publiée en janvier dans la revue Science, les chercheurs de l’Institut géologique et minier d’Espagne. “Au cours des prochaines décennies, la population mondiale et la croissance économique continueront d’augmenter, ainsi que la demande d’eau souterraine et logiquement son épuisement, exacerbé par les sécheresses. Cela augmentera probablement la fréquence d’affaissement des terres”, écrivent-ils.

Sans surprise, Venise est particulièrement touchée avec un enfoncement de 0,8 à 10 mm par an. À Téhéran, en Iran, c’est pire. La ville s’enfonce de cinq centimètres avec des zones dont le niveau baisserait même de 25 centimètres annuellement ! “Quand vous marchez dans ces zones, vous voyez dans les rues des surfaces irrégulières, des bordures décalées, des fissures dans les murs et même des bâtiments penchés dont certains ont dû être démolis”, rapportait en 2018 dans Nature Mahdi Motagh, spécialiste du centre de recherche allemand en géosciences GFZ de Potsdam. En cause, l’accroissement de la population, l’extraction de l’eau, les sécheresses ou encore la construction de barrages. Du côté du Nigeria, la situation n’est pas meilleure.

Les villes côtières particulièrement touchées

Lagos, capitale économique du pays, fait partie d’une des villes les plus à risques concernant la montée des eaux. Construite au niveau de la mer, elle en fait déjà les frais aujourd’hui. Un phénomène aggravé par les tonnes de sables draguées au fond de la mer pour construire les bâtiments. À ce rythme, d’ici 2050, elle pourrait avoir été complètement submergée. Les villes côtières sont en effet particulièrement touchées. Une étude parue en mars dans Nature Climate Change estime que ces dernières connaissent une montée du niveau de la mer jusqu’à quatre fois plus rapide que la moyenne mondiale. L’ampleur du problème est telle qu’en Indonésie par exemple, le Président a décidé de déplacer la capitale, Jakarta.

Certains quartiers de la capitale en sursis se sont déjà enfoncés de 2,5 mètres par an. Les experts estiment que d’ici 30 ans, 95 % du nord de Jarkarta sera submergé. La surpopulation, les embouteillages monstres, les risques sismiques, mais surtout les tsunamis et les inondations qui se multiplient à cause du réchauffement climatique… sont autant de facteurs explicatifs. Si le président Joko Widodo a choisi de déplacer la capitale de l’île de Java à l’île Bornéo, les chercheurs appellent à ne pas baisser les bras car des leviers existent. Tokyo ou Shangai ont par exemple pris des mesures pour limiter le pompage des eaux souterraines et ont ainsi considérablement atténué l’affaissement des terres.

Marina Fabre, @fabre_marina

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