Le président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy, a publié une vidéo ce 17 avril 2025 pour faire le point sur ses trois ans et demi à la tête de la collectivité. Un exercice de transparence, dans lequel il revient sur les moments forts de son mandat, les difficultés traversées et les chantiers en cours. Dans les jours à venir, nous publierons une interview exclusive pour apporter des précisions sur certains sujets.
Dès les premières secondes de son intervention, Serge Letchimy donne le ton.
« …nou an mitan chimen-an ! »,
dit-il avec une pointe d’émotion, marquant à la fois le chemin parcouru et l’effort collectif fourni depuis juin 2021.
Il commence par remercier la population pour la confiance accordée et rappelle que cette période n’a pas été de tout repos. Trois événements ont marqué ces premières années :
- la sortie de la crise du Covid,
- une cyberattaque majeure contre les services de la CTM,
- et plusieurs mobilisations sociales.
Des épreuves lourdes, mais qui n’ont pas empêché, selon lui, l’action et les avancées.
Parmi les premières urgences, il a fallu réorganiser la collectivité, qui compte environ 6 000 agents. Un gros travail a été mené pour mettre en place un nouvel organigramme, améliorer les chaînes de commande et de paiement, et surtout, permettre aux agents de mieux travailler ensemble. Il insiste : si l’administration ne fonctionne pas bien, c’est toute la population qui en subit les conséquences.
Sur le plan financier, le président évoque une situation tendue à son arrivée, avec plus de 220 millions d’euros d’impayés. La priorité a été de stabiliser les comptes et de maintenir une gestion responsable, malgré les contraintes budgétaires nationales.
Il cite aussi plusieurs actions concrètes menées dans différents domaines. Sur l’eau, par exemple, il évoque les efforts pour améliorer l’alimentation de certains quartiers, comme à Séguineau, où 100 000 personnes ont pu bénéficier de meilleures conditions. Concernant les sargasses, un groupement d’intérêt public a été mis en place pour coordonner la gestion du phénomène, de plus en plus présent sur les côtes. Sur le foncier, la création d’un autre GIP a permis de traiter près de 600 dossiers d’indivision en un an, un vrai frein levé pour de nombreuses familles.
Serge Letchimy revient aussi sur le soutien aux jeunes : gratuité des manuels scolaires, distribution d’ordinateurs, relance des travaux du conservatoire de musique… Autant d’initiatives pour renforcer l’accès à l’éducation et à la culture. Il souligne aussi les efforts pour éviter la perte de près de 300 millions d’euros de fonds européens, qui étaient mal engagés à son arrivée.
La question de la sécurité est aussi abordée. Il alerte sur l’importance du trafic de drogue en Martinique et annonce avoir signé un contrat avec l’État pour mieux lutter contre la délinquance. Parallèlement, il met en avant le programme “Migration retour”, qui a permis à 600 personnes – soit 230 familles – de revenir s’installer sur l’île, et rappelle les efforts faits pour développer l’autonomie alimentaire avec l’installation d’une trentaine de jeunes agriculteurs.
Il n’oublie pas les plus fragiles. Il parle du besoin d’une plus grande solidarité envers les personnes âgées, les étudiants et les personnes en situation de handicap. Il souhaite que les bourses soient versées à temps et que les aides sociales soient plus efficaces.
« Ce n’est pas normal qu’on leur donne leurs bourses en cours d’année »,
déclare-t-il, visiblement agacé par ces retards qui touchent des jeunes déjà en difficulté.
Enfin, il insiste sur l’importance de maintenir la stabilité politique au sein des institutions. Il se félicite de la bonne entente avec l’Assemblée, dirigée par Lucien Saliber, et souligne que le respect de l’opposition a été maintenu, même si les débats sont parfois vifs. Il conclut en rappelant que la vie chère reste un sujet central, sur lequel il dit avoir travaillé en 2024, avec des propositions concrètes qui devraient bientôt être mises en œuvre.
« On a des propositions extrêmement concrètes à mettre en œuvre pour la reprise »,
a-t-il affirmé.