Imaginez un monde où le ciel s’assombrit, où les vents hurlent avec une fureur inouïe, où la mer monte comme une bête furieuse et où un enfant s’effondre à genoux, terrifié. Ce n’est pas une scène de film d’horreur, mais la triste réalité de ce à quoi nous sommes confrontés dans les Caraïbes en raison des conséquences dévastatrices du changement climatique.
Lyston Skerritt, spécialiste du développement des adolescents au bureau de l’UNICEF dans les Caraïbes orientales, s’est souvenu de cette histoire marquante, racontée par un jeune défenseur de Saint-Vincent lors d’une récente réunion du conseil d’administration de l’UNICEF. Ses mots ont exprimé une réalité de plus en plus familière dans la région.
Les Caraïbes, a souligné Skerritt, comptent parmi les régions du monde les plus exposées aux risques. Selon l’UNICEF, neuf enfants sur dix dans la région sont exposés à au moins deux chocs climatiques et environnementaux. En Amérique latine et dans les Caraïbes, plus de 1 500 catastrophes ont frappé ces deux dernières décennies, touchant plus de 190 millions de personnes. Parmi celles-ci, 83 % étaient liées au climat.
C’est dans ce contexte que l’Initiative pour la sécurité des écoles des Caraïbes (CSSI) intensifie ses efforts pour rendre les écoles de la région plus résilientes, non seulement pour résister aux catastrophes naturelles, mais aussi pour stimuler les changements politiques et systémiques qui garantissent des environnements d’apprentissage plus sûrs.
« Il s’agit de protéger des vies, certes », a déclaré Edward dans son discours d’ouverture, « mais aussi de préserver le capital humain, d’assurer l’équité sociale et de favoriser la résilience économique. » Il a souligné que l’impact du CSSI doit être collectif, se répercuter dans toute la Caraïbe plutôt que de fonctionner en vase clos.
Les organisateurs du forum ont promis d’utiliser ce forum de deux jours pour examiner les progrès réalisés dans la feuille de route de la sécurité scolaire de la région, engager un dialogue sur la violence en milieu scolaire, discuter de l’importance des infrastructures résilientes et explorer les moyens de mieux intégrer les systèmes d’alerte précoce multirisques dans les systèmes éducatifs.
Edward a exprimé ses attentes avec franchise. Trop souvent, a-t-il dit, les forums se concluent sur un ton optimiste, mais l’élan s’essouffle dans les mois qui suivent. « Je veux m’assurer que les discussions soient réalisables », a-t-il déclaré.
Il a souligné l’urgence de la situation en évoquant les difficultés post-pandémiques. « La Banque mondiale estime que les pertes d’apprentissage dues à la pandémie de COVID-19 pourraient coûter aux écoliers d’aujourd’hui jusqu’à 17 000 milliards de dollars de revenus tout au long de leur vie si aucune action collective n’est entreprise. »
Saskia Carusi, chef adjointe du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) – Bureau régional pour les Amériques et les Caraïbes, a ajouté un autre élément à la conversation : les infrastructures.

Selon elle, les évaluations régionales prévoient des pertes annuelles d’environ 58 milliards de dollars US en raison des dommages aux infrastructures. L’ouragan Beryl a causé à lui seul 6,7 millions de dollars de dégâts aux écoles de la Grenade.
Pourtant, a-t-elle souligné, seule une petite fraction des budgets nationaux de la région s’attaque aux vulnérabilités des écoles face aux catastrophes. « Il faut également tenir compte du fait que les budgets sont axés sur la réponse et le relèvement, et moins sur la prévention », a expliqué Carusi. « Comme le montre notre rapport, une très faible part du budget national est consacrée à la réduction des risques de catastrophe, et de ce faible montant, 73 % sont consacrés à la réponse et à la reconstruction. Seuls 6 % sont investis dans la prévention et 16 % dans la réduction des risques existants. »
Plus inquiétant encore : seulement 13 % des gouvernements allouent systématiquement des fonds suffisants à l’entretien courant des bâtiments et des sites scolaires. Moins de 12 % déclarent disposer d’un financement systémique pour la modernisation des infrastructures scolaires, alors que 75 % reconnaissent les dommages fréquents causés par les vents violents et les tremblements de terre.
C’est ce déficit de financement que la région doit combler de toute urgence, a déclaré Carusi