Alors que les usagers des transports en commun des quatre communes du Centre sont bloqués, les négociations entre les salariés exerçant un droit de retrait et leur direction sont toujours à l’arrêt. Les différentes directions craignent un durcissement du conflit.

Près de 50% des lignes de bus sont impactées, le TCSP a d’ailleurs été bloqué le 21 Mai. David Bernard, pré- sident de la SETRAC, est venu apporter des précisions sur l’ampleur du conflit et expliquer pourquoi cela dure depuis presque un mois : “On parle de la SETRAC, SETRAC n’exploite que 10 lignes sur le réseau, il y a environ 25 à 30 lignes impactées qui appartiennent à d’autres sociétés de transport. SETRAC, c’est 10 lignes sur les 30 impactées […] toutes les entreprises qui ont repris les anciens salariés de la CFTU sont impactées,” précise- t-il.

“Je vais me battre pour finir avec ça, même si je suis seul”

David Bernard en est convaincu : Ce droit de retrait est clairement abusif. “Ce n’est pas un droit de retrait, le salarié doit être en mesure de dire : “Je ne travaille pas parce que je suis menacé par un danger pouvant toucher mon intégrité physique et/ou morale. Ils ont arrêté de travailler le 27 Avril, en prétextant un incident sur un bus qui s’est déroulé 3 jours avant. Ce bus n’est d’ailleurs même plus sur le réseau”. “Il y a des revendications sur les plannings, ce genre de chose, je veux bien entendre , mais ça ne repose pas du tout sur un droit de retrait” rajoute- t-il. Le droit de retrait est d’autant plus abusif que le bus en question n’est même plus en circulation : “On ne parle que d’un seul bus, le 270, qui a eu un souci de freinage, l’employé a été pris en charge, et a eu un autre bus pour finir la journée. D’ailleurs ce salarié n’est pas mobilisé, et le bus est en atelier”. Une réunion a été organisée le 20 Mai afin de sortir de ce conflit qui pénalise les usagers de transport en commun. Des propositions ont été faites aux salariés : l’entreprise paie une semaine à sa charge, et pour les deux semaines suivantes, les salariés peuvent convertir une partie en congé, le reste devant être des retenues étalées sur plusieurs mois, pour ne pas trop impacter leur salaire mensuel. Cette proposition n’a pas été acceptée, selon David Bernard : “Ils n’ont pas accepté, car ils ne font aucune concession ! Ils sont partis et sont allés bloquer le TCSP. Ces personnes veulent être payées pour les jours non travaillés. Nous avons également envoyé des courriers à titre individuel en rappelant les textes de loi et pour avoir des explications sur les journées d’absence. Nous n’avons eu aucune réponse. Donc j’ai indiqué que sans justificatif, vous serez en absence de travail et donc pas payés […] Je ne peux dilapider de l’argent public alors que depuis 4 semaines, les usagers sont en galère . Martinique Transport a fait des efforts pour répondre aux revendications sur la rotation, le temps de travail. Ces revendications ont été acceptées et nous leur avons tout donné.”

Le Syndicat Sud-Solidaire mis en cause.

Selon David Bernard, cette mobilisation émane de décisions d’un groupe syndical précis : Sud Solidaire. Les pratiques et les méthodes du syndicat ne sont pas conventionnelles : “La problématique vient sur les lots où le personnel est toujours affilié au syndicat Sud Solidaire, le même syndicat qui a “foutu la merde” à la CFTU pendant 20 ans. Dans toutes les sociétés de transport, il y a des salariés affiliés à d’autres syndicats qui ne sont pas solidaires de ce mouvement. Aujourd’hui, c’est une tentative de reprise du contrôle pour pouvoir imposer leur point de vue”. “Ces gens ne discutent pas avec vous, ils prennent la population en otage pour faire entendre les revendications, c’est du rapport de force”.

David Bernard justifie ces propos avec l’exemple du blocage du réseau de bus de Schœlcher le 21 Mai : “Les bus de Schœlcher ont été arrêtés, car les bus sont domiciliés au centre technique, là ou se trouvent ces personnes. Ils menacent les conducteurs. Nous ne sommes pas en mesure d’assurer la sécurité des salariés, donc nous avons interrompu le service. On travaille partout sur l’île.”

Bernard précise aussi que le syndicat a du mal à se faire entendre, car l’ensemble des revendications ne sont pas partagées par le personnel. Une proposition a été faite par la direction : L’entreprise paie une semaine à sa charge, et pour les deux semaines suivantes, les salariés peuvent convertir une partie en congés et le reste doit être des retenues étalées sur plusieurs mois pour ne pas impacter leur salaire mensuel. Cette propostion n’a pas été acceptée : “Ils n’ont pas accepté, car ils ne font aucune concession ! Ils sont partis et sont allés bloquer le TCSP”.

Aucune action en justice n’est possible

Dans un cas de droit de retrait des salariés, un chef d’entre- prise ne peut demander à un juge d’apprécier la légitimité du droit de retrait. “Le droit n’autorise pas un chef d’entreprise à saisir le tribunal pour se prononcer sur un droit de retrait. Le chef d’entreprise doit clarifier la situation, et ce sont les salariés qui doivent aller devant la juridiction compétente faire valoir ce droit” affirme D. Bernard. Et pour justement clarifier cette situation, le patron de la SETRAC a décidé de ne pas payer les salariés. “Après de nombreux efforts d’investissement de notre société, mais aussi des politiques, on ne peut pas accepter aujourd’hui qu’une minorité de personnes affiliées à ce syndicat, entravent le transport. […]Nous avons pris la décision de ne pas accepter ce droit de retrait et de ne pas payer les employés, charge à eux d’aller devant les tribunaux pour faire valoir leurs droits. Si le tribunal me condamne à les payer, ils seront payés, mais si le juge reconnaît que ce droit de retrait est abusif, je ne vais payer personne. C’est comme ça que la loi fonctionne. Si je pouvais saisir le tribunal, c’est la première chose que j’aurais fait pour apprécier ce droit de retrait. Si nous voulons appliquer la loi, ce droit de retrait devait être dit par le conducteur (du bus défectueux). Quels sont les motifs des autres salariés ? Le bus était déjà sorti du réseau bien avant le droit de retrait”.

Lors d’une rencontre cette proposition de la direction de la Setrac a été rejetée par les syndicats, qui ont décidé depuis de bloquer tout le réseau.

Par ailleurs, la ville de Schelcher a décidé de saisir le tribunal pour l’absence de transport sur son territoire. Martinique Transport est mise en cause.

Cette période électorale est-elle pour certains dl’occasion de mettre en avant leurs intérêts catégoriels et personnels au détriment de l’intérêt général ?

 

JPM pour Justice. 

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