Cet article est basé sur ce que nous avons compris et déduit de l’article original en anglais “Trump wants to shrink the State Department’s size, reach and focus” publié par Politico le 27 février 2025. Que vous trouverez en bas d’article ou ICI
Le président Donald Trump engage une transformation radicale du Département d’État américain. Son objectif ? Réduire drastiquement le nombre de diplomates, fermer plusieurs ambassades et recentrer la diplomatie américaine sur des intérêts immédiats, quitte à sacrifier les missions de promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Une telle approche inquiète de nombreux experts, qui redoutent un affaiblissement du rayonnement américain face à la montée en puissance de la Chine.
Une diplomatie plus pragmatique mais moins ambitieuse
Derrière cette réforme se cache une vision plus transactionnelle des relations internationales. L’administration Trump, soutenue par Elon Musk et ses partisans, veut concentrer les efforts du Département d’État sur des accords bilatéraux concrets, la sécurité nationale et la promotion des investissements étrangers aux États-Unis. Les bureaux consacrés à la diplomatie d’influence, comme ceux oeuvrant à la défense des droits de l’homme ou au financement de la recherche scientifique, sont en passe d’être supprimés ou considérablement réduits.
Ces changements marquent une rupture avec des décennies de diplomatie américaine, qui visait à renforcer l’influence des États-Unis à travers le monde via des initiatives allant de la cybersécurité à l’aide humanitaire en passant par le développement éducatif.
Soutiens et critiques : un débat vif
Pour les partisans de cette refonte, il s’agit d’une nécessaire optimisation. Le sénateur James Risch (R-Idaho), président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, affirme que “des changements substantiels sont indispensables pour réduire une bureaucratie fédérale devenue ingérable”.
Mais d’autres estiment que cette restructuration affaiblira à long terme la position américaine dans le monde. Tom Shannon, ancien haut fonctionnaire du Département d’État, met en garde contre un retour à une diplomatie d’avant la Seconde Guerre mondiale, marquée par une influence réduite et un manque de présence américaine à l’étranger.
Une sélection drastique des ambassades
Bien que le nombre exact d’ambassades concernées ne soit pas encore connu, Marco Rubio, nouveau Secrétaire d’État, soutient une réduction significative. Le Département d’État a sollicité l’avis du Pentagone, de la CIA, du Département de la Justice et d’autres agences pour établir une liste hiérarchisant l’importance des ambassades américaines. Chaque représentation diplomatique se voit attribuer une note entre 0 et 10, en fonction de son impact stratégique et du budget consacré à son maintien.
Des documents obtenus par Politico révèlent que plusieurs consulats européens, notamment en France (Rennes, Lyon, Strasbourg, Bordeaux) et en Allemagne (Düsseldorf, Leipzig, Hambourg), pourraient fermer leurs portes. Si ces suppressions sont confirmées, cela signifierait un regroupement des missions diplomatiques, avec des ambassades couvrant plusieurs pays, comme c’est déjà le cas pour certaines représentations en Caraïbes.
Des réductions de personnel inévitables
La réforme ne s’arrête pas aux infrastructures. Le personnel diplomatique sera réduit d’au moins 20 %, et certaines ambassades ont déjà reçu l’ordre de préparer des données pour anticiper les licenciements. Les embauches sont gelées et les concours du Foreign Service, qui permettent de recruter de nouveaux diplomates, ont été suspendus.
Deux tiers des employés du Département d’État étant des recrutements locaux, ces personnels seront les premiers touchés, mais les fonctionnaires américains ne seront pas épargnés. Rubio devrait prochainement annoncer le licenciement de plusieurs centaines d’agents en période d’essai.
Vers une diplomatie minimaliste
Derriere ces coupes budgétaires, l’idée directrice de Trump est de recentrer la diplomatie américaine sur les priorités économiques et de sécurité. Ainsi, la division chargée des affaires consulaires, responsable des passeports et visas, restera intacte, tout comme le bureau des affaires économiques, qui s’inscrit dans la vision pragmatique du président.
En revanche, les initiatives liées à la protection de l’environnement, à la promotion de la démocratie et aux politiques migratoires sont menacées. Les défenseurs des programmes d’aide au développement et de stabilisation des conflits redoutent des coupes drastiques qui laisseraient le champ libre à d’autres puissances, notamment la Chine.
Si cette restructuration va jusqu’au bout, la diplomatie américaine pourrait se transformer en une machine ultra-sélective, concentrée sur les enjeux immédiats au détriment d’une stratégie d’influence à long terme. Une prise de risque qui pourrait redessiner l’équilibre géopolitique mondial.
https://www.politico.com/news/2025/02/27/trump-state-department-cuts-00206494