Longtemps négligé, le virus d’Oropouche circule à grande vitesse dans des régions propices à sa diffusion. Avec le changement climatique, sa zone de risque pourrait s’étendre bien au-delà du bassin amazonien.
– Repéré sur SciTechDaily
Décrit pour la première fois en 1955 à Trinité-et-Tobago, le virus d’Oropouche tire son nom du fleuve traversant la région. Il est transmis principalement par une sorte de diptère hématophage appelé cératopogonidé. Initialement limité au bassin amazonien, il s’est depuis propagé à de nombreux pays d’Amérique latine, dont le Brésil, la Colombie, le Pérou ou encore la Bolivie, explique le magazine SciTechDaily. Sa propagation est facilitée par des conditions climatiques favorables, notamment les fortes pluies et les températures élevées et constantes.
Pendant de nombreuses années, la maladie est restée sous-diagnostiquée, ses symptômes étant facilement confondus avec ceux de la dengue ou du virus Zika: fièvre, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires, frissons, nausées, vomissements et parfois éruptions cutanées. Si la plupart des patients guérissent, des formes plus sévères ont été observées. Ces dernières provoquent des infections du cerveau telles que des méningites.
Depuis fin 2023, les infections signalées en Amérique latine et dans les Caraïbes ont dépassé les 20.000 cas, sans que l’on comprenne pourquoi. Deux décès ont été rapportés chez des femmes jeunes et en bonne santé, et plusieurs cas d’infection pendant la grossesse semblent avoir provoqué des fausses couches ou des malformations chez des bébés à naître.
Le virus d’Oropouche est transmis par des insectes qui prospèrent dans des conditions chaudes et humides. Les chercheurs ont d’ailleurs constaté que les épidémies étaient plus fréquentes en périodes de fortes pluies et de températures élevées, notamment pendant le phénomène El Niño, ce climat favorisant la multiplication des moucherons vecteurs de la maladie.
Le réchauffement climatique responsable?
« Dans certaines régions, au moins une personne sur dix a déjà été infectée par le virus d’Oropouche rappelle Jan Félix Drexler, directeur du laboratoire d’épidémiologie virale à l’Institut de Virologie de l’Hôpital de la Charité de Berlin. Je pense qu’il est possible que le virus d’Oropouche se répande de plus en plus à l’avenir à cause des changements dus au dérèglement climatique».
Les chercheurs ont utilisé des modèles d’apprentissage automatique pour prédire les zones à risque, identifiant l’Amazonie comme le principal foyer potentiel, mais notant aussi un risque croissant dans les Caraïbes, en Amérique centrale et dans certaines parties du Brésil.
Les moustiquaires classiques ne suffisent pas, les cératopogonidés étant assez petits pour passer au travers. «Pour se protéger du virus d’Oropouche, ainsi que d’autres virus tropicaux comme la dengue et le virus Zika, il est conseillé de porter des vêtements longs et d’utiliser un insectifuge, comme le DEET ou l’icaridine», conclut Drexler
La prudence est particulièrement recommandée pour les femmes enceintes et les chercheurs conseillent de consulter un médecin avant tout voyage dans les zones à risque.
Face à la progression rapide du virus d’Oropouche, il est nécessaire d’intensifier la surveillance, d’améliorer le diagnostic différentiel avec les autres maladies et d’accélérer la recherche sur un éventuel vaccin. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons éviter une nouvelle crise sanitaire.