YLM, tout le monde le connaît, publie de nombreuses tribunes, la plupart du temps très pertinentes, sur les questions du Statut ou de la vie politique du Pays. classé à droite, ses analyses sont toujours très appréciées des lecteurs ou internautes. La décision d’Ange Lavenaire “d’abandonner” Claude Lise pour prétendre à la candidature aux Sénatoriales, a été tout de suite accommpagnée d’un texte très “dur” de YLM. Ce texte a été publié dès qu’il l’ envoyé aux média, par le site “Politques Publiques”. Mais Antilla qui savait déjà que nous donnerions la parole à Ange Lavenaire a refusé de le sortir sur notre Blog, avant la parution de notre journal papier, dans lequel le maire du Marigot s’explique longuement…

Ceci ayant été fait, voici donc la critique de YLM…

Sénatoriales : Ange Lavenaire a-t-il changé de bonnet ?
En dehors du désir annoncé du maire du Marigot de combler l’insuffisance de représentation du Nord au Sénat, le principal argument qu’il avance pour justifier sa candidature tient au fait qu’il n’y aurait aucune importance politique à passer du chapeau du RDMIM à celui du PPM and co. Il vient donc de reconnaître, à sa manière, que tout le combat qu’il a mené auprès de Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne n’était que de la poudre aux yeux et qu’entre le 74, qu’il défendait sabre au clair, et le 73 mâtiné de 3ème voie qu’il combattait becs et ongles, c’était blanc bonnet et bonnet blanc. Il n’aurait donc aucun scrupule à changer de bonnet. Seuls la Martinique et les Martiniquais auront fait les frais de ce petit jeu politicien. Mais on sait qu’ils ne se plaignent jamais.
Cette réalité n’avait pas échappé à l’analyse s’il est vrai qu’entre les projets défendus par les deux camps au lendemain du 24 janvier 2010, il n’y avait que des différences d’ordre subalterne qui n’ont jamais su vraiment cacher une affaire de vie ou de mort politique. A cet égard, la montée au créneau du RDMIM pour empêcher à Serge Letchimy, une fois élu, de faire des emprunts au projet de l’article 74 était pathétique et pitoyable. Voilà des leaders politiques qui avaient tout mis en œuvre pour réaliser une politique, à leurs yeux, indispensable pour la Martinique et qui, tout à coup, dénonçaient avec la plus grande fermeté la mise en place des éléments de cette politique par celui que les urnes leur avait préféré. Au nom du respect de l’électeur : pauvre électeur !
La défection d’Ange Lavenaire atteste bien que la part essentielle qu’il a prise dans le débat institutionnel n’était portée par aucune conviction réelle. Par ailleurs, en homme politique avisé, il ne pouvait pas croire que sa candidature en lieu et place de celle de Claude Lise pouvait mieux résister à l’assaut des hommes de Letchimy. Mener son camp à l’échec certain et abattre son leader au motif que des promesses non tenues ont pu lui être faites dans des circonstances fastes, parfaitement différentes de celles d’aujourd’hui, atteste bien que le RDM meurt de ce qu’elle a toujours été : une somme d’ambitions personnelles confiées à un leader. Depuis que celui-ci a cessé d’être en situation on n’a plus que le souci de lui tirer le tapis de sous les pieds ; on le jette après s’en être servi ou pour n’avoir pas su suffisamment donner.
Or si la politique a un sens, il s’agirait aujourd’hui pour le maire du Marigot de résister à ce que tous nomment, dans son RDM et au-delà, l’hégémonie du PPM, mais qui serait en réalité la domination d’un homme et d’un seul. D’ailleurs, les protestations des dirigeants du parti de Trénelle et de nombreux militants nostalgiques contre l’accusation d’hégémonie passent à côté du sujet. C’est bien la disparition pure et simple du parti que devraient craindre ceux qui voient rouge lorsqu’on parle de néo-PPM. En cherchant à nier l’avènement d’un nouveau PPM, ils pourraient ne pas voir venir la fin du PPM, tout simplement. En effet, le paléo-PPM pourrait tout simplement avoir disparu avec ses rites, ses pompes et ses œuvres. Un élu très proche du Président et très féru de l’histoire et de la vie du PPM, ne dit pas autre chose en confiant que son parti pourrait disparaître d’un moment à l’autre avec cette histoire d’ouverture tous azimuts. Le tardif militant Edouard de Lépine, néanmoins cacique du parti et ex-confident de Césaire, n’est pas loin de dire la même chose lorsqu’il se plaint, sans jamais attaquer son président, que le PPM ne fonctionne plus selon ses statuts et l’esprit du père fondateur, et qu’il est de toute évidence de plus en plus hors jeu.
On se rappelle que malgré l’emprise d’Alfred Marie-Jeanne sur le mouvement dont il est le maître incontesté, le MIM au pouvoir pouvait faire illusion à travers les grand-messes qu’affectionnait tant la presse. Tel n’est pas le cas pour le PPM qui paraît entrer en confidentialité pour laisser la voie libre à son tout-puissant président. Contrairement aux apparences, ce n’est pas le PPM qui « hégémonise » mais le bi-président Letchimy qui étend sa toile d’araignée. Ce dernier le fait à sa manière, non sans talent, en faisant le dos rond aux bruits qui chuintent au sein du parti qu’il a reçu en héritage.   A n’en pas douter, nanti de son réseau de vieux sénateur, et avec de possibles grands électeurs PPM déçus des choix de leur Président (au Marin ou à Ste Luce, par exemple), Claude Lise pouvait encore déjouer les pronostics de victoire totale du clan Letchimy.
Qui ne voit que la défection d’Ange Lavenaire ne peut que faire battre l’ennemi juré de Serge Letchimy, faciliter l’élection de Serge Larcher et de Maurice Antiste et surtout combler le vœu du Président. Si ce dernier n’a pas encouragé lui-même la candidature de l’actuel suppléant de Claude Lise au Sénat (on n’y mettrait pas la main au feu), il ne devrait pas se plaindre de ce qui ressemble à une offre de service avec retour d’ascenseur attendu. En obtenant que le PPM renonce aux clés de la ville de Schoelcher, le président a coupé le sifflet à l’un des plus brillants éléments du parti. De même, Serge Letchimy pourrait bien demander au PPM de ne plus ennuyer le maire du Marigot aux futures municipales.
Le parti de Césaire se contentera-t-il d’être un parti aux ordres ? Si je ne me trompe pas, même le moratoire avait fait débat, il avait été voté à une voix de majorité : Pierre Aliker avait voté contre. Qui parle de débat aujourd’hui au sein du PPM ? Enfin, on peut tout de même relever, en ces temps de toutes les méfiances à l’égard de la France, la foire d’empoigne de « progressistes » de toutes les chapelles pour siéger dans l’assemblée dite la plus « archaïque » de France.
Yves-Léopold Monthieux, le14 août 2011

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