Le 10 avril dernier se déroulait au Robert la première manche du Challenge des yoles Rondes de la Martinique. Deux courses  traditionnelles (à deux voiles et à la misaine) y étaient âprement disputées. Une journée rude, et riche en rebondissements, qui sonnait le lancement de la saison pour les 18 yoles de la flottille version 2011. Retour sur actions.

 

« Nous avons eu une première course avec des conditions atmosphériques très dures au départ. Puis le vent est complètement tombé. Là, il a fallu godiller ferme…

Ensuite à la misaine, nous avons eu beaucoup de vent. Il a fallu tenir les voiles…

Donc aujourd’hui, sur les deux courses, l’ensemble de la flottille a eu des conditions de reprise un peu exceptionnelles qui leur ont permis de passer leurs troupes en revue et de voir leur état de forme, aussi bien physique que technique. Dans l’ensemble, nous pouvons dire que nous aurons dans l’avenir de très belles régates, car la lutte a été serrée. Il y a eu des rebondissements. Certaines yoles ont énormément progressé. Il y aura des enseignements qui vont être tirés à partir de cette journée, pour pouvoir améliorer les autres compétitions. Brasserie Lorraine a gagné la course à deux voiles. C’est vrai qu’ils étaient bien partis pour faire un doublé, mais en course de yoles, rien n’est joué tant qu’on n’a pas franchi la ligne d’arrivée…

Le classement est totalement bouleversé.

Le vainqueur à la misaine est Joseph Cottrell/Leader Mat. Et la yole qui prend la tête du classement est Rosette/Orange.

C’est de bon augure pour le début de saison. Brasserie en tête du Mapipi, Rosette en tête du challenge ; deux vainqueurs, deux dates. Cela prouve que les cartes vont être distribuées tout au long de la saison, pour notre plus grand bonheur. »

Et c’est un fait qu’Alain Dédé, le président de la Société des Yoles Rondes de la Martinique, semblait sincèrement ravi de cette première journée du Challenge consacrée à l’une des 4 courses « Prix des associations », ayant lieu dans l’année*. Il est vrai que, dès 10 h ce matin-là, horaire du lancement de la première régate, celle à deux voiles, le suspens était déjà au rendez-vous. Pour le plus grand bonheur des uns, et le plus grand malheur des autres…

 

«Nous avons eu 16 embarcations au départ. Il y a eu deux absences : la yole Madinina du Marin et la yole du Vauclin GFA Caraïbes/Digicel. Au départ il y a eu un manque de vent. Ce qui fait que les yoles qui étaient les mieux voilées (environ 80/90m2 en comptant la voile à la misaine et la petite voile de devant) ont pu tirer leur épingle du jeu : UFR/Chanflor et Brasserie Lorraine. Elles sont donc parties en tête de course. Elles ont creusé l’écart à la première bouée. En virant la seconde bouée, alors qu’elle était en tête, UFR/Siapoc, à la suite d’une fausse manœuvre, a coulé. Ce qui a fait l’affaire de la yole Brasserie Lorraine qui, à ce moment, a pris la tête et ne l’a plus quittée jusqu’à l’arrivée. La course a duré près de deux heures (1h55mn), par manque de vent. Ce parcours  se serait fait beaucoup plus rapidement si nous avions eu le vent que nous avons en ce moment pour la course à la misaine…»

Laurent Ursulet est attentif à chaque mouvement des différentes embarcations en compétition. Et c’est normal pour quelqu’un qui a la double casquette de vice-président de la société des yoles rondes et de responsable de communication de la même instance. Alors que le bateau bondit sur les vagues pour aller au plus vite (sans gêner la course…) rejoindre la première bouée, entre deux notes griffonnées sur son petit calepin ; il nous donne quelques précisions :

« La seconde course est une course à la misaine (à une voile). Une plus grande voile est mise sur les yoles de façon à aller un peu plus vite. Nous avons un renforcement du vent (qui est certainement en ce moment de force 4 ; alors que, pour la première course, il était de force 2, 3 maximum).

Nous sommes en ce moment près de la première bouée à virer qui se trouve à hauteur de ce que l’on appelle « la guillotine » au milieu de la baie du Robert du côté de l’îlet « Petite Martinique » ».

La yole Brasserie Lorraine/Leader Mat vire la première bouée en tête et on croit un instant à un doublé de sa part comme la semaine dernière lors de la Pagaie des Mapipis au François. Mais à un moment elle ralentit, stagne même, et même si elle ne coule pas, Laurent Ursulet murmure : « elle doit avoir un problème, ce n’est vraiment pas normal… »

Bonne analyse (voir interview Johan Jacqua). Elle terminera néanmoins à la quatrième place. Ce jour-là, et pour cette seconde régate, trois yoles n’auront pas cette chance, terminer. Tiboug Energie, La Rose, et Cap 110, malgré la combativité de leurs équipages, victimes de soucis de mat et d’avaries, retourneront sur le rivage bien avant la fin de l’événement.

Annick de Vassoigne.

 

*Ces régates sont co-financées par les différentes associations de yoleurs et par la société des yoles rondes de la Martinique.

 

Les 5 premiers de

la régate à deux voiles

 

1/ Brasserie Lorraine/Snacks Elyzé

2/ Rosette/Orange

3/ Mutuelles de Mare-Gaillard

4/ Dr Roots/Zapetti

5/ Joseph Cottrell/Leader Mat

 

Les 3 premiers du classement général

après la première journée du Challenge

 

1/Rosette/Orange : 54 points

2/BrasserieLorraine/Snacks Elyzé : 52 points

3/Joseph Cottrell/Leader Mat : 51 points.

 

Les 5 premiers de la régate

à la misaine

 

1/ Joseph Cottrell/Leader Mat

2/ Rosette/Orange

3/Dr Roots/Zapetti

4/ Brasserie Lorraine/Snacks Elyzé

5/ UFR/Chanflor

 

Interview Jacques Amalir “Acco”, patron de la yole

franciscaine Rosette/Orange, Leader du classement général

« Attaquer, travailler pour prendre de l’avance

au Championnat… »

 

« Les années précédentes nous avions démarré le championnat très difficilement : nous avions eu des dessalages, et donc, de mauvais classements… Cette année, on part très bien. Nous sommes motivés et ce résultat est bon pour le moral, car Brasserie avait déjà pris de bonnes options à la Pagaie des Mapipis et au Challenge. Je pense qu’avec ça, cela va calmer un peu les choses…

Il faut dire qu’on a joué un peu de chance : au départ nous n’étions pas devant et nous avons eu un grain qui nous a ramené. Cela nous a avantagé. Deux fois deuxième c’est pas mal, mais il y a des aléas ; et le résultat de ce jour ne veut pas forcément dire que le 1er mai, nous allons gagner. Mais ce qui est sûr c’est que l’on va encore attaquer, travailler ; afin, d’au moins, essayer de prendre de l’avance au championnat. Il faut dire qu’il n’y a pas beaucoup de courses ; et continuer à prendre de l’avance va nous servir pour la fin du championnat.

Nos objectifs sont clairs : faire un bon challenge et se préparer pour le Tour. »

 

Interview Guy-Albert Romer, patron de la yole franciscaine Joseph Cottrell/Leader Mat, vainqueur de la course à la misaine

« Notre but c’est le Tour »

 

« Nous n’avons pas gagné la première course, car notre yole n’est pas réglée pour fonctionner de façon optimum avec deux voiles. C’est pour cette raison que nous sommes arrivés en cinquième position… Et vous voyez qu’à la misaine, on gagne puisqu’elle a été réglée pour la course à une seule voile, dans l’objectif du Tour. Car notre but c’est le Tour. C’est ce qui nous intéresse. Et toutes les courses qui le précèdent nous servent de préparation. Et, pour le moment, toutes les conditions sont rassemblées afin que nous puissions bien le préparer. »

 

Données pour les néophytes : différences (et difficultés) des courses à deux voiles et à la misaine par Laurent Ursulet vice-président de la société des yoles rondes

 

Les courses à deux voiles et celles à la misaine se font sur la même yole.

Il y a plusieurs cavités au sein de l’embarcation :  la petite voile se « porte » dans une d’entre elles, la grande voile dans une autre située au milieu de l’embarcation (Tote mitan). En ce qui concerne la voile à la misaine, il y a un deuxième trou placé à l’avant de la yole qui va permettre de « mater » la grande voile.  Ceci dit, il existe quand même, entre elles, des différences notables. Dans le cadre des courses à deux voiles, l’embarcation a davantage de surface de voile. Elle est également plus chargée : l’équipage augmente et peut atteindre le nombre de 18 coursiers.

L’espace est aussi plus restreint pour les yoleurs : un grand nombre de manœuvres doivent se faire et il faut rester très vigilant afin qu’il n’y ait pas, entre autres, d’avaries. Chacun doit rester à son poste et il faut respecter les consignes ; et il faut faire toutes les manœuvres de virement de bord, de dressage.

 

« L’exercice de la  course à deux voiles :

plus de coursiers et plus de vigilance »

 

On va trouver, par exemple, devant avec la petite voile un homme (le Contrepoitier) qui aura notamment la tâche de donner les instructions (en ce qui concerne les bouées) à son patron. Et également sur les « arrivées » devant : c’est lui qui va signaler les rafales qui arrivent afin que les coursiers s’apprêtent déjà à faire l’effort qu’il faut pour contrebalancer.

Donc d’une manière générale c’est un peu plus facile à la misaine de faire les manœuvres, car on va se retrouver parfois avec 10, 12 équipiers. 14 à la rigueur ; quand il y a une très grande voile et qu’il y a beaucoup de vent.

Pour l’exercice de la course à la misaine, la grande voile sera plus importante, car les coursiers vont pouvoir assumer plus facilement une grande voile ; que les deux voiles…

La yole peut être matée à deux voiles. Le gommier, non.

Les courses à deux voiles sont très populaires. Leurs adeptes disent qu’il est beaucoup plus agréable de voir évoluer les yoles dans ces « habits » que dans ceux des courses à la misaine.

Et si ce sont les courses à la misaine qui ont été retenues pour le tour des yoles c’est qu’il « était très difficile, presque impossible de réaliser un tour de la Martinique complet avec deux voiles. A Grand-Rivière, par exemple… »

Propos recueillis par Annick de Vassoigne.

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