L’Etat est sur le front contre la chlordécone. C’est ce que le préfet a assuré lors d’une conférence de presse, ce vendredi dans les locaux de la préfecture. Entouré de l’ARS, du directeur de la mer, de la directrice du projet et de la DAAF, le représentant de l’Etat a expliqué la stratégie de lutte contre la pollution à la chlordécone menée par l’Etat.
« Nous avons un devoir de transparence sur le sujet de la chlordécone à l’égard de tous les acteurs », a affirmé le préfet, Etienne Desplanques, lors du point presse donné à l’issue de la réunion du Copil de la stratégie de lutte contre la pollution à la chlordécone. Il a ainsi expliqué la stratégie chlordécone fondée sur cinq piliers. Le premier consiste à tendre vers le zéro chlordécone dans l’alimentation ce qui amène à une analyse gratuite des sols et à faire des plans de contrôle sur la traçabilité des aliments. Puis vient la protection de la santé avec la chlordéconémie gratuite. Il cite également la prise en charge des impacts à travers le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides créé en 2020. Il s’agit aussi de partager et améliorer les connaissances via la recherche. Le dernier axe est de communiquer auprès de la population.

Sur la période 2023-2027, la stratégie chlordécone représente 130 millions d’euros. « Je tiens à dire la totale détermination de services de l’Etat d’avancer sur cette stratégie au même titre que la vie chère et que la sécurité. C’est un devoir de l’Etat. » Une proposition de loi reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans l’utilisation de la chlordécone a été votée par le Sénat le 12 juin. Etienne Desplanques précise que sera lancée dans les semaines à venir, une mission interministérielle pour définir les modalités d’indemnisation des victimes non professionnelles.
Un appel à projets à succès : 48 dossiers déposés
L’Etat et l’ARS ont lancé un appel à projets à l’attention du monde associatif. « Nous avons connu un succès qui n’était pas attendu. » 48 projets ont été déposés sur des sujets tels qu’un jardin partagé, des projets scolaires ou encore des actions en lien avec le sport. « Nous espérons dans les prochaines semaines pouvoir arbitrer et commencer à financer les premiers projets », confie le préfet.
Depuis plusieurs années, l’action la plus emblématique qui s’est inscrite dans le territoire est la mesure du dosage de chlordécone, la chlordéconémie. En trois ans, ce sont 38 000 chlordéconémies qui ont été réalisées. Le directeur de l’ARS, Yves Servant indique qu’environ 15% des personnes qui ont passé ce test témoignaient de taux supérieur à la normale.
« Alors que la dangerosité de ce pesticide est connue depuis 1969, il n’a été interdit qu’en 1990 mais a pu être commercialisé pendant deux années supplémentaires. L’ensemble de l’environnement aux Antilles (terre, eau, rivières, mer, poissons, cheptels, fruits, légumes) est contaminé. Cette pollution massive et durable concerne en premier lieu la santé des populations. Selon une étude réalisée en 2018 par Santé publique France, 92% des Martiniquais et 95% des Guadeloupéens sont contaminés au chlordécone. Près de 77% des 12 700 travailleurs de la banane aux Antilles ont été possiblement exposés au chlordécone. La présence de ce pesticide a été détectée dans le sang maternel de 9 femmes sur 10 », explique l’Etat sur le site de Vie publique.
Laurianne Nomel