Plus de 150 ans après la fin de l’esclavage aux États-Unis, des afro-descendants en subiraient encore des séquelles physiques et psychologiques.

PAR AHMED KOUAOU

PUBLIÉ LE 19 JUIN 2020

S’appuyant sur les progrès de l’épigénétique qui a démontré la transmission transgénérationnelle des traumatismes psychologiques, de plus en plus de voix soutiennent que certaines conditions dont se plaignent des afro-descendants, notamment aux États-Unis, sont un legs de leurs ancêtres esclaves.

Aimé Charles-Nicolas a été à l’origine d’un des premiers colloques francophones sur le sujet, en 2016, en Martinique. Ce professeur émérite en psychiatrie et en addictologie a également écrit un livre sur le même thème, L’esclavage : quel impact sur la psychologie des populations?

Ayant déjà travaillé sur le psychotraumatisme, il dit s’être souvent interrogé sur les stigmates que pouvait avoir l’esclavage sur les populations noires actuelles. Sa curiosité était nourrie par quelques lectures, dont celle sur la persistance du traumatisme psychologique chez les descendants de l’Holocauste, qui a fait l’objet d’études américaines notamment.

« Quand l’épigénétique a démontré qu’il y avait une transmission transgénérationnelle du traumatisme psychologique, quand on a démontré qu’il y avait sur l’ADN une modification chimique en relation directe avec le traumatisme psychologique, je me suis dit qu’il y a une transmission intergénérationnelle du traumatisme psychologique de l’esclavage », affirme celui qui est rédacteur en chef de la revue scientifique Annales médico-psychologiques.

Ariane Giacobino, médecin et généticienne

Ariane Giacobino, médecin et généticienne PHOTO : ARIANE GIACOBINO

« Les recherches des dernières années en épigénétique ont permis d’observer qu’au-delà de la séquence de l’ADN, du code générique, il y a des modifications chimiques qui peuvent faire marcher le gène avec plus ou moins d’intensité », explique Ariane Giacobino, médecin généticienne aux Hôpitaux universitaires de Genève.

« Ces modifications d’intensité, poursuit-elle, sont liées non pas directement à l’héritage, mais aussi aux changements environnementaux. Et c’est en mesurant ces changements environnementaux chez les personnes exposées ou non à différents types de traumatismes qu’on s’est rendu compte que leurs gènes fonctionnaient différemment et que ce fonctionnement différent donnait lieu à des symptômes ou à des maladies. »

Qu’est-ce que l’épigénétique?

Si la génétique s’intéresse à l’étude des gènes, l’épigénétique, sa sœur relativement jeune, s’intéresse aux effets de l’environnement, dans son sens le plus large, sur l’expression des gènes. C’est en somme l’ensemble des mécanismes de régulation des gènes de notre patrimoine génétique.

Le gène est un segment de l’ADN responsable de la manifestation et de la transmission des caractères héréditaires. Il est possible qu’un gène demeure silencieux et ne s’exprime pas, dépendamment de la régulation épigénétique. Ce qui explique qu’une information portée par un gène peut être lue, alors qu’une autre peut rester silencieuse.

« Le gène peut subir des changements, des mutations, qui donnent lieu à des maladies qui sont transmises dans tous les cas à travers les générations. Ce sont les caractères héréditaires qui sont codés comme ça. L’épigénétique, ce sont les changements qui se mettent par-dessus le génome et qui viennent simplement, comme un commutateur d’intensité, changer non pas la séquence ADN, mais la manière dont le gène fonctionne », détaille Dre Giacobino.

Elle aime illustrer tout cela avec l’exemple d’une partition musicale: « la partition correspond au code génétique, et la manière avec laquelle la partition est jouée, l’intensité de la musique, la manière dont l’orchestre interprète cette musique, tout cela c’est l’épigénétique ».

Des séquelles de l’Holocauste, de la guerre, de la famine…

Des recherches, qui ont porté aussi bien sur l’homme que sur l’animal, ont clairement montré que « ces changements épigénétiques pouvaient traverser plusieurs générations », souligne Dre Giacobino, ajoutant que cela relève « de l’exception plutôt que de la règle ». « Habituellement, il y a un nettoyage qui se fait entre les générations, mais on s’est rendu compte que ce nettoyage pouvait poser problème et que des marques excessivement fortes pouvaient traverser des générations. »

Cette transmission épigénétique des traumatismes a été prouvée « chez les survivants de l’Holocauste, les personnes qui ont survécu à la guerre, la famine en Hollande à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, etc. Il y a maintenant plusieurs centaines d’études qui montrent qu’on peut utiliser cette technique pour trouver des marques épigénétiques. »

C’est comme si la personne qui reçoit cette marque [épigénétique] avait une vulnérabilité, quelque chose avec elle qui la rend plus fragile à des maladies, à des développements de troubles psychiatriques, etc. C’est quand même un marquage qui fait des dégâts individuels.

Ariane Giacobino, médecin et généticienne

Ariane Giacobino précise toutefois qu’à sa connaissance, il n’existe pas d’étude qui a porté exclusivement sur la transmission des stigmates de l’esclavage. Cet exercice suppose de prélever non seulement l’ADN des descendants des esclaves, mais aussi celui de ces derniers, en exhumant leurs corps, en plus d’effectuer une comparaison avec des populations blanches vivant dans le même milieu. Autrement dit, il faut remonter la chaîne héréditaire longue d’environ 15 générations. Ce qui n’a pas été réalisé encore.

« C’est vrai que pour la maltraitance, ça a été démontré, c’est vrai pour les abus sexuels, c’est vrai pour la famine, c’est vrai pour le harcèlement. Tout cela a fait l’objet d’études scientifiques vraiment solides », soutient l’auteure de Peut-on se libérer de ses gènes? L’épigénétique.

« Tout cela a été démontré hors du contexte de l’esclavage, d’où l’extrapolation qu’on peut faire », car toutes ces souffrances ont fait partie du lot des esclaves, indique Mme Giacobino. « C’est la convergence de toutes ces études qui me fait penser qu’il devrait y avoir quelque chose » en lien avec l’asservissement des Noirs, « mais je n’ai jamais eu en main, ni d’autres scientifiques, de quoi tester ça ».

Des Haïtiens dans des rôles d’esclaves lors d’une cérémonie à Marchand, au nord de Port-au-Prince, marquant le 200e anniversaire de l'assassinat du premier dirigeant d'Haïti, Jean-Jacques Dessalines.

Des Haïtiens dans des rôles d’esclaves lors d’une cérémonie à Marchand, au nord de Port-au-Prince, marquant le 200e anniversaire de l’assassinat du premier dirigeant d’Haïti, Jean-Jacques Dessalines. PHOTO : AFP / THONY BELIZAIRE

Les marques épigénétiques, des preuves nécessaires?

Les esclaves ayant subi toutes ces maltraitances pendant au moins quatre siècles, il est donc permis de penser que les supplices et autres humiliations endurés sont susceptibles d’avoir une incidence épigénétique chez leur descendance.

Mais, nuance la généticienne, « pour ce qui est de l’esclavage, ça serait compliqué de démêler ce qui est lié à la transmission intergénérationnelle de ce qui est lié peut-être aux conditions de vie actuelles, au fait que les personnes sont victimes de racisme, vivent dans des conditions socio-économiques difficiles, et que ça, ça peut être des facteurs aggravants ou même qui sont responsables de marques épigénétiques ».

Ces réserves n’inquiètent pas outre mesure d’autres spécialistes de la question, dont l’Américaine Joy DeGruy, qui a théorisé ce qu’elle appelle le Post Traumatic Slave Syndrome (syndrome de l’esclavage post-traumatique).

Sa théorie suggère que des siècles d’esclavage suivis d’un racisme et d’une oppression systémiques ont donné lieu à des comportements multigénérationnels, dont certains ont été positifs et reflètent la résilience, et à d’autres, préjudiciables et destructeurs.

Même si elle convient que des marques épigénétiques sont bien présentes chez des personnes traumatisées de descendance afro-américaine, la Dre Giacobino note que la psychologue américaine « n’a pas pu faire un lien avec l’esclavage », parce qu’il aurait fallu remonter plusieurs générations, ce qui n’a pas été fait.

Qu’à cela ne tienne, le professeur émérite Charles-Nicolas rappelle que « les psychiatres ont documenté, ont prouvé depuis très longtemps la transmission transgénérationnelle des traumatismes. Pour des gens qui ont un symptôme d’angoisse, une anxiété généralisée ou une anxiété phobique, généralement avec une méthode de type psychanalytique, on retrouve un traumatisme très ancien qui a par exemple touché l’arrière-grand-mère et qui a été transmis à la mère, au père ».

Ce que prouve l’épigénétique, c’est qu’il y a une sorte de marques biologiques, de preuves, mais on n’a pas vraiment besoin de ces preuves. Je sais qu’il y a ces transmissions par des observations cliniques, psychiatriques et psychologiques.

Aimé Charles-Nicolas, professeur émérite en psychiatrie

L’humiliation et l’infériorisation en héritage

Les séquelles de l’esclavage, le psychiatre en voit beaucoup. Au moment où on parle de révolte des populations noires, il relève que « dans l’intimité des familles, c’est vraiment la peur qui régnait, la peur pour les enfants. C’est pour cela – c’est une conséquence psychologique de l’esclavage – qu’on enseigne aux enfants noirs la soumission aux policiers blancs. On leur enseigne de garder les mains en l’air, de ne pas bouger, de répondre poliment, etc. On leur enseigne une soumission. »

Aimé Charles-Nicolas

Aimé Charles-Nicolas, professeur émérite en psychiatrie et en addictologie PHOTO : AIMÉ CHARLES-NICOLAS

« Dans les milieux noirs post-esclavagistes, les familles noires ont tendance à élever leurs enfants de manière rigoureuse et cela est directement relié à l’esclavage. Parce que sur la plantation, il n’était pas question de regarder le maître dans les yeux, il fallait baisser la tête. »

« L’éducation a été davantage un dressage », assène-t-il, indiquant que, ce faisant, les parents noirs ont délaissé la dimension affective de l’enfant, qui est primordiale pour son épanouissement.

M. Charles-Nicolas estime que « l’infériorisation [des Noirs] a commencé avec l’esclavage et s’est poursuivie avec les lois Jim Crow », en référence à la législation ségrégationniste promulguée aux États-Unis entre 1876 et 1965. « Cette période a été dramatique. On disait aux Noirs: ”vous n’êtes plus esclaves officiellement, mais en réalité vous l’êtes. On vous met à part, on vous donne des toilettes à part, des places dans le bus à part, des restaurants à part”, etc. »

Il y a cette humiliation qui est au cœur même du système esclavagiste et qui a été transmise. Aujourd’hui, il y a une révolte parce qu’on se rend compte de cette humiliation répétitive qui a finalement imprégné le psychisme des Noirs et qui a aussi créé ce suprémacisme blanc américain.

Aimé Charles-Nicolas, professeur émérite en psychiatrie

Le professeur émérite croit par ailleurs que le manque de solidarité et, parfois, les guerres intestines dans certaines communautés noires sont hérités de la traite d’esclaves.

« Il y a eu un conflit de loyauté au cours de l’esclavage, rappelle-t-il, parce que c’étaient des Noirs qui fouettaient les esclaves marrons qui avaient tenté de s’évader et qui avaient été rattrapés par des chiens. On les fouettait, à la deuxième tentative, on leur coupait le jarret. Le Noir qui frappe et qui coupe le jarret de son semblable est très mal à l’aise. Tous ces sévices, ces pendaisons sont toujours réalisés en public, on demande aux autres esclaves d’y assister pour les intimider. »

Des esclaves enchaînés en compagnie de ce qui semble être un gardien noir

Des esclaves enchaînés pris en photo vers 1896 en compagnie de ce qui semble être un gardien noir PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/HULTON ARCHIVE

Ancienne professeure de psychologie à l’Université d’État d’Haïti (UEH), Judite Blanc poursuit actuellement ses travaux de recherche et d’enseignement à l’Université de New York dans le domaine de la santé de la population. Au chapelet de traumatismes égrenés par le psychiatre, elle en ajoute d’autres, dont celui de l’identité des Noirs.

La psychologue attribue le problème identitaire qu’éprouvent des afro-descendants, aussi bien dans son pays d’origine qu’aux États-Unis, aux conditions inhumaines dans lesquelles ont vécu leurs ancêtres. De là découle « le comportement suicidaire par rapport à nous-mêmes, la méfiance entre Haïtiens. […] On a du mal à penser le collectif, on s’entre-déchire ».

Elle signale aussi le phénomène d’hypersensibilité chez les Haïtiens et les Afro-Américains. « Après quatre siècles d’exposition à un environnement toxique, d’agression, de racisme, de matraquage, de destruction de la famille, il y a un impact sur le cerveau », dit-elle.

« Même si l’esclavage a été aboli, les structures coloniales, les structures racistes persistent non seulement en Haïti, mais aussi aux États-Unis », relève Mme Blanc.

Ce qui se passe en Haïti et dans les communautés afro-descendantes aux États-Unis, la pauvreté, les disparités dans les domaines de la santé, de l’éducation, c’est une conséquence directe de l’exposition aux traumas historiques de l’esclavage et de la colonisation.

Judite Blanc, psychologue et chercheuse

Hypertension, diabète et « pire » encore chez les femmes

Au-delà des traumatismes psychologiques, il y a les séquelles physiques, toutes aussi indélébiles et perceptibles chez les populations noires, aux États-Unis notamment.

Dans le cadre de ses recherches menées aux États-Unis, Judite Blanc affirme avoir remarqué que « sur le plan cardiovasculaire, les afro-descendants sont beaucoup plus à risque. Ils commencent à faire de l’hypertension très tôt, dans la trentaine, dans la quarantaine. Ils ont beaucoup de problèmes cardiovasculaires, de maladies métaboliques, comme l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète, il y a aussi quelques cancers ».

La chercheuse dit avoir constaté aussi que, « comparativement aux Blancs et à d’autres ethnies, les personnes d’ascendance africaine sont beaucoup plus à risque de souffrir de l’alzheimer ». De plus, « elles vivent moins longtemps que les Blancs, en moyenne six ans de moins, particulièrement les femmes ».

« À l’intersection du genre, de la classe et de la race », les femmes d’ascendance africaine sont dans « une pire situation » et subissent « un stress unique ». Elles sont « plus à risque de mourir après un accouchement, de donner naissance à des bébés prématurés, de mourir du cancer du sein », énumère la chercheuse.

Judite Blanc devant un micro

Judite Blanc, chercheure à l’Université de New York et ex-professeure de psychologie à l’Université d’État d’HaïtiPHOTO : SYMPOSIUM

Des maux et des chiffres

D’après une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies(Nouvelle fenêtre)

, qui agissent en matière de santé publique aux États-Unis, l’espérance de vie des Noirs américains (75,6 ans) est plus courte de quatre ans que celle des Blancs (79 ans).Même si elle observe une diminution de 25 % de leur taux de mortalité entre 1999 et 2015, l’étude souligne que les Afro-Américains âgés de 18 à 49 ans présentent deux fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiaque que les Blancs. De plus, les Noirs américains âgés de 35 à 64 ans sont 50 % plus susceptibles de souffrir d’hypertension que les Blancs.

D’autres recherches ont démontré que les Afro-Américains sont plus à risque d’être atteints de l’alzheimer, et ce, en raison du stress, de la pauvreté et du racisme qu’ils vivent. Une étude de l’Université du Wisconsin révèle qu’en termes de fonctions cérébrales, les Noirs américains perdent environ 4 années de leur vie, contre 1,5 année pour leurs compatriotes blancs.

Les inégalités en matière de santé aux États-Unis ont été mises à nu par la pandémie du coronavirus. Le taux d’infection a été trois fois plus élevé – celui de la mortalité, six fois supérieur – dans certaines localités à prédominance noire, selon deux enseignants(Nouvelle fenêtre)

de l’école de santé publique T.H. Chan de Harvard. La mort de George Floyd aux mains de policiers, écrivent-ils, est un rappel cinglant d’une réalité que nous ne connaissons que trop bien : le racisme est une crise de santé publique.

Entre l’autoréparation et la réparation financière

Comment faire face à un tel héritage aussi indésirable qu’encombrant? Le psychiatre Aimé Charles-Nicolas ne pense pas qu’il faille s’enfermer dans le ressentiment et prône l’autoréparation.

Pour ce faire, les afro-descendants devraient faire « un travail sur eux-mêmes pour qu’ils puissent se débarrasser de ce sentiment d’infériorité, qu’ils puissent s’identifier à des images de Noirs » qui ont réussi dans leur vie. « Il y a aussi l’éducation que les parents doivent pouvoir donner à leurs enfants qui serait moins coercitive, plus affectueuse et plus attentive à l’estime de soi », conseille le psychiatre.

S’il convient que les Noirs américains ont raison de demander réparation [financière], il prévient qu’« il ne faut surtout pas attendre que les suprémacistes blancs viennent à genoux pour demander pardon, sinon on attendra longtemps. Il faut s’autoréparer ».

M. Charles-Nicolas est convaincu que la reconnaissance publique du mal infligé aux esclaves et à leurs descendants ainsi que les manifestations pour dénoncer le racisme un peu partout dans le monde « ont un impact sur la réparation psychologique des Noirs ».

Il faut s’autoréparer en prenant conscience de l’intériorisation de l’infériorité qu’on a subie pendant si longtemps. Trouver quelque chose qui est de l’ordre de la fierté. Retrouver aussi une solidarité avec sa communauté.

Aimé Charles-Nicolas, professeur émérite en psychiatrie

Une marée bigarrée de manifestants portant le masque et des pancartes occupent toute l'image.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, samedi, à Washington pour une douzième journée de suite.PHOTO : REUTERS / JONATHAN ERNST

La généticienne Ariane Giacobino fait remarquer pour sa part que les traumatismes transmis d’une génération à une autre sont réversibles. Autrement dit, on peut y remédier ou, du moins, en diminuer l’intensité grâce à des interventions psychologiques et sociales.

De plus, « il y a des thérapies épigénétiques qui sont à l’étude » et auxquelles s’intéresse l’industrie pharmaceutique pour tenter de trouver « des médicaments qui puissent renverser ces marques ». Mais, précise-t-elle, « pour l’instant, ça n’existe que pour certains types de cancers ».

« Personne ne veut passer sa vie dans le ressentiment, la lutte et le stress », mais au-delà de l’autoréparation, « des efforts doivent venir de l’autre côté aussi », car il y a « une oppression qui continue, subtilement », souligne la psychologue Judite Blanc.

« Comment voulez-vous que ces jeunes Américains ne soient pas dans le ressentiment quand ils sont au bas de l’échelle et [font face] aux microagressions? », se demande celle qui insiste sur « le stress des minorités ». « Il faut qu’il y ait aussi quelque chose qui se mette en place sur le plan systémique, parce que le système est encore un système construit pour faire bénéficier les Blancs. »

Pour la chercheuse, « tous les Noirs, notamment les communautés de descendants de personnes esclavisées, devraient se mettre ensemble pour réclamer des réparations financières ». Il est temps de « donner un signal fort au monde. Les personnes d’ascendance africaine n’ont jamais reçu de réparation ».

Comme il y a une prise de conscience mondiale, une levée de boucliers pour dénoncer le racisme anti-noir, ma position est : je ne suis pas intéressée à participer à ces démonstrations si ce mouvement ne prend pas en compte les questions de la réparation pour l’esclavage.

Judite Blanc, psychologue et chercheuse

Même si la transmission épigénétique n’a pas fait l’objet d’une étude spécifique qui aurait démontré l’existence de marques, Ariane Giacobino soutient que « la reconnaissance de la souffrance ne devrait pas aller avec un marquage biologique, mais avec un témoignage de souffrance ».

La généticienne est d’avis que ce que les psychiatres disent observer cliniquement « devrait être suffisant » et qu’une éventuelle réparation « devrait être discutée sur la base de la souffrance des individus ».

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