L’Agence Française de Développement de Martinique a présenté le mercredi 15 décembre dernier une analyse de l’impact de la crise sanitaire sur les finances des communes en 2020.
Nicolas PICCHIOTTINO, Directeur de l’AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT à Fort-de- France , a présenté le deuxième numéro de l’Observatoire des Communes de Martinique.
Après une première édition consacrée à l’analyse financière des communes sous la précédente mandature (2014-2019) que nous avons analysée dans Justice sous le titre “ Rapport AFD : Les communes de Martinique asphyxiées au bord de la faillite” (n° 36 du 9/09/2021, n° 37 du 16/09/2021 et n° 38 du 23/09/2021), cette nouvelle édition est présentée comme ayant vocation principale d’évaluer l’impact de l’année 2020, première année de crise sanitaire, sur les finances publiques locales en Martinique.
Des économies de dépenses dues à la récession
Selon l’AFD, contrairement aux prévisions initiales, avec près d’un an de recul la crainte d’une dégradation significative de l’équilibre budgétaire des collectivités ne s’est pas matérialisée. L’AFD considère que nos collectivités auraient fait preuve d’une certaine “résilience quoique fragiles” aux effets de la crise sanimtaire. L’arrêt de certaines activités a compensé les surcoûts liés à la protection des populations et des agents économiques. La contraction attendue des recettes, et notamment de l’octroi de mer, s’est davantage traduite par un moindre dynamisme af- fectant des communes exposées à une chute des recettes fis- cales économiques telles que la taxe sur les carburants. Cela traduit à la fois notre forte dépendance à la consommation im- portée et le maintien du pouvoir d’achat et de l’emploi en raison des mesures de soutien de l’Etat et aussi de la CTM.
Et l’investissement en berne depuis 2014 ?
Donc en fin 2020 les communes martiniquaises “semblent présenter une relative amélioration de leur situation financière” juge
prudemment l’AFD. Les recettes de fonctionnement se maintiennent voire progressent. Les charges de personnel augmentent du fait des charges patronales (apurement des dettes ou augmentation ?), mais cela est compensé par la diminution des charges à caractère général en raison des périodes d’arrêt d’activité enregistrées en 2020. Les effets de ces variations, particulièrement sociaux, ne sont pas mesurés par l’AFD. L’investissement, grâce à un fort taux de subventionnement, se maintient au niveau de 2019, lequel était déjà en fort recul par rapport à 2014, reconnaît l’AFD.
L’endettement diminue, ce qui permet d’améliorer la capacité de désendettement (nombre d’années pour rembourser la
dette). Mais cela se traduit par un investissement insuffisant depuis plusieurs années. Quel impact sur l’économie et l’emploi ?
Une amélioration “conjoncturelle”
L’agence française de développement se rend compte que ces évolutions favorables (comptablement) sont “conjoncturelles”, mais ne traduisent pas “une tendance de fond à l’amélioration”. Vision lucide sans doute.
Pour l’Agence, les communes doivent poursuivre leurs efforts de redressement et de rationalisation de leurs dépenses alors que les besoins de développement du territoire sont forts. En clair, il faut en passer par la baisse de la masse salariale (sans baisse des effectifs ?) et la restauration d’une capacité d’autofinancement pérenne. Elle a été augmentée artificiellement en 2020 du fait de la baisse des dépenses due à la crise et à la récession ; une récession moindre qu’en France ou en Guadeloupe, entrainée par la crise sanitaire. Cela veut dire concrètement comprimer les dépenses et accroître les recettes. L’AFD indique qu’elle va accompagner les acteurs publics locaux avec chacun de ses outils pour améliorer leurs capacités financières car les exigences économiques et sociales du développement sont pressantes.
Nécessité d’une réponse forte du secteur public
Faisant allusion à la crise sociale actuelle du pays, l’AFD en tant qu’institution financière publique ne peut esquiver la né.. . cessité d’une “réponse forte du secteur public local en matière d’investissement et services rendus à la population”. Elle prévient toutefois que c’est “en complément des subventions de l’Europe, de l’Etat et de la CTM”. Ses aides sont principalement des prêts. De plus, les aides du dispositif COROM de l’Etat sont bien maigres. La Martinique a un urgent besoin d’une vraie relance-refondation au moyen de plus d’autonomie et de financements.
Michel Branchi
Dans un prochain article nous examinerons les données chifrelance.frées communiquées sur les communes pour l’exercice 2020 en matière d’impôts et taxes, de dotations et participations, de produits des services, de dépenses de personnel, de charges à caractère général, d’épargne bruite et nette, d’investissement, de subvention d’équipement, d’endettement, de fonds de rou- lement et de paiement des dettes, de recouvrement des créances, etc. Une situation financière de faillite, comme nous l’avions décrite à partir du bilan AFD 2014/2019 et qu’il convient de regarder en face au moment où on parle abondamment de relance.

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