Réunies à La Réunion, les régions ultrapériphériques de l’Union européenne (RUP) ont affiché leur ambition : renforcer leur poids politique à Bruxelles et mieux capter les financements européens face aux urgences climatiques, sociales et économiques.
Faire entendre la voix des territoires ultramarins
Pendant trois jours, les représentants des neuf RUP — dont la Martinique — ont participé à la 29e Conférence annuelle à La Réunion. Objectif : construire une stratégie commune pour peser davantage sur les décisions européennes.
« Ce n’est pas une simple réunion protocolaire », insiste Alexandre Ventadour, élu martiniquais et président de la commission Attractivité, développement économique, numérique et tourisme de la CTM, dans une interview accordée au quotidien local: « On débat, on négocie, on construit l’avenir de nos territoires. »
Les RUP regroupent six territoires français (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion, Saint-Martin), les Canaries (Espagne) ainsi que les Açores et Madère (Portugal). Tous partagent des défis similaires : insularité, chômage élevé, vulnérabilité climatique…
L’Europe, un partenaire indispensable
Pour Alexandre Ventadour, l’Union européenne est incontournable. Il cite notamment l’extension du Club Med en Martinique, cofinancée par des fonds européens, comme exemple de projets structurants rendus possibles grâce à l’UE.
Mais il appelle à aller plus loin : au-delà des fonds structurels classiques, des dispositifs comme Global Gateway (300 milliards d’euros) pourraient financer des projets de relocalisation ou de protection côtière face au changement climatique.
Mieux coopérer entre territoires
Au-delà des financements, Ventadour souligne l’importance de la coopération entre les RUP. Il évoque des mutualisations d’agences de développement, un chantier qu’il porte aussi à l’échelle nationale en tant que vice-président du CNER.
L’intelligence artificielle, enjeu clé pour l’avenir
Autre priorité pour la CTM : former les Martiniquais à l’intelligence artificielle. « Le monde de demain se divisera entre ceux qui sauront l’utiliser et ceux qui resteront à la traîne », affirme-t-il.
Il porte le projet Martinique 2048, une stratégie de long terme visant à transformer l’île à l’horizon du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage. Téléphérique urbain, modernisation du port, développement d’un écosystème numérique… L’ambition est affichée.
Déclin démographique : un obstacle aux financements
Problème majeur : la baisse de population en Martinique. Or, une partie des fonds européens est indexée sur la démographie. D’où l’urgence, selon Ventadour, de se tourner vers des appels à projets plus ciblés : santé, culture, environnement, sport…
Un front commun face aux défis climatiques
La présidence tournante de la Conférence, assurée cette année par Ary Chalus (Guadeloupe), pourrait renforcer l’unité du front ultramarin. « En cas de crise majeure, le président peut porter une voix commune à Bruxelles », souligne Ventadour.
Et les enjeux sont pressants : cyclones Beryl, Irma, Maria, et plus récemment Chido à Mayotte, rappellent la vulnérabilité extrême de ces territoires.
« Mais c’est justement parce que nous sommes en première ligne que nous devons devenir des territoires pilotes de la transition. Avec l’Europe à nos côtés. »