Stéphie Salpétrier, chargée de mission à Alé Viré :

A ce jour nous avons accompagné le retour de plus de 400 familles »

A l’occasion de la huitième édition des « apéro-afterwork » organisés par l’association Alé Viré – structure créée en 2019 à l’initiative de Catherine Conconne – nous avons échangé avec Stéphie Salpétrier, la dynamique chargée de mission de ladite association. Rencontre.

Stéphie Salpétrier, chargée de mission

Antilla : En quoi consistent vos fonctions de chargée de mission ?

Stéphie Salpétrier : Ma mission est d’accompagner toutes les personnes qui ont le projet de rentrer au pays, et de mettre en œuvre le plan d’actions défini par notre association et notamment son bureau.

Une fois que vous êtes contactée par des personnes désireuses de rentrer en Martinique, quel est le processus ?

Nous intervenons dès le stade de projet ; l’idée étant de leur donner envie via les postes et opportunités à pourvoir que nous indiquons. Et une fois que l’idée a émergé, la personne nous contacte et nous faisons une réunion pour qu’elle puisse être informée sur notre accompagnement. Et nous les accompagnons de A à Z : mise en relation avec des employeurs et des cabinets de recrutement, aide à la recherche de logement ; d’ailleurs nous avons lancé la ‘’Résidence du retour au pays’’ depuis un peu plus d’un an et je rappelle qu’il s’agit d’un logement de 126 m2, pouvant accueillir des personnes en colocation ou en logement entier. Il y a donc un turnover : depuis le lancement de ce logement nous sommes tout le temps ‘’bookés’’, avec un taux d’occupation de 100% (sourire) et nous sommes parmi les moins chers du marché, à partir de 14 euros la nuitée. Nous pouvons aussi accompagner les personnes désireuses de rentrer au niveau de leur déménagement – nous avons négocié des partenariats avec des agences de fret, et prochainement nous l’espérons avec des compagnies aériennes – nous intervenons également pour les démarches administratives, comme l’inscription des enfants à l’école, etc.

Les gens contactent Alé Viré via votre site internet et vos réseaux sociaux, c’est bien cela ?

Oui, via notre site internet www.alevire.com, via nos réseaux – Facebook, Instagram et LinkedIn – et par e-mails.

Combien de personnes composent l’équipe d’Alé Viré ?

Le bureau de l’association compte huit personnes et nous avons un peu plus d’une quarantaine de bénévoles, qui nous aident pour les événements, pour la gestion, etc.

Nous nous sommes rendus compte que chaque crise accélérait les projets de retour » 

Quelles ont été à ce jour les actions les plus marquantes menées par l’association ?

Alé Viré a été lancée à l’initiative de la sénatrice Catherine Conconne, pour mener une réflexion sur le sujet du dépeuplement de la Martinique. Et notre première action a été de lancer la plus grande enquête sur le retour au pays, afin d’identifier les freins et motivations quant à ce retour. Après avoir analysé cette enquête, nous avons donc défini un plan d’actions de vingt projets, que nous déclinons et dont ces apéro-afterwork font partie.

Ces freins et motivations sont-ils globalement les mêmes depuis 2019 ?

Oui car ce sont des sentiments et désirs très profonds. La principale motivation sera la famille, l’envie de voir ses enfants grandir en Martinique, se rapprocher de ses parents vieillissants, etc. Et le principal frein sera d’ordre professionnel. Cela pourrait changer dans l’avenir mais ça reste le cas parce que les opportunités manquent encore de visibilité. Le frein sera par exemple la peur de ne pas trouver un emploi à la hauteur de ses compétences ou de ne pas être assez bien payé.es : ce qui est doublement faux d’après notre enquête.

De quoi s’agit-il plus précisément ?

Nous avons fait une enquête en 2018 et l’avons relancée après la ‘’crise Covid’’, pour savoir si des choses avaient changé ou pas. Et nous avons constaté que les projets de retour connaissaient une accélération : de huit martiniquais sur dix vivant hors de Martinique et voulant rentrer au pays, nous sommes passés maintenant à neuf martiniquais sur dix. Nous nous sommes rendus compte que chaque crise – sociale, sanitaire, économique, russo-ukrainienne depuis quelques mois – accélérait les projets de retour en Martinique. Les gens se disent que c’est la crise de trop, donc commencent à se renseigner sur les opportunités, etc. Et se rapprochent d’Alé Viré (sourire).

A ce jour combien de martiniquais.es sont-ils/elles rentré.e.s au péyi via Alé Viré ?

A ce jour nous avons accompagné le retour de plus de 400 familles, ce qui représente plus d’un millier de personnes.

Et sur ces 400 familles, savez-vous combien de personnes sont reparties depuis ?

Pour le moment et selon les statistiques, zéro personne n’est repartie. Mais on sait, d’après notre étude, que parfois 14% du total des personnes repartent après un premier retour : en cas de décès dans la famille et dans la nécessité de reprendre l’entreprise familiale, quand les personnes revenues n’étaient pas assez préparées pour leur retour, etc.

Parmi nos projets les plus proches, nous ouvrirons la première Kay Alé Viré… » 

Y-a-t-il un « profil type », par exemple en termes de diplômes et de formations, des personnes qui reviennent via Alé Viré ?

Non, il y a tous types de profils : nous accompagnons des bouchers, des commerciaux, des professionnel.le.s de santé, d’ailleurs nous accompagnons en ce moment un médecin qui rentre pour intégrer les Urgences du CHUM, etc.

Quels sont les projets majeurs d’Alé Viré à court ou moyen terme ?

Parmi nos projets les plus proches, nous ouvrirons la première Kay Alé Viré. Ce sera un guichet unique d’information(s), d’orientation et d’accompagnement pour toute personne souhaitant rentrer en Martinique et/ou y rester. Ce sera un lieu physique, convivial et chaleureux, où l’on pourra venir discuter avec nous, participer à un afterwork comme ce soir, participer à un atelier, etc.

Quels sont les enjeux de ces afterwork ?

Certains continuent de dire que si on veut rentrer en Martinique mais qu’on n’a pas de filon, on ne va pas travailler. Nous avons donc décidé de lutter contre cette dynamique de filon en réalisant ce type d’événement de réseautage, organisé à chaque fois autour d’une thématique précise* et dans lequel une personne qui vient de rentrer mais qui ne connaît quasiment personne aux niveaux professionnel et social, peut rencontrer du monde : beaucoup de dirigeants de cabinets de recrutement et de chefs d’entreprise de divers secteurs d’activités sont d’ailleurs présents ce soir. L’idée est de permettre à tous les publics de se rencontrer autour d’un verre, dans un cadre chaleureux et convivial.

Propos recueillis par Mike Irasque

*La thématique de ce huitième apéro-afterwork concernait l’attractivité de la Martinique.

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