Christophe Laurent, directeur régional de la Banque des Territoires Antilles-Guyane :

Ces résultats restent à des niveaux historiquement élevés… »

Comptant parmi les directions de la « Caisse des Dépôts », la « Banque des Territoires » a récemment présenté les résultats 2022 de l’établissement financier. Mais encore ? Les précisions de Christophe Laurent, le directeur régional de la « Banque des Territoires » Antilles-Guyane. 

En compagnie de Roland Picot

Antilla : Qu’est-ce qui caractérise en premier lieu ces résultats 2022 ?

Christophe Laurent : Ils sont en léger recul par rapport à 2021 mais restent à des niveaux historiquement élevés : 4,2 milliards de résultats pour le Groupe Caisse des Dépôts ; on était à 4,6 milliards l’an dernier.

A quoi sont dus ces résultats « historiques » ?

Ils sont dus à plusieurs ‘’moteurs’’. A notre activité de gestion sur les marchés financiers, avec des opérateurs qui sont dans une logique d’investissements de long terme et avec beaucoup d’investissements sur les obligations indexées sur l’inflation, dont une partie du ‘’Livret A’’ – que nous collectons et qui est utilisé dans les prêts au logement social et aux collectivités – est investie sur les marchés financiers. Il y a aussi eu de gros effets comptables qui ont généré des plus-values, notamment notre prise de participation au capital de La Poste, qui est à 66% Caisse des Dépôts. Il y a donc eu ce premier moteur, comptable et financier. Le deuxième moteur est relatif aux filiales du Groupe Caisse des Dépôts, qui avaient un peu souffert durant la ‘’crise Covid’’ mais qui ont rebondi. Sur le flux ‘’La banque postale’’ et le flux ‘’numérique’’ par exemple, nous avons des moteurs de croissance et des relais. Et nos filiales ‘’infrastructures’’, liées aux enjeux de souveraineté notamment énergétique, fonctionnent bien. Nous avons aussi beaucoup investi dans les enjeux de souveraineté numérique : d’ailleurs nous avons pour objectif – avec La Poste, la Caisse des Dépôts, Dassault Systèmes et Bouygues Telecom – de créer le Cloud souverain français, qui respectera bien sûr la RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données). Et nous avons aussi des investissements dans la souveraineté financière, la souveraineté de nos marchés financiers. Il y a donc eu des opérations de marchés rentables, voire très rentables, et des opérations de la Banque des Territoires qui sont des rendements d’intérêt général, pour accompagner les projets territoriaux. J’ajoute que sur ces 4,2 milliards de résultats 2022, il y a 2,4 milliards qui partent au budget de l’Etat : nous contribuons donc positivement à ce budget. Le directeur général de la Caisse des Dépôts, Eric Lombard, a été renouvelé en début d’année ; il a été auditionné et unanimement validé par les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les députés et sénateurs sont sur le terrain, connaissent le travail de la Banque des Territoires, donc c’est aussi une affirmation de la réussite du projet d’Eric Lombard quand il est arrivé en fonctions en 2017.

 Cette accélération de l’appui aux collectivités est la traduction de notre travail en amont, notamment notre ingénierie » 

Le caractère positif de ces résultats rendra-t-il le positionnement de la Banque des Territoires encore plus volontariste concernant les projets relatifs à nos territoires ?

Les résultats positifs renforcent nos fonds propres, donc nos moyens d’investissement. L’an dernier la Caisse des Dépôts a prêté près de 14 milliards d’euros au national, et investi 2 milliards dans des sociétés. Aux Antilles-Guyane nous avons eu 179,4 millions d’euros de prêts en 2022. C’est un peu en recul par rapport à 2021, notamment sur le logement social avec moins de projets ; des projets devenus plus coûteux suite à la hausse des coûts de construction, des projets qui ont du mal à sortir ou qui prennent du retard. Mais je note le travail de nos équipes auprès des collectivités : c’est-à-dire 70 millions d’euros de prêts aux collectivités l’an dernier, alors que c’était de l’ordre de 20 millions les années précédentes. Cette accélération de l’appui aux collectivités est la traduction de notre travail en amont, notamment notre ingénierie pour aider les collectivités à monter les projets. Et l’argent que nous mettons en financement d’ingénierie est mis pour que les projets sortent, car les territoires en ont besoin. Tout ce que nous avons ‘’semé’’ les années précédentes commence donc à porter ses fruits, et cela se maintiendra en 2023 sur des tendances relativement fortes.

Quels secteurs ou domaines sont concernés par les projets de nos collectivités ?

Cela concerne les sujets relatifs aux déchets, à l’eau, au financement de routes, aux réhabilitations du parc administratif, scolaire, etc. Concernant les investissements en Martinique, nous accompagnons notamment Lakoudigital, nous avons renforcé nos fonds propres pour le Centre Commercial Cour Perrinon à Fort-de-France, etc. En Guadeloupe nous accompagnons des hôtels en termes de réhabilitation, rénovation, montée en gamme etc., avec des projets touristiques qui, j’espère, sortiront en 2023. Concernant les dépôts des notaires, on était environ à 47 milliards d’euros au niveau national en 2022, et à 713 millions d’euros aux Antilles-Guyane. Si on fait un peu de prospective, ça a plutôt tendance à baisser sur les premiers mois de 2023, donc s’il y a moins de dépôts c’est qu’il y a moins de signatures et de projets. J’ajoute enfin que nous continuons d’être très présents en financement de chef de projet(s) pour les programmes ‘’Action cœur de ville’’ et ‘’Petites villes de demain’’ ; programmes qui concernent plusieurs villes de Martinique, Guadeloupe et de Guyane.

Propos recueillis par Mike Irasque

 

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