Face à une résurgence alarmante du Mpox en Afrique, l’OMS déclenche son plus haut niveau d’alerte mondiale.
Les craintes de l’OMS semblent se confirmer. Après avoir actualisé sa liste de pathogènes dangereux il y a moins de 10 jours en y incluant, entre autres, la Mpox (ou variole du singe), l’agence passe à la vitesse supérieure. En Afrique, l’épidémie de Mpox se propage très rapidement. Une décision qui vise à mobiliser le maximum de ressources mondiales pour lutter contre la résurgence de cette maladie virale.
Une épidémie hors de contrôle en Afrique : alerte rouge
L’épidémie de mpox qui sévit actuellement en République démocratique du Congo (RDC) suscite une vive inquiétude au sein de l’OMS et des instances sanitaires internationales. Depuis le début de l’année, le nombre de cas a connu une progression fulgurante, affichant une hausse vertigineuse de 160 % comparativement à l’année précédente.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a exprimé sa profonde préoccupation lors d’une conférence de presse, déclarant : « Le potentiel de diffusion en Afrique et au-delà est très inquiétant ». Cette recrudescence alarmante s’explique en partie par l’émergence d’une variante du virus, se distinguant par une contagiosité et une létalité accrues. Le Nord-Kivu, région de l’est de la RDC, déjà rudement éprouvée par des conflits armés persistants, se trouve particulièrement affecté, aggravant ainsi une situation sanitaire déjà précaire.
Tous les membres du comité ayant participé à la réunion pour lancer l’alerte se sont accordés sur la pertinence de tirer la sonnette d’alarme. Le Mpox, dont la transmission s’opère principalement par contact physique rapproché, a muté et présente désormais des manifestations cliniques plus sévères que lors des précédentes épidémies. Le clade 1b (nom du nouveau variant) engendre des éruptions cutanées généralisées, contrairement aux souches antérieures qui se limitaient essentiellement au visage et aux zones génitales.
Au début de cette réunion, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré : « L’apparition l’an dernier du clade 1b et sa rapide propagation en RDC (République démocratique du Congo), qui semble se propager principalement par le biais des réseaux sexuels, et sa détection dans les pays voisins de la RDC, sont particulièrement préoccupantes et constituent l’une des principales raisons pour lesquelles j’ai décidé de convoquer ce comité d’urgence. Mais nous ne faisons pas face à une seule épidémie et à un seul clade. Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différents clades dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque ».
Un défi sanitaire mondial : des vaccins en pénurie
Face à cette crise sanitaire d’une ampleur sans précédent, l’OMS et l’Africa CDC (Centre africain de contrôle et de prévention des maladies) unissent leurs voix pour lever le drapeau rouge. La vaccination apparaît comme le rempart le plus efficace contre la propagation de l’épidémie, mais l’Afrique demeure tragiquement sous-équipée. Alors qu’une couverture vaccinale optimale sur le continent nécessiterait pas moins de 10 millions de doses, seules 200 000 sont actuellement disponibles, une situation pour le moins dramatique.
Pour le Dr Jean Kaseya, directeur général de l’Africa CDC, la vaccination est une priorité : « Commencer à produire nos propres vaccins est un combat du siècle ». Ce constat met en exergue les disparités flagrantes entre les nations occidentales, qui ont largement bénéficié des vaccins en 2022, et les pays africains qui en sont encore cruellement privés.
L’alerte internationale lancée par l’OMS poursuit un double objectif : d’une part, accélérer la recherche sur de nouveaux traitements et vaccins, et d’autre part, mobiliser suffisamment pour endiguer la progression galopante de l’épidémie. Trois milliards de dollars seraient nécessaires pour assurer une couverture vaccinale optimale. Depuis janvier 2022, le bilan est alarmant : 38 465 cas de Mpox ont déjà été recensés dans 16 pays africains, entraînant 1 456 décès. Face à cette situation critique, la communauté internationale est instamment appelée à se mobiliser pour éviter une catastrophe sanitaire d’une ampleur encore plus dévastatrice.