Alors que le président Emmanuel Macron s’apprête à effectuer une visite d’État au Royaume-Uni en juillet 2025, une initiative originale pourrait émerger du jumelage entre Brest et Plymouth. Dans le sillage des Fêtes maritimes et des liens historiques entre les deux cités portuaires, le breton Kevin Lognoné plaide pour une reconnaissance commune du savoir-faire horloger transmanche. Mêlant mémoire diplomatique, innovation technique et patrimoine vivant, il propose de faire dialoguer les avancées scientifiques de l’arc jurassien avec les traditions maritimes du Ponant et les racines communes de la mesure du temps.
Fêtes maritimes : Inscrire le savoir-faire horloger transmanche entre Brest et Plymouth
Le Président de la République se rendra du 8 au 10 juillet 2025 au Royaume-Uni à l’invitation du roi Charles III pour une visite d’État et un sommet franco-britannique avec le Premier ministre Keir Starmer.
Au titre du jumelage entre Brest et Plymouth et en prévision des Fêtes maritimes, les élus brestois pourraient débattre d’un vœu en conseil municipal sur l’opportunité d’inscrire le savoir-faire de l’arc horloger transmanche entre Brest et Plymouth.
L’UNESCO a inscrit depuis le 16 décembre 2020, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art comme une tradition vivante de l’Arc jurassien franco-suisse. Toutefois, il resterait à élargir cette sauvegarde au regard des pôles d’intérêts historiques et culturels de Brest et du prisme de ses jumelages.
A l’origine, le métier d’orloger (sans H) était destiné au réglage des canons. Les innovations et avancées horlogères ont été majeures pour le travail défensif de la cité du Ponant mais aussi le cycle Symbiocène dont l’Atelier du plateau des Capucins et le musée 70.8 représentent un témoignage vivant pour la ville durable.
Rares sont les monuments de Plymouth aussi emblématiques que la tour de l’horloge de Derry. Depuis plus de 100 ans, la ville britannique s’est développée autour de son horloge emblématique. Elle est une constante depuis plus longtemps que n’importe quel habitant de Plymouth ne s’en souvient.
Dans un double sens de circulation des innovations, les Time Ball Buildings de John Dyson représentent un témoignage spectaculaire du passé horloger de l’autre côté de la Manche, avec l’installation d’un grand nombre d’horloges publiques, tant en Angleterre qu’à l’étranger, pour des cathédrales, des églises, des mairies, des écoles, des ouvrages d’art et des chemins de fer. En 1875, Leeds accueillit une maquette de la boule horaire de Greenwich et reçut le signal horaire par télégraphe électrique.
Partenaires depuis 1963, Brest et Plymouth sont deux villes de tradition maritime, ouvertes et enrichies par l’innovation et l’intérêt des sciences. Elles ont su apprendre l’une de l’autre, se réinventer et se projeter dans l’avenir à partir de leur patrimoine créatif et humain.
En 2019, Plymouth a rejoint le mouvement Fab City, suivant l’appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054.
En particulier, la mémoire de la duchesse d’Aubigny, Louise de Keroual originaire de Guilers mériterait d’être célébrée en 2025, année du 350eme anniversaire de l’Observatoire royal de Greenwich. Et encourager d’autres travaux pour souligner l’intérêt des sciences.
Espionne du roi Louis XIV et maîtresse du roi anglais Charles II Stuart, Louise de Keroual a attiré l’attention sur les travaux et les instruments de l’Observatoire royal de Paris dirigé par le grand Cassini, visant à une mesure plus fiable de la longitude pour la navigation en haute mer.
Cette information a conduit le roi d’Angleterre à engager la construction de l’Observatoire royal de Greenwich, dont l’inscription à l’UNESCO symbolise aujourd’hui les efforts artistiques et scientifiques des XVIIe et XVIIIe siècles.
Historiquement, les avancées horlogères et la marine sont liées. L’apparition des premières horloges maritimes, qui conservaient la mesure du temps même sur un navire en mouvement, fut une révolution. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la navigation en haute mer sans repères était périlleuse. La longitude imposait de connaître l’heure réelle précise.
Par son talent diplomatique, Louise de Keroual a favorisé une ouverture aux valeurs de tolérance, en mettant l’horlogerie et la mesure du temps (quête de la longitude) dans cet engrenage pour la navigation en mer et dont la Grande Rue des Stuarts célèbre encore aujourd’hui l’importance pour le développement de l’horlogerie.
En 1684, Louis XIV, à la demande de Charles II qui avait fait valoir que cette terre avait appartenu à ses ancêtres les Stuarts, avait honoré Louise de Keroual du titre de duchesse d’Aubigny.
Pendant la Glorieuse Révolution, Jacques II Stuart est passé à Boulogne, afin de saisir le moment favorable pour un débarquement ; puis à Brest pour contacter les services de la Marine ; ensuite à Nantes …
Kevin LOGNONÉ