Dans un contexte politique où les émotions prennent souvent le pas sur la raison, la sénatrice Catherine Conconne signe un édito dans la newsletter de La Martinique Ensemble. Elle y dénonce les logiques populistes, les manipulations simplistes et rappelle le rôle fondamental du débat démocratique. Nous publions ici cet édito.
Philippe pied
ATTENTION AUX FAUX PROPHÈTES
La manœuvre est claire, tellement simpliste : opposer les uns aux autres pour mieux régner.
Alors on surfe sur l’émotion, la vision strictement binaire entre :
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Le peuple (les bons, les opprimés),
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Les élites politiques ou économiques (les méchants, les menteurs).
On se contente de s’adresser à l’émotion, pas à la raison. On ne cherche pas à convaincre avec de vrais arguments mais on rallie avec la colère, le ressentiment, et l’idée que tout est bloqué… sauf si on passe en force.
Alors on ira jusqu’à faire croire qu’une loi peut se décréter dans la rue, d’un claquement de doigts, en bravant toutes les règles institutionnelles, la Constitution, le temps parlementaire et les moyens financiers qui vont avec.
Non mais…
Le rôle des parlementaires est justement de traduire les attentes sociales en textes de loi, dans un cadre républicain, constitutionnel, cohérent.
Ce cadre prévoit des débats, des expertises, des équilibres. La loi, pour être légitime et applicable, ne peut pas être un acte de passage en force.
Elle doit être construite, argumentée, soutenue — surtout dans un système comme le nôtre, où aucun député isolé ne peut imposer un texte sans majorité nationale.
Cette rhétorique est la marque de fabrique du populisme qui a juste besoin d’un ennemi pour exister.
Césaire, comme d’habitude, avait eu la formule qui n’a pas pris une ride :
« Qu’est-ce que le populisme ? C’est une pratique à base de négativisme. »
« C’est la culture systématique de tous les mécontentements, même les plus minimes, l’exploitation éhontée de toutes les aigreurs, de toutes les impatiences, de toutes les irritations même les plus injustifiées ou les plus absurdes… la déstabilisation ou la démoralisation de tout un peuple ainsi rendu perméable au catastrophisme et disponible pour tout catastrophheur. »
Toute ressemblance avec des personnages ou des faits existants ne serait pas fortuite…
Catherine Conconne
Sénatrice de la Martinique
Secrétaire générale de La Martinique Ensemble