Les fonds souverains mondiaux sont de mieux en mieux dotés. Selon une étude, ces structures qui investissent de l’argent public cumulent plus de 10 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Mais pour l’ancienne figure du changement climatique de l’ONU Christiana Figueres, leur taille gigantesque n’est pas suffisamment mise à profit pour enrayer le changement climatique.
[Mis à jour le 02/09/2021] Les fonds souverains mondiaux accumulent de plus en plus de capitaux. Selon Global Sovereign Wealth Fund, l’indicateur qui suit les fonds souverains, ils viennent tout juste de dépasser les 10 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Un record dont les États devraient se féliciter… Mais Christiana Figueres, l’ancienne secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, est loin de se réjouir.
Dans une interview au site Bloomberg, elle s’inquiète des pratiques de ces grandes institutions qui investissent des fonds publics dans l’économie. “Les préoccupations des fonds souverains sur le changement climatique se sont jusqu’à maintenant beaucoup concentrées sur la gestion du risque climatique et sur l’exploitation des opportunités résultant de la transition bas carbone. Étant donné la gravité de la crise climatique, ce n’est plus suffisant“, affirme Christiana Figueres.
La raison de cette inquiétude de la part de Christiana Figueres tient à l’influence dont bénéficient ces institutions financières, en raison de leur taille. Global SWF recense ainsi 151 fonds qui détiennent au total 10 185 milliards d’actifs. Le plus important d’entre eux est le fonds souverain norvégien (Norges Bank Investment Management) qui cumule 1365 milliards d’euros d’actifs à lui seul. Le suivant, China Investment Corporation (CIC) détient 1222 milliards de dollars d’actifs sous gestion.
Seul un tiers dispose d’une stratégie climat
Beaucoup d’entre eux prennent cependant en compte les problématiques posées par le changement climatique. Selon une enquête menée par le Forum international des fonds souverains (IFSW), 93 % d’entre eux le voient comme un risque et une opportunité pour leurs portefeuilles et 88 % déclarent le prendre en compte dans leurs processus d’investissement. Mais avec de grandes disparités dans leurs méthodologies… Seuls un tiers des répondants à l’étude de l’IFSW déclarent avoir formalisé une stratégie climatique et un peu plus d’un tiers ont fixé à leurs équipes d’investissement des objectifs climatiques.
Le fonds norvégien fait partie des pionniers en la matière. Alors qu’il tire son argent de l’industrie pétrolière du pays, il a décidé de réduire ses investissements dans les énergies fossiles et d’augmenter sa participation aux énergies renouvelables. En France, la banque publique d’investissement Bpifrance a de son côté annoncé début 2020 vouloir devenir une banque du climat, en mettant en place avec la Banque des territoires un plan d’investissement de 40 milliards d’euros pour verdir l’activité des entreprises et des collectivités territoriales.
Malgré ces initiatives, l’ancienne diplomate des Nations unies pousse les fonds souverains à ne pas seulement rechercher les profits possibles en raison du changement climatique, mais également à transformer leurs modèles d’investissement pour véritablement décarboner leurs portefeuilles. Le Forum des fonds souverains conseille à ses membres en premier lieu d’adopter une stratégie concernant le changement climatique, mais aussi de muscler leur expertise sur la question, à la fois en recrutant de nouveaux talents et en formant leurs managers et administrateurs.
Arnaud Dumas, @ADumas5