Alors que la Martinique traverse une période de tension et d’incertitude, il est urgent de retrouver le chemin de l’apaisement et du dialogue. Si les revendications sont légitimes, les pillages, émeutes et dégradations ne peuvent être la réponse. Le travail amorcé pour un avenir meilleur doit se poursuivre, même si les changements politiques retardent les avancées attendues.
La Martinique est à un tournant crucial de son histoire sociale et économique. Face aux inégalités persistantes et à la vie chère, il est compréhensible que la colère gronde. Mais cette colère, lorsqu’elle se transforme en pillages, en violences urbaines et en destruction d’entreprises, ne fait que creuser davantage les plaies que nous cherchons à guérir.
Aimé Césaire nous enseignait que :
« l’œuvre de l’homme vient seulement de commencer et elle reste à conquérir dans toute son ampleur au-dessus de ruines fécondes. »
Mais ces « ruines fécondes » ne doivent pas être celles d’une économie locale saccagée, ni celles d’emplois détruits. Chaque commerce pillé, chaque infrastructure dégradée est une marche de plus vers le chaos, non vers la liberté.
La situation actuelle est d’autant plus complexe que des avancées concrètes étaient en cours. Des mesures économiques et sociales devaient voir le jour en début d’année. Malheureusement, la démission et le changement de gouvernement ont repoussé ces échéances cruciales. L’attente est difficile, voire insupportable pour beaucoup. Mais ce retard ne doit pas devenir un prétexte à la destruction.
Comme le rappelait Gandhi :
« Il n’y a pas de chemin vers la liberté, la liberté est le chemin. »
La vraie liberté ne se trouve pas dans les actes de rébellion destructeurs, mais dans la construction patiente et résolue d’une société plus juste. La mobilisation doit continuer, mais avec responsabilité et respect de notre bien commun.
Il est urgent de se souvenir que la Martinique, notre maison commune, ne se relèvera que par un sursaut collectif, fait de solidarité, de créativité et de dialogue. Rien n’est encore perdu. Mais tout dépend désormais de notre capacité à bâtir, non à détruire.
Ensemble, reprenons ce chemin, pas à pas. Parce que l’œuvre de notre peuple est loin d’être achevée.
Philippe Pied