La perte de l’odorat est l’un des symptômes les plus fréquents de la Covid-19. Bien que gênant et parfois durable, il affecte plutôt les patients atteints de formes légères de la maladie.

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Une plante de tabac pour un vaccin contre le coronavirus  Le projet européen Newcotiana tente d’utiliser du tabac génétiquement modifié comme «bio-usine» pour produire des molécules pharmaceutiques qui serviraient de vaccin contre le coronavirus. 

La perte de goût et d’odorat fait partie des symptômes fréquents de la Covid-19. Une enquête publiée en septembre dans le Journal of Internal Medicine indique que la perte de l’odorat (anosmie) est le deuxième symptôme le plus fréquemment rapporté (70,2 %), juste derrière les céphalées (70,3 %), mais assez loin devant la perte de goût (54,2 %). Une autre enquête européenne coordonnée par l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) et l’université de Mons (Belgique) rapportait de son côté en avril que 86 % des patients infectés présentent des troubles de l’odorat. Ce symptôme demeure toutefois bénin, puisque 44 % des patients ont déjà retrouvé tous leurs sens dans un délai de 15 jours.

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La perte de l’odorat serait un signe plutôt rassurant dans l’évolution de la maladie Covid-19. © Leszekglasner, Adobe Stock 

Deux mois pour récupérer l’odorat

Cette dernière enquête, dont les travaux se sont poursuivis, a suivi 1.300 patients atteints de Covid-19 et livre aujourd’hui de nouveaux résultats, montrant que l’anosmie est plus fréquente chez les patients les plus faiblement atteints. « Parmi les patients dans les groupes 3 et 4, soit les plus fortement atteints, seuls 10 à 15 % d’entre eux avaient une perte d’odorat. En revanche, ils étaient 70 à 85 % avec ce symptôme dans les groupes 1 et 2, soit les cas les plus bénins », atteste dans Le Parisien le Dr Jérôme Lechien, qui a cordonné l’étude.

La perte d’odorat ne serait pas liée à la présence du virus dans le nez ou au nez bouché, mais à une atteinte du bulbe olfactif, situé à la base du cerveau. Après avoir envahi ce dernier, le virus serait stoppé par le système immunitaire, ce qui éviterait un passage trop important dans les poumons et le sang. Ces nouveaux résultats font cependant apparaître un délai de récupération assez long : 75 et 85 % des patients retrouvent leur odorat deux mois après la fin de la maladie ; le taux étant de 90 % pour les patients ayant totalement ou partiellement perdu leur sens du goût.

POUR EN SAVOIR PLUS

L’origine de l’anosmie chez les malades du coronavirus identifiée

Article de Jule Kern publié le 05/07/2020

Une part non négligeable des personnes infectées par le SARS-CoV-2 souffre d’anosmie. Après avoir étudié de nombreux patients, les chercheurs pensent comprendre comment le coronavirus induit une perte d’odorat, parfois durable, chez certains malades.

Depuis les premières heures de l’épidémie de Covid-19, la perte d’odorat, ou anosmie, est un symptôme singulier de la maladie. L’anosmie est courante dans les infections respiratoires, comme la grippe ou le rhume, qui peut être provoqué par des coronavirus non mortels. Le plus souvent, elle est simplement causée par l’encombrement des voies nasales qui empêche les molécules d’arômes d’atteindre les récepteurs olfactifs. En clair, on a le nez bouché. Quand les symptômes disparaissent, l’odorat réapparaît, même si dans certains cas, l’anosmie peut perdurer.

Mais, dans le cas du SARS-CoV-2, les patients infectés se plaignant d’anosmie n’ont pas forcément le nez bouché. L’anosmie provoquée par ce coronavirus est donc sensiblement différente des autres infections respiratoires.

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Le schéma de la fonction olfactive. Le bulbe olfactif situé dans le cerveau communique avec les fosses nasales grâce aux nerfs olfactifs. © Domaine public 

Une perte d’odorat sans avoir le nez bouché

Chez les patients Covid, l’anosmie apparaît du jour au lendemain et disparaît aussi soudainement une ou deux semaines plus tard. Cependant, certains patients se plaignent de n’avoir pas retrouvé la totalité de leur odorat bien des semaines après leur guérison.

Comment expliquer cela ? Des scanners du nez et des sinus réalisés chez des patients infectés et anosmiques ont montré un gonflement des tissus et la présence de mucus dans la fente olfactive. Les sinus, quant à eux, sont intacts.

Le SARS-CoV-2 utilise le récepteur ACE 2 pour se fixer et une seconde protéine, TMPRSS2, pour s’approprier sa cellule-hôte. Une première hypothèse stipulait que les neurones olfactifs pouvaient être infectés et provoquer la perte d’odorat. Celle-ci était basée sur le neutropisme connu de certains coronavirus. Or, il semble que les neurones olfactifs n’expriment pas le récepteur ACE2 et ne peuvent donc pas être infectés.

Les cellules sustentaculaires, cibles du virus

Par contre, le récepteur du coronavirus a été identifié à la surface des cellules sustentaculaires qui soutiennent les neurones. L’infection par le coronavirus des cellules sustentaculaires provoque une inflammation dans la fente olfactive. En résultent un gonflement des tissus et un épanchement de mucus. Mais, quand l’inflammation est trop forte, les cellules adjacentes, comme les neurones olfactifs, peuvent être aussi endommagées.

« Nous pensons que c’est la raison pour laquelle certaines personnes ne retrouvent pas le sens de l’odorat avant longtemps : leurs neurones olfactifs auraient subi ce type de dommages », explique Simon Gane, médecin ORL à Londres et Jane Parker, assistante professeure spécialisée dans la chimie des arômes, sur le site The Conversation.

Heureusement, les neurones olfactifs abîmés se renouvellent et, avec un peu d’entraînement, une thérapie basée sur la reconnaissance des odeurs, l’odorat finit par revenir

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