Une allocution présidentielle qui a fait réagir
L’allocution de vœux du Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) a suscité la réaction de Jean-Yves Bonnaire, président de Contact-Entreprises, qui a
tenu à clarifier certains points soulevés, en particulier sur la structure économique locale, la question du pouvoir d’achat et l’attribution des fonds européens. Ses propos ont toutefois déclenché une vive réponse de Fernand Odonnat, président de la commission Aménagement du territoire, Grands travaux, Transports, Infrastructure et Risques Majeurs.
Un débat sur la réalité économique martiniquaise
Jean-Yves Bonnaire a contesté l’idée selon laquelle l’économie martiniquaise serait dominée par des monopoles et oligopoles, rappelant que le cadre législatif français empêche de telles situations. Il a mis en avant le rôle des institutions comme l’Autorité de la Concurrence et la DGCCRF dans la régulation du marché, et a souligné que les marges des distributeurs restaient raisonnables selon les données de l’INSEE.
De son côté, Fernand Odonnat a dénoncé une minimisation du problème et a affirmé que la Martinique souffrait bien d’une concentration économique excessive, notamment dans la grande distribution et l’import-export. Il a évoqué un écart de prix de 40 % entre la Martinique et l’Hexagone, qu’il attribue à ces pratiques monopolistiques.
Le fonds POSEI et la question agricole
Autre point de désaccord majeur : l’attribution des fonds POSEI, destinés au soutien de l’agriculture. Jean-Yves Bonnaire a rappelé que ces aides sont distribuées en fonction du tonnage et non du type de culture, et a plaidé pour un renforcement de l’innovation et de la transition agroécologique.
Fernand Odonnat a critiqué cette position, soulignant que plus de 85 % des fonds bénéficiaient à la filière banane, au détriment des petites exploitations agricoles. Il a défendu la réforme proposée par la CTM, qui viserait à piloter localement ces fonds pour mieux soutenir l’ensemble des producteurs martiniquais.
Un affrontement qui dépasse l’économie
Si le débat était d’abord économique, il a pris une tournure plus virulente avec la réaction de Fernand Odonnat, qui a accusé Jean-Yves Bonnaire de défendre les intérêts des grands groupes économiques « au détriment de la population martiniquaise ». Il a utilisé des termes forts, dont l’expression controversée de « Nègre de maison », pour dénoncer ce qu’il perçoit comme une posture de complaisance envers les élites économiques.
Ces propos ont provoqué une vive réaction de la part d’Emmanuel de Reynal, qui a dénoncé une insulte inacceptable et un abaissement du débat public. Dans un article publié sur Overblog, il a appelé à un dialogue plus respectueux et constructif, rappelant que les désaccords économiques ne justifiaient pas des attaques personnelles.
Vers une rupture ou un dialogue ?
Alors que la polémique enfle, la question reste de savoir si ces tensions compromettront définitivement les relations entre la CTM et le monde économique ou si elles pourront à terme aboutir à un échange constructif. Jean-Yves Bonnaire a affirmé sa volonté de collaborer avec la Collectivité pour trouver des solutions adaptées aux défis économiques de la Martinique.
Toutefois, Fernand Odonnat a rejeté cette main tendue, estimant qu’un dialogue ne serait possible que lorsque les pratiques abusives des grandes entreprises seraient reconnues et combattues.
Dans un contexte économique et social déjà fragilisé, cette confrontation illustre les divergences profondes sur la manière de concevoir l’avenir économique de la Martinique. Reste à voir si un terrain d’entente pourra être trouvé ou si cette crise marquera une fracture durable entre les acteurs politiques et économiques de l’île. Tout cela au détriment de la population.
Gérard Dorwling-Carter