La résidence Debrosil est officiellement sortie de terre. Bien que des traces de vie comme des vêtements aux balcons trahissent des traces de vie, la résidence a été inaugurée ce mercredi matin dans son écrin de verdure au quartier Jeanne d’Arc au Lamentin.
Ce sont 39 logements qui ont été inaugurés ce mercredi au Lamentin. Une nouvelle résidence est sortie de terre, Debrosil. Le groupe de logements se compose de trois bâtiments et est conçu pour créer de la mixité sociale. Quinze logements sont réservés aux seniors et plus incongru seize à la gendarmerie nationale. En effet, une convention passée à la Gendarmerie nationale permet de dédier une partie des appartements. Les acteurs de la construction de la résidence se sont réunis au quartier Jeanne d’Arc au Lamentin. Autrefois lieu d’échanges et de rencontres, le quartier abrite aujourd’hui près de 40 logements dont 8 F4, 8 F2 et 23 F3. La Société immobilière de la Martinique (Simar) a voulu mixer des logements non conventionnés à des logements sociaux.

« La Simar est résolue à faire face aux défis que nous rencontrons », explique le président de la Simar. Quels sont ces défis ? La pénurie de foncier, la hausse des coûts de construction, la hausse du taux d’intérêt, la baisse du nombre d’entreprises pouvant répondre à un appel d’offres ainsi que l’augmentation des impayés. Toutefois les ambitions de la Simar ne sont pas revues à la baisse. La société immobilière compte construire 3000 logements pour passer de 12 000 à 15 000 au courant de la décennie 2030. Un rythme qui se confronte aux 10 000 demandes annuelles de logements sociaux. La Simar veut tourner son action vers les jeunes avec la construction de résidences étudiantes ainsi que les seniors. Depuis 2022, la Martinique est la plus vieille région de France. La Simar a élaboré une nouvelle feuille de route politique senior 2030. La société immobilière célèbre ses 70 ans et affirme donc consacrer une part de son budget à la rénovation et maintenance de ses plus anciens logements.
« La Martinique connaît une crise du logement sans précédent », explique Emmanuel Fevre, sous préfet secrétaire général adjoint délégué à l’égalité et à la cohésion sociale. Il reprend : « Plus de 13 000 demandeurs sont aujourd’hui en attente de logement social sur le territoire. Derrière ces chiffres, ce sont des familles, des personnes âgées, des jeunes qui peinent à se loger dignement. » Selon l’Insee, en Martinique, 27% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le représentant de l’État a ainsi salué la mixité sociale induite par la résidence Debrosil. L’État est intervenu dans le projet à hauteur de 1,5 million sur les 7,9 millions du coût total de la construction de la résidence.
« Elle s’inscrit dans une dynamique du développement du Lamentin et contribue à améliorer le cadre de vie locale. Ce projet illustre la volonté commune de développer des solutions de logements de qualité, accessibles et bien intégrées dans leur environnement. » Dans ce cadre d’inauguration d’habitation, le sous-préfet soulève le plan territorial du logement 2024/2027 piloté par les services de l’État. Il prévoit la création de près de 3000 logements neufs et la réhabilitation de 3000 logements sociaux.
Le mot de Jean-Luc Galy, directeur général de la Simar

« Il y a deux moteurs qui ajustent le monde du BTP : la commande publique et ce que proposent les opérateurs comme nous. Chaque année, 600 logements sont financés pour un coût moyen de 200 000 euros par logement. Donc effectivement, des logements vont sortir mais pas suffisamment. Il n’y a pas non plus suffisamment d’offres en termes de commande publique ce qui fait que le carnet de commandes du BTP est un peu à l’arrêt. À cela, il faut ajouter les coûts. Nous avons vu aujourd’hui, après le Covid et la guerre en Ukraine, les coûts des logements ont augmenté de 17%. Un autre problème auquel nous devons faire face, c’est la désertion de nos jeunes. Ils n’interviennent plus sur des corps de métiers comme on connaissait avant par exemple carrelage ou charpente. Il y a un déficit notamment au niveau de la formation. Il faudrait vraiment réfléchir à faire les états généraux du BTP en rassemblant également tous les donneurs d’ordre. Quand le BTP va, tout va. Derrière, il y a des emplois directs et indirects. C’est un véritable enjeu. »
Laurianne Nomel