Alexis Ostrovick, créateur de “Madinina Bloc”, nous présente une expérience d’escalade complète en Martinique. L’établissement propose une variété de formules d’accès et des cours pour tous les niveaux, visant à créer une communauté active. L’objectif est simple : démocratiser la discipline de l’escalade en Martinique et offrir à chacun la possibilité de découvrir et de pratiquer ce sport.

 

Alexis Ostrovick

Antilla : Bonjour, pouvez-vous présenter ainsi que votre établissement ?

Alexis Ostrovick : Je suis le fondateur de “Madinina Bloc”, la première salle d’escalade de Martinique ouverte à tous, offrant des activités toute l’année. Elle existe depuis fin 2019. Initialement spécialisée dans le bloc, notre salle s’est depuis étendue pour proposer également des voies, et bientôt, nous inclurons également des épreuves de vitesse.

Pourquoi avoir voulu créer une salle d’escalade en Martinique ?

Passionné d’escalade et ayant des racines martiniquaises, j’ai passé une grande partie de ma vie à Grenoble. Après avoir été convaincu par mes proches, qui tentaient de me persuader de m’installer ici, j’ai décidé de créer cette salle d’escalade, ici à la Jambette. Cette initiative me permet à la fois de proposer quelque chose de nouveau aux Martiniquais et de renouer les liens avec ma famille. L’objectif principal était de développer un sport qui n’est pas suffisamment représenté en Outre-mer, et notamment en Martinique.

Pouvez-vous nous parler de l’histoire de sa création et les valeurs que vous avez développées au fil du temps ?

Lorsque j’ai créé la salle, mon objectif était de recréer le même environnement dans lequel j’avais toujours pratiqué l’escalade, étant donné que cela représentait une part significative de ma vie. Pour moi, c’était un véritable exutoire. Après une journée de travail, retrouver des amis pour grimper ensemble était toujours agréable. La salle était vraiment un lieu où je pouvais m’épanouir, prendre du plaisir et trouver un véritable équilibre dans ma vie quotidienne.

Ma principale motivation en créant la salle était de pouvoir offrir aux gens en Martinique la possibilité de vivre cette même expérience. Je voulais créer un environnement sain, basé sur l’entraide, une atmosphère ouverte où les gens se rencontrent facilement et où l’escalade rassemble tout le monde. L’idée était de créer un lieu convivial où l’effort et la camaraderie étaient mis en avant.

Vous parlez d’un “environnement sain” permettant de créer facilement de nouvelles rencontres. Comment un grimpeur débutant sera t-il donc accompagné ?

Pour les grimpeurs débutants, lors de leur première séance, nous proposons un cours de découverte qui est obligatoire pour toute personne nouvellement introduite à la discipline. Ce cours vise à enseigner les règles fondamentales, les bases de la technique ainsi que les aspects liés à la sécurité. À la fin de ce cours, un débutant sera tout à fait capable de grimper parmi des pratiquants réguliers sans que cela ne pose de problème pour quiconque.

L’objectif est de permettre au débutant d’être autonome dans sa pratique, de réussir ses ascensions en comprenant les règles et en maîtrisant les techniques de sécurité. Ainsi, il sera plus à même d’interagir avec des grimpeurs plus expérimentés en comprenant le langage spécifique et en respectant les règles de conduite de l’escalade en salle. Cela crée un environnement où débutants et grimpeurs confirmés peuvent évoluer ensemble sans difficulté.

Je pense que c’est là l’un de nos principaux avantages spécifiques. En plus des cours de découverte, nous offrons également d’autres types de cours pour ceux qui souhaitent approfondir leur pratique. Chaque nouvel adepte doit obligatoirement suivre ce cours de découverte avant de pouvoir accéder aux séances régulières.

Comment votre salle s’en sort-t-elle au niveau des financements ?

À “Madinina Bloc”, nous proposons plusieurs formules d’accès pour répondre aux besoins de nos grimpeurs. Tout d’abord, il y a l’accès à la séance, où les participants peuvent payer à la séance et louer le matériel nécessaire si besoin. Ensuite, nous offrons une formule de carnets de séance : pour neuf séances achetées, une séance est offerte. Cette option convient aux grimpeurs réguliers qui pratiquent l’escalade de manière occasionnelle, en complément d’autres activités. Pour ceux-ci, nous proposons également un carnet de dix séances, plus adapté à leur fréquence de pratique, leur offrant une réduction sur le tarif.

Ensuite, pour les passionnés dont l’escalade est la pratique principale, nous proposons des abonnements offrant un accès illimité à la salle sept jours sur sept. Ces abonnements permettent une pratique plus intensive et régulière de l’escalade.

En ce qui concerne les cours, nous avons des cours pour les enfants. Nous offrons un créneau spécifique pour les tout-petits, à partir de trois ans, le dimanche matin de 9 heures à 10 heures. Durant ce cours, les enfants restent accompagnés de leurs parents et un moniteur est présent pour donner des conseils et assurer la sécurité de tous.

Nous proposons également des cours pour les enfants plus âgés où les parents ne sont pas obligés de rester. Ces cours ont lieu le mercredi, le vendredi et le samedi, et leur durée varie entre une heure et une heure et demie en fonction de l’âge des enfants. Ces cours sont planifiés sur une base annuelle, offrant ainsi une continuité dans l’apprentissage de l’escalade.

Comment la communauté locale a-t-elle réagi à l’ouverture de la salle?

Globalement, nous avons reçu énormément de retours positifs. Dès le début, de nombreuses personnes sont venues découvrir la salle et nous avons rapidement constitué un noyau dur de grimpeurs assidus, que j’appelle les habitués. Cette communauté s’est formée très rapidement et a été très bien accueillie. Cependant, comme je l’ai dit tout à l’heure, l’escalade reste encore peu démocratisée dans les départements ultramarins, et nous constatons que le développement de ce sport en Martinique est en retard par rapport à la métropole, d’où notre objectif de le faire découvrir.

Nous sommes très satisfaits de voir que nous contribuons à l’émergence de nouvelles vocations dans le domaine de l’escalade. Pour cela, nous travaillons en collaboration avec les établissements scolaires, accueillant des clubs de sport pendant les vacances et collaborant avec diverses associations sportives telles que des clubs d’arts martiaux, de danse, ou même des gymnases. Nous organisons des sorties d’escalade pour les jeunes de ces clubs, ainsi que des événements spéciaux pendant les vacances scolaires. Cette approche nous permet de faire connaître et de populariser l’escalade en Martinique, tout en offrant aux jeunes la possibilité de découvrir et de potentiellement embrasser cette activité comme une véritable vocation.

C’est donc une occasion pour vous de mettre en place de potentiels partenariats ?

Nos partenariats les plus structurés sont généralement avec les établissements scolaires. Ils s’engagent souvent pour au moins un trimestre, voire un cycle complet. Ces collaborations sont bien établies et récurrentes. En dehors de cela, nous recevons également des demandes ponctuelles de la part de clubs sportifs, qui peuvent varier d’une année à l’autre.

Parallèlement, nous travaillons également avec des centres de soins, où nous accueillons des personnes ayant des difficultés, que ce soit d’ordre mental ou de motricité. Nous adaptons nos séances pour travailler des aspects spécifiques tels que le développement de la motricité ou la confiance en soi. En somme, nous accueillons un large éventail de publics différents, mais ces partenariats se déroulent généralement pendant les heures d’ouverture réservées à notre public habituel.

Quelles sont vos perspectives pour permettre à votre salle d’évoluer ? Est-ce-prévu de pouvoir créer de nouvelles salles dans le reste de la Martinique, voire même dans l’Outre-mer ?

Actuellement, notre priorité est de stabiliser notre salle après son agrandissement récent. Nous avons doublé la surface rentable en février, et maintenant nous proposons trois disciplines d’escalade : le bloc, l’escalade de voie avec baudriers, et la vitesse sur un mur automatique. Nous avons fait un grand pas en avant, notamment avec l’introduction de l’escalade de vitesse, une discipline qui sera présente aux Jeux Olympiques.

En ce qui concerne l’expansion de notre salle ou la création de nouvelles salles dans le reste de la Martinique ou dans les autres départements d’outre-mer, la situation est plus délicate. La Martinique, par exemple, n’a peut-être pas encore le potentiel suffisant en termes de pratique pour justifier de nouvelles structures. Nous sommes sur un marché relativement restreint où l’escalade reste un sport confidentiel.

Pour l’ensemble des départements d’outre-mer, il existe actuellement seulement trois salles dédiées à l’escalade sportive, et il est important de rester prudent dans le développement de nouvelles infrastructures. Nous devons observer attentivement l’évolution de la demande et nous assurer que le développement de l’escalade reste en adéquation avec les pratiques existantes dans ces régions.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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