Christian Louis-Joseph.


L’Insee a publié, le 19 janvier, le bilan démographique 2019 de la Martinique (Insee Martinique Flash, n° 144). L’Institut a également mis en ligne un ensemble de dossiers parmi lesquels des fichiers relatifs à l’évolution et à la structure de la population martiniquaise, depuis 1990.


De 2010 à 2019, 34 000 habitants en moins : ce chiffre considérable (près d’un habitant sur 10) recouvre, pourtant,une réalité bien plus inquiétante qui peut se résumer en trois observations.

Première observation : le déclin de la population martiniquaise s’accélère, comme le montre le tableau suivant :

Variation relative annuelle

 

Totale

Due au solde naturel

Due au solde apparent des entrées et des sorties

2008-2013

-0,60%

0,50%

-1,10%

2013-2018

-0,90%

0,20%

-1,10%

2018-2021

-1,30%

0,10%

-1,40%

Source : Insee

Du côté du solde naturel, l’excédent des naissances sur les décès qui était encore de 2 045 en 2010 n’est plus que de 190 en 2019. La mortalité augmente du fait du vieillissement de la population, alors que la natalité s’effondre.

L’exode migratoire s’est intensifié. Le solde négatif de 1,40% des 3 dernières années correspond à un flux annuel d’environ 5 000 personnes. Encore faut-il souligner qu’il s’agit d’un solde (entrées – sorties du territoire) et qu‘une mesure portant sur les mouvements relatifs aux seuls natifs serait probablement plus élevée.

Deuxième observation : le chiffre de l’évolution globale de la population ne rend pas compte de la gravité du problème.

Ce chiffre est, en effet, le solde entre deux évolutions divergentes :

d’une part, en effet, depuis 2010, la population âgée de moins de 50 ans a diminué de près de 70 000 individus ;
d’autre part, le nombre de personnes de 50 ans et plus a augmenté de plus de 35 500 unités. Ces personnes âgées représentent, en 2020, 49% de la population totale contre 22% en 1990.

La gravité du problème ne doit pas se mesurer à la baisse de la population ni à l’augmentation du poids relatif de sa fraction la plus âgée. Le véritable problème est la saignée effectuée sur la partie la plus jeune de la population du fait de la ponction migratoire et de la baisse de la natalité (dont le phénomène migratoire est, en grande partie, responsable). Le vieillissement en est la conséquence ; il est de l’ordre du symptôme, pas de la cause.

Troisième observation : des déséquilibres entre âges et entre sexes, dans la moitié la moins âgée de la population,entretiennent le déclin

Les pyramides des âges permettent de mettre en évidence un double phénomène :

les effectifs des classes d’âge de 20 à 44 ans se sont creusés entre 2010 et 2020 ;

Évolution de la structure de la population des 15-64 ans

 

1990

2005

2020

France 2020

15-19 ans

15,1%

12,0%

9,4%

10,0%

20-44 ans

58,5%

51,2%

38,1%

48,1%

45-64 ans

26,5%

36,7%

52,5%

41,9%

Total

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

 – le déséquilibre entre sexes est considérable :

Évolution du taux de masculinité chez les 20-49 ans

1990

2005

2020

Nombre d’hommes pour 100 femmes

92,4

84,0

78,6

Le taux de masculinité est inférieur à 74 pour la population âgée de 30 à 49 ans.

Le déficit des effectifs et le déséquilibre des sexes aux âges correspondant à la période de plus grande fertilité pèsent sur la natalité et conduisent à envisager un solde naturel négatif dans les toutes prochaines années.

La crise démographique, déjà catastrophique, est donc appelée à s’aggraver. Elle est grosse de dégâts économiques et sociauxà travers de multiples canaux dont la cartographie est une urgence.

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