Durant l’année 2020, l’Institut national de la statistique et des études économiques de la Martinique (Insee) avait dû s’adapter aux conséquences de la crise sanitaire, comme l’a expliqué son directeur, Hugues Horatius-Clovis, lors d’une rencontre avec la presse le 19 janvier dernier. A cette occasion ont été présentés le bilan démographique 2019 pour la Martinique, quelques agrégats économiques de l’année 2020 et le programme d’études de 2021. Certaines publications n’ont pu voir le jour en raison des deux périodes de confinement, notamment celle relative à l’indice des prix. Mais cela n’a pas empêché la structure de continuer à travailler sur les grandes problématiques économiques.


        Un dépeuplement accéléré.

Triste bilan démographique que celui que vient de publier l’Insee pour l’année 2019. Cette dernière été particulièrement marquée par la diminution continue de la population, une augmentation du nombre de décès, une baisse de l’espérance de vie, un rebond des naissances et un recul des mariages.
Notre pays a perdu 34 000 habitants en 10 ans. La population de la Martinique était estimée à 359 820 habitants au 1er janvier 2020. “ Elle retrouve là son niveau d’il y a trente ans,” relève Isabelle Padra-Rebello, la cheffe de la division études et diffusion.

Ce sont les forces vives qui manquent le plus à l’appel. Les jeunes adultes, soit pour les études, soit pour chercher un emploi, quittent le territoire, départs qui ne sont pas compensés par les arrivées. Au résultat, un solde migratoire négatif. Si le solde naturel (nombre de naissances et nombre de décès) reste encore légèrement positif, cet écart entre le nombre de naissances et décès s’est resserré. Celà est expliqué par le vieillissement de la population : le nombre de décès augmente et rejoint celui des naissances.

En 2019, la Martinique enregistre 267 décès de plus qu’en 2018, en raison des âges élevés des générations nombreuses du baby-boom. Le nombre de décès s’élève à 3 559, soit une hausse de 8,1 %.

31% des Martiniquais ont plus de 60 ans.

Avec le déclin de la population, seulement un quart de la population a moins de 25 ans, contre un tiers en 2010. Les plus de 60 ans représentent 31% et ceux de 75 ans 11%.

Un petit rebond de naissances a été observé en 2019, après celui de 2018. 3 749 bébés sont nés en Martinique en 2019, soit plus 79 supplémentaires. Certes l’indice de fécondité reste stable, s’établissant à 1,95 enfant par femme. Cependant cet indice ne permet pas le renouvellement des générations. Ce seuil de renouvellement des générations s’établit autour de 2,1 enfants dans les pays développés, indique l’Insee.

En Martinique, le nombre de femmes est en baisse, et celui des femmes en mesure de procréer âgées de 15 à 49 ans a perdu 5 points en dix ans, passant de 26 % de la population à 21 %. Sur le plan de la natalité, le millésime 2019, se maintient au niveau de celui de 2018, soit 9.9%.

Désormais, l’espérance de vie à la naissance s’établit à 84.3 ans pour les femmes et à 78,8 ans pour les hommes. Elle recule de trois mois. En dix ans, les hommes ont gagné un an et les femmes ont stagné.

L’Insee note une baisse du nombre de mariages : 1057 mariages ont été célébrés en 2019, contre 1100 en 2018, soit moins 3.9%. Concernant les mariages entre personnes de même sexe, elle sont rares sur le territoire, souligne l’institut. “

La progression est lente, deux enregistrés en 2017, trois en 2018 et cinq en 2019”.

En cette possible année électorale, ces chiffres doivent nous alarmer tous sur la survie du peuple martiniquais. Certes, des initiatives louables sont prises pour tenter d’inverser la tendance, mais elles ne pourront pas remplacer la mise en œuvre, dès à présent, de politiques publiques fortes, notamment en direction des femmes. Certains experts, avancent le chiffre de 140 00 à 150 00 martiniquais vivant, à l’exétrieur dont majoritairement en France. Comment tisser des liens avec notre diaspora  pour l’avenir du pays? Il faudra également continuer de travailler sur le changement de modèle de développement pour donner de l’espoir aux générations à venir.

Report du recensement

Dans le contexte d’épidémie de Covid-19, l’Insee a décidé, à titre exceptionnel, de reporter l’enquête annuelle de recensement 2021 à 2022. Cependant, elle continuera à publier une actualisation annuelle de la population légale de chaque commune. Elles permettent notamment de calculer les dotations globales versées par l’Etat. Selon la responsable de ce secteur « Les conditions ne sont en effet pas réunies pour réussir une collecte de qualité. La collecte sur le terrain de l’enquête de recensement entraîne de nombreux déplacements et contacts avec les habitants difficilement compatibles avec la situation sanitaire. L’institut craint une moindre adhésion de la population qui pourrait entraîner de nombreux refus de répondre. Par ailleurs, il a de plus en plus de difficultés à recruter des agents recenseurs, car la tâche n’est pas aisée.

De nouvelles études

En plus de ces 23 publications chaque année, avec l’indice des prix mensuels, des bilans de conjoncture trimestrielle, des comptes définitifs et du bilan de l’année écoulée, l’Inssée pré pare pour cette année quelques nouveautés : Une étude sur l’« “Aire d’attraction des villes” et une autre concernant les entreprises” Démographie d’entreprises “; en février et en mars : Les femmes dans la fonction publique (journée de la femme) et une Etude des Statistiques Annuelles d’Entreprises martiniquaises. Egalement un panorama de notre région, cinq thèmes (démographie, niveau de vie médian et pauvreté, produit intérieur brut, niveau d’éducation et marché du travail) et six questions- réponses propres aux problématiques du territoire. 

Toutes ces publications sont à retrouver sur le site de : Insee.fr

CB (In Justice)

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