La Martinique serait-elle malade aujourd’hui ? Oui. Tous les indicateurs politiques, économiques, sociaux, moraux, religieux, écologiques, culturels et sanitaires nous l’indiquent. Il ne s’agit pas de « crier » au pessimisme et aux lamentations. Il s’agit de prendre conscience sereinement de l’état du pays dans lequel nous vivons. ( in Dossier : Mémoire et Histoire publié dans Eglise en Martinique. )
Tous ensembles. Qui que nous soyons :
-descendants d’amérindiens, de colons, d’africains, d’indiens, de syro-libanais, de chinois issus du métissage, de l’immigration et autres. Chacun avec nos expériences culturelles et religieuses.
Les maux du pays sont nombreux et certains mots nous perturbent grandement encore.
Notre population est vieillissante. La plupart de nos jeunes quittent ou fuient le pays. Et une cassure générationnelle apparait. Nos ancrages identitaires s’effondrent.
La mondialisation dénature notre culture martiniquaise.
Qui somme nous ? À qui cherchons-nous à ressembler ?
Nous perdons confiance en nous-mêmes. Nou ka pèd fwa. Nou pa rété asé lanmou ba nou menm é ba péyi-a.
Toutes formes de divisions nous gagnent, nous malmènent et peuvent nous anéantir. Divisions familiales, professionnelles, socio-culturelles, politiques, et identitaires.
Que voulons-nous ?
Nos responsabilités semblent usées, non adaptées et insuffisantes.
Nous cherchons à travers l’histoire et la mémoire collective les coupables et les solutions, les responsables d’une telle débâcle.
Alors qu’au tribunal, nous sommes tous convoqués.
En effet, toi, nous, vous, eux, moi, chacun doit s’interroger.
Car c’est personnellement et collectivement qu’on devra tous répondre, réfléchir, proposer, et agir pour construire.
Qu’avons-nous fais de ce beau pays Martinique qui nous a été confié et qui se donne à nous ?
La solution n’est pas dans l’instrumentalisation de notre passé. Elle est dans la construction d’une espérance partagée puisque nous sommes liés dans une communauté de destin.
Quelle Martinique voulons-nous pour aujourd’hui et pour demain ?
L’histoire de la Martinique est marquée par de nombreux cris. Cris de souffrance au fond de la cale du négrier, cris des Amérindiens décimés, cris des premiers engagés (peu évoqués), cris des marrons, cris des nouveaux libres, cris des miséreux, des travailleurs agricoles… Cris de certains jeunes aujourd’hui.
Sans compter ces nombreux cris qui se réduisent à de nombreux silences.
Quelques dates qui correspondent à ces nombreux cris :
– 13 décembre 1823, l’affaire BISSETTE
– Du 24 au 27 décembre 1833, l’insurrection de la Grande Anse
– Révolte du 22 Mai 1848
– 8 Février 1900, fusillade au François
– La grève de 1935
– Février 1948 au Carbet
– Décembre 1959
– Mars 1961 au Lamentin
– Février 1974
– Février 2009
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