La Dominique a choisi l’abstention lors du vote d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, le 13 juin 2025. Ce texte, soutenu par 149 pays et rejeté par 10, a vu 19 États, dont la Dominique, refuser de prendre position. Un choix qui interroge, tant il diffère de la position de la majorité internationale et de celle de la France, qui représente la Martinique et la Guadeloupe, territoires voisins et non États indépendants. Cette décision s’inscrit dans une tradition diplomatique propre aux petits États insulaires, soucieux de préserver leurs intérêts dans un contexte international tendu.
La Dominique, État souverain, dispose d’une voix propre à l’ONU, contrairement à la Martinique et à la Guadeloupe, représentées par la France.
Cette indépendance lui confère une marge de manœuvre, mais l’expose aussi à des pressions multiples. Le pays entretient des relations étroites avec les États-Unis, l’Union européenne et Israël, partenaires essentiels pour son développement économique et technologique. Dans ce contexte, afficher une position tranchée sur un dossier aussi sensible que le conflit israélo-palestinien comporte des risques.
S’abstenir, pour la Dominique, relève d’une stratégie d’équilibre.
La résolution votée à l’ONU ne condamnait pas explicitement l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, un point de friction pour plusieurs alliés des États-Unis. En s’abstenant, la Dominique évite de s’aliéner ses partenaires occidentaux, tout en ne s’opposant pas frontalement à la majorité internationale. Cette posture n’est pas nouvelle : en décembre 2023, la Dominique avait soutenu un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, mais s’était montrée absente lors d’un vote condamnant la Russie dans le conflit ukrainien.
La dépendance à l’aide internationale pèse lourd dans la balance.
Un vote trop affirmé contre Israël ou contre la position américaine pourrait entraîner des répercussions économiques ou diplomatiques. L’abstention permet ainsi de préserver les relations bilatérales, tout en maintenant une image de neutralité sur la scène internationale.
La Dominique illustre, par ce choix, la complexité de la diplomatie des petits États insulaires.
Loin d’un alignement automatique sur une puissance tutélaire, son vote à l’ONU répond à une logique pragmatique : défendre ses intérêts nationaux, tout en ménageant les sensibilités de ses partenaires. Dans un monde où les équilibres sont précaires, l’abstention devient, pour la Dominique, un outil de survie et d’affirmation de sa souveraineté.
Gérard Dorwling-Carter