Face au fléau du narcotrafic, Catherine Conconne interpelle le gouvernement sur l’urgence d’une action sanitaire et sociale en Outre-mer
Lors d’une récente séance au Sénat, la sénatrice martiniquaise Catherine Conconne, au nom du groupe socialiste, écologiste et républicain, a lancé un cri d’alarme sur les ravages du narcotrafic dans les Outre-mer, et notamment en Martinique. S’appuyant sur les conclusions du rapport parlementaire sur « le piège du narcotrafic » ainsi que sur les déclarations du ministre Manuel Valls lors de sa visite en Martinique, elle dénonce l’insuffisance de la réponse actuelle de l’État. Face à une situation qu’elle qualifie de “submersion massive”, elle exhorte le gouvernement à sortir de l’inertie, notamment en matière de prévention et de santé mentale.
« Nous sommes face à une submersion massive. »
Par ces mots lourds de sens, la sénatrice Catherine Conconne a entamé son intervention au Sénat, dans le cadre d’un débat sur la situation des territoires ultramarins face au narcotrafic. Reprenant les termes du rapport de la commission d’enquête présidée par ses collègues Durain et Blanc, elle alerte sur une crise existentielle qui menace profondément les sociétés antillaises.
La Martinique, a-t-elle rappelé, est à la fois une terre de transit pour les stupéfiants et un territoire désormais gangrené par une consommation de plus en plus précoce et massive.
« Les professionnels de santé mentale qui écopent à la main les effets dramatiques de cette vase de submersion sont dépassés »,
déplore-t-elle, avant d’appuyer son propos par un constat glaçant : près de la moitié des jeunes âgés de 18 à 24 ans reconnaissent avoir consommé du cannabis. Une réalité accablante qui dépasse le cadre sécuritaire, pour toucher directement à la cohésion sociale, à la santé publique et à l’avenir d’une jeunesse en détresse.
Elle rappelle que lors de sa venue en Martinique, Manuel Valls, alors ministre des Outre-mer, avait reconnu la gravité de la situation, parlant de “risques d’effondrement” pour le territoire. Et pourtant, selon elle, les actes ne sont toujours pas à la hauteur des paroles.
En réponse, Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins, a souligné que le gouvernement travaillait sur un plan de santé mentale, labellisé grande cause nationale. Il a évoqué des actions conjointes entre la médecine, la psychologie et les campagnes de prévention, notamment avec la Société française d’addictologie. Il a également rappelé l’engagement du ministère de l’Intérieur dans une politique de « tolérance zéro » vis-à-vis du narcotrafic.
Mais pour la sénatrice Conconne, ces réponses restent en deçà de l’urgence. Elle a vivement insisté sur la nécessité d’un calendrier clair et de mesures concrètes, dénonçant la dispersion actuelle des actions : « un petit spot radio par-ci, une journée de prévention par-là », là où la société martiniquaise vit une situation de chaos qui mérite une mobilisation massive, durable et cohérente.