Aujourd’hui 30 janvier, dans le cadre solennel de la résidence de la sous-préfecture du Marin, le sous-préfet Bastien Mérot a adressé ses vœux pour l’année nouvelle, en présence de personnalités telles que le préfet, des maires, des élus, et des représentants des forces de l’ordre et du secteur économique de la Martinique. (Discours complet et Reportage Photos en bas d’article)
M. Mérot a commencé par saluer les invités et remercier les agents de la sous-préfecture, célébrant leurs 50 ans d’existence et l’excellence de leur service. Il a rendu un hommage particulier à Mme Filin, une collaboratrice de longue date, pour son dévouement et sa contribution à la culture locale, notamment à travers le ballet Tjè Kréyol. Il a aussi accueilli Anne Foll, nouvelle secrétaire générale, tout en reconnaissant les contributions de Mme Usol et Mme Karteron, qui ont récemment quitté la sous-préfecture pour de nouvelles missions.
Son discours a également abordé les défis de 2024, incluant les violences subies par les forces de l’ordre, notamment à la caserne de Rivière Salée où une attaque a dramatiquement marqué les esprits. M. Mérot a salué le courage et la détermination des gendarmes et des pompiers qui ont œuvré sans relâche pour la sécurité de la région.
Dans un ton plus optimiste, le sous-préfet a mis en avant les succès et les projets de développement local. Il a souligné l’ouverture d’un nouveau cinéma à Rivière Salée, financé par la défiscalisation, comme un symbole de vitalité et de renouveau pour le sud de l’île. Il a aussi fait état de projets de développement durable tels que les Zones de Mouillage Organisé, essentielles pour protéger la Martinique contre les excès du tourisme.
Les initiatives économiques n’ont pas été omises, avec la mention de la première entreprise à but d’emploi des Antilles, visant à combattre le chômage longue durée, et le soutien à des projets hôteliers majeurs comme l’extension du Club Med et le nouveau projet hôtelier de la Pointe du Bout.
En matière de gouvernance, M. Mérot a exprimé son engagement pour le CRTE, un projet de territoire visant à adresser collectivement les enjeux du changement climatique, ainsi que le renforcement des CLSPD pour lutter contre la délinquance liée au narcotrafic.
Le discours s’est terminé sur une note de convivialité, invitant les participants à partager un moment autour d’un cocktail et de l’exposition de Marianne, puis à célébrer ensemble le début d’une année prometteuse.
LE DISCOURS :
Monsieur le préfet,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les sous-préfets, chefs de service de l’État Mesdames et Messieurs les représentants des forces de sécurité intérieures, gendarmes, pompiers,
Mesdames et Messieurs les agents de la sous-préfecture,
Mesdames et Messieurs les partenaires, entrepreneurs, représentants d’associations, artistes, autrices,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Merci de votre présence ! Pour ces vœux, on m’avait recommandé de faire un live sur tik tok, il paraît que ça fonctionne bien… mais en vous voyant tous ici en chair et en os, je me dis que j’ai bien fait d’abandonner cette idée !
Plus sérieusement je suis très heureux que nous puissions partager ce moment pour clore définitivement 2024, il serait temps en ces dernières heures de janvier, et pour nous projeter ensemble dans l’année 2025, et avoir le plaisir de nous voir, de nous parler, de nous retrouver.
A cet égard, je voudrais avant d’en venir aux vœux à proprement parler, vous saluer, saluer notre action collective.
D’abord, pour commencer par le commencement, c’est-à-dire la sous-préfecture dans laquelle nous sommes et qui est le lien qui nous unit ce soir, je voudrais saluer les agents de la sous-préfecture. Dire ma reconnaissance du travail qu’ils effectuent toute l’année, et leur dire qu’ils incarnent parfaitement à mes yeux les valeurs du service public, par leur engagement, par leur sens de l’accueil, leur conscience professionnelle. En 2024, vous le savez, nous avons pu célébrer les 50 ans de la sous-préfecture, grâce à la ville du Marin et grâce à la direction générale des outremers par l’entremise de la sous-préfète à la cohésion sociale.
Je suis heureux et fier avec eux que ces 50 ans d’action des agents qui œuvrent au quotidien pour l’intérêt général soient retracés sur les murs de la sous-préfecture et dans un recueil de témoignages, de façon à les inscrire dans la petite et la grande histoire de la Martinique.
J’ai à ce titre une pensée toute particulière pour une collègue qui nous quittera bientôt pour ouvrir une nouvelle page de sa vie, Mme Filin. Elle a œuvré de longues années pour la sous-préfecture, mais elle a aussi tant apporté au rayonnement de la Martinique, en contribuant à animer le ballet Tché Kréyol avec son mari, et en confectionnant les costumes de la troupe. Je vous demande de l’applaudir.
Je salue l’arrivée en 2024 d’Anne Foll qui est venue renforcer de son énergie et de sa compétence l’équipe de la sous-préfecture comme secrétaire générale. Je salue aussi ceux qui sont partis pour d’autres aventures : en particulier Mme Usol qui a longtemps œuvré à la sous-préfecture, et Mme Karteron qui évolue vers de nouvelles missions à la préfecture. Je les remercie sincèrement de tout ce qu’elles nous ont apporté.
J’ai enfin ce soir une pensée émue et chaleureuse pour un de nos collègues dont la famille proche a été atteinte dans sa chair par la tragédie de l’accident d’avion que nous avons connue ces derniers jours.
Je voudrais ensuite saluer Madame et Messieurs les maires, qui sont mes premiers interlocuteurs au niveau de l’arrondissement : je voudrais profiter de l’occasion pour les remercier de la confiance qu’ils m’accordent, de la qualité de nos relations, mais aussi saluer leur investissement, et souligner combien, à la fois comme représentants de l’Etat d’ailleurs et comme élus locaux, ils assument une mission d’une dureté extrême, qui exige un dévouement de tous les instants. Toujours à portée de baffe, ils sont constamment au front, à faire avancer leurs communes et à resserrer les liens au sein de la population. Alors en cette année préélectorale, je leur souhaite courage et foi dans la noblesse de leur mission.
En parlant de dureté de la mission, je souhaite également rendre hommage à l’action des gendarmes et des pompiers, qui ont assumé en 2024 une tâche immense, ont subi des attaques innommables, je pense bien sûr par exemple à la caserne de Rivière salée où je rappelle que des femmes et enfants ont dû se réfugier une nuit durant dans l’espoir d’éviter des tirs à balles réelles, pendant que les gendarmes résistaient héroïquement à une tentative de lynchage avec le peu de matériel dont ils disposaient.
Mais je pense plus largement à tous les gendarmes, tous les pompiers qui ont été des nuits durant, parfois sans répit, sur le terrain, à tenter d’éviter que la Martinique et l’arrondissement sud ne subissent plus de dégât qu’ils n’en avaient déjà subi dès les premières exactions d’octobre. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le dire mais je veux redire l’admiration que je porte à ces femmes et ces hommes de la compagnie du sud qui, en plus d’avoir œuvré avec abnégation pour notre protection, ont toujours su conserver une attitude équilibrée, proportionnée, y compris face aux agressions les plus brutales. Je vous invite là encore à les applaudir si vous le voulez bien.
Dans le même esprit encore, ma pensée va aux entreprises et commerces du Sud qui ont été pillés, brûlés, et qui aujourd’hui voient leurs primes d’assurance atteindre des montants astronomiques. Je pense au monde économique qui se mobilise néanmoins pour faire naître de nouveaux projets, pour créer des emplois pour les Martiniquais.
Plus généralement ma pensée va à l’ensemble de ces acteurs de la société que vous représentez, aux corps intermédiaires, aux associations, mais aussi aux artistes, à ces modèles positifs, qui sont parfois passés au second plan ces derniers mois. La légitimité des élus et des corps intermédiaires a pu ainsi être battue en brèche, comme elle l’est de façon structurelle dans une société qui remet en question des formes d’autorité traditionnelle. Je veux rappeler que vous êtes les ferments de la société et que le sens de l’action de la sous-préfecture, c’est précisément de vous accompagner pour que votre action puisse prospérer. Je voudrais illustrer mon propos en évoquant M. Rapon, qui s’est vu attribuer l’ordre national du mérite récemment, modeste récompense au regard de son action constante depuis des années en faveur d’une société apaisée, soudée, consciente de ses racines amérindiennes notamment, et valorisant son patrimoine historique, à travers son association Karisko.
La Martinique a une grande chance, celle de disposer d’une dynamique de création d’association 40 % supérieure à la moyenne nationale, cela fait partie de nos forces, et c’est sur ces forces, j’en suis convaincu, que se construit la Martinique de demain, et qu’elle incarne déjà la plus belle « voix des outremers », pour reprendre la formule chère à Fabrice Di Falco.
Comme j’évoque ces étoles martiniquaises, je salue aussi à titre plus personnel ceux qui font qu’ici, avec ma famille, nous nous sentons vraiment à la maison : directeurs d’école, responsables de creche, et j’aimerais exprimer tout particulièrement ma gratitude et mon estime pour Madame Térez Léotin, qui nous fait l’honneur d’être parmi nous ce soir, elle qui incarne le combat en faveur du créole, et d’un créole préservé dans sa singularité et dans sa beauté prodre. Mési anpil pou lisson kreyol, Mesi mési pou tout bel monman nou ka passé ansam pou palé kreyol, sé an lonnè pou mwei Kreyol, Mesi mési pou tout bel monman nou ka passé ansam pou palé kreyol, sé an lonné pou mwen det zelev’w.
Encore un mot pour saluer et remercier les services de l’État qui sont nos partenaires pour accompagner le territoire et ses acteurs : DEAL. DM, DAAF, DRFIP, DAC, rectorat, ARS, DEETS, France Travail, etc, mais aussi les autres collègues sous-préfets avec qui nous partageons beaucoup, ou encore les services de la préfecture toujours présents et disponibles. C’est une autre des chances qu’a la Martinique, celle de disposer de services de l’État investis et compétents et qui cherchent constamment des solutions pour répondre aux problématiques rencontrées.
Enfin, je veux bien sûr saluer le préfet Bouvier, qui part bientôt et qui nous fait l’honneur de sa présence. Monsieur le préfet vous avez servi la Martinique depuis 2022, et vous l’avez fait en homme de dialogue, en amoureux de la Martinique, mais aussi en homme de courage, rappelant par votre action que l’État est là pour protéger la population contre toute forme de violences, tout en construisant, avec l’ensemble des élus et des forces vives martiniquaises des réponses aux défis contemporains. Merci de votre action en notre nom à tous.
Je voudrais finir en saluant l’année 2024 pour mieux embrasser 2025 :
2024 nous a offert de beaux succès, qui nourrissent mon optimisme pour l’avenir. Ces succès, ils s’incarnent à mon sens de deux manières :
D’abord nous avons su renforcer les liens qui nous unissent : à l’heure de l’éclatement des responsabilités et de la défiance généralisée, la co-décision et la co-construction sont à mon sens le seul chemin pour refonder l’autorité et, plus prosaïquement, atteindre l’efficacité qu’attendent nos concitoyens.
Ainsi, nous avons mis en place des revues de projets communaux avec chaque commune, qui au rythme de deux par an, permettent un véritable travail partenarial et dans la durée aux côtés des communes.
Ainsi également, nous avons posé les fondements du GIP Sargasses en votant son premier budget et en faisant pleinement vivre la gouvernance partagée qui le caractérise.
Ainsi enfin, nous avons vu l’accompagnement des chefs de projets « Petites villes de demain » prendre son essor : ils ont pleinement joué leur rôle d’ingénierie et de mobilisation des réseaux d’acteurs au profit de projets aussi exemplaires que la reconquête des dents creuses du Saint Esprit ou la refonte de l’entrée de ville des Anses d’Arlet.
Et je ne parle pas de l’action collective et partenariale menée en particulier avec M. le conseiller exécutif Nicaise Monrose contre la prédation des troupeaux par les chiens errants.
Ensuite, nous avons su inventer ou conquérir de nouveaux outils pour répondre aux nouvelles attentes de la population ou aux nouveaux défis :
A titre d’exemples :
Nous avons vu naître la première entreprise à but d’emploi des Antilles, qui fait vivre le territoire zéro chômeur longue durée, et obtenu le premier Quartier prioritaire de la politique de la ville dans le sud à Rivière Pilote.
Nous avons vu se dérouler à une vitesse spectaculaire des chantiers de construction d’écoles aux normes parasismiques au Marin, avec un soutien financier élevé de l’État.
Nous avons connu l’ouverture d’un nouveau cinéma dans le sud, à Rivière salée, là encore financé par la défiscalisation, symbole d’une nouvelle dynamique et d’une nouvelle centralité au coeur de l’arrondissement.
Vous l’aurez donc compris, je formule le vœu qu’en 2025, nous puissions poursuivre et puiser plus encore dans cette double inspiration, celle du partenariat et celle de l’innovation : autrement dit, encore mieux faire ensemble, en abordant l’avenir avec les lunettes et les outils de demain.
En ce qui concerne le défi du partenariat, comme le dit le proverbe Tousel ou kay pli vitt ansanm ou kay pli lwen – Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Je nous souhaite donc de continuer à aller ensemble.
Je veux croire en notre possibilité, au niveau du sud, à faire vivre une gouvernance autour du projet de territoire dont les élus se sont dotés, qui s’appelle le CRTE, afin de pouvoir faire avancer collectivement les projets les plus utiles au territoire, en particulier ceux relatifs au défi du changement climatique.
Je place aussi beaucoup d’espoir, à ce titre du collectif, dans l’animation renforcée des CLSPD. Le territoire fait face à un risque majeur, celui du narcotrafic et du narco banditisme, qui s’alimente de la délinquance et de la criminalité quotidienne : notre devoir est de répondre collectivement à ce mal qui nous menace.
En ce qui concerne les outils d’avenir,
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En matière environnementale je pense bien entendu aux Zones de mouillage organisé que nous avons en quelque sorte l’impératif moral de développer pour préserver la Martinique contre les excès du surtourisme.
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En matière économique, j’ai aussi en tête la nécessaire réussite des projets hôteliers qui vont voir le jour sur le sud, hôtel de la pointe du bout, extension du club med. Nous avancerons aussi au côté de la CTM, de Ducos et de l’Espace Sud sur le projet de zone industrielle au Pays noyé.
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En matière d’habitat, nous accompagnerons des projets de construction de logements comme celui de Maison Rouge. La conférence sur le foncier fera émerger, je l’espère de nouveaux leviers pour lutter contre l’indivision qui obère l’accès au foncier et in fine à l’habitat.
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2025 devra enfin nous permettre de mieux répondre aux enjeux sociaux majeurs auxquels la population est confrontée: un projet comme celui du lieu d’accès inconditionnel aux droits du François devra aboutir.
Vous connaissez l’expression latine : Audaces fortuna juvat : la fortune sourit aux audacieux : alors je nous souhaite de continuer d’être audacieux et de porter ensemble les projets dont la Martinique a besoin.
Je voudrais conclure avec une citation de Patrick Chamoiseau, issue d’un livre paru en 2024, qui s’intitule Le Diamant de Glissant, et qui évoque donc bien entendu un paysage bien connu du Sud : « Ce qu’il existe de tendre/ et de sensible/ dans le soleil et dans le sable/ s’est accordé ici/ pour habiter les ombres/ d’une secrète lumière. »
Je formule le vœu que nous puissions tous trouver en 2025, même dans les ombres les plus obscures, cette secrète lumière.
Merci à vous tous d’avoir supporté mon long discours, et je vous invite désormais à boire un verre et à découvrir l’exposition sur la figure de Marianne à travers les âges, qui vient en écho à notre Marianne martiniquaise, qui orne le mur extérieur de la sous-préfecture, et nous offre ainsi une forme de prolongement à la célébration des 50 ans.
Merci à vous, et très belle année 2025 !
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