L’enquête de besoin de main d’œuvre a été présentée, lundi à France Travail. Résultat : les projets de recrutement sont en baisse pour la deuxième année consécutive. Les intentions d’embauche atteignent 13 330, une baisse de 4,6% par rapport à 2024.
L’économie martiniquaise a été fragilisée par des chocs successifs ces dernières années. La pandémie du Covid en 2020 met à l’arrêt l’économie pas seulement martiniquaise mais mondiale. Premier choc inflationniste. Viendra ensuite le conflit ukrainien. Deuxième choc inflationniste. Le troisième est politique mais aux lourdes conséquences économiques : l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Le chef d’état américain a exprimé la volonté de revoir les droits de douanes à l’import. « Bien qu’on exporte peu vers les Etats-Unis, nous restons très dépendants de cette conjoncture mondiale qui crée des incertitudes », indique Adrien Boileau, responsable du service étude de l’Iedom, venu ce lundi brosser un contexte de l’économie locale. Il faut y ajouter un climat local sous tension notamment en fin de l’année 2024 qui a eu des conséquences sur l’économie du territoire. Or cette année, c’est dans ce cadre que s’est élaborée l’enquête annuelle de France Travail sur le besoin en main d’œuvre Elle s’est tenue entre octobre et décembre 2024. En effet, le climat des affaires perd 8 points par rapport à 2023. « Le mouvement que l’on a vu en fin d’année accentue une tendance qui était déjà installée, le ralentissement de l’économie.
En 2025, les projets de recrutement s’élèvent à 13 330, en baisse de 4,6% par rapport à 2024. La chute du pourcentage de projets de recrutement se confirme depuis deux ans après une année 2023 record avec 16 356 projets de recrutement. 45% de ces projets sont issus du secteur des services aux particuliers. Parmi les établissements interrogés, 3 sur 10 envisagent de recruter.
Agriculteur: le métier le plus recherché
Le métier le plus recherché par les recruteurs est agriculteur suivi d’aide à domicile/auxiliaire de vie. Les professionnels de l’animation socioculturelle viennent compléter le podium. Dans ce top 10 figurent également, les jardiniers, les employés de libre service, le personnel de ménage, les serveurs et les maçons. Même le monde artistique manque de bras puisque les artistes sont à la neuvième place des métiers les plus recherchés.
Le secteur de l’hôtellerie-restauration voit son pourcentage baisser de 13 points quant aux projets de recrutement. « Cela montre l’inquiétude dans laquelle nous étions en 2024 » : afin d’illustrer le besoin criant de main d’œuvre en Martinique, Sébastien Gintz, directeur de l’hôtel Bakoua est venu partager son expérience. Ces 5 dernières années, l’attractivité du secteur a fortement diminué. Le Covid est passé par là. « Avec le Covid, on s’est rendu compte que l’on pouvait perdre son emploi du jour au lendemain. Les travailleurs veulent un emploi pérenne », confie Sébastien Gintz. Il explique aussi que les nouveaux travailleurs recherchent un équilibre entre leur emploi et leur vie professionnel, un ratio qui ne semble pas correspondre dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. « Certes nous ne pouvons pas proposer de télétravail mais nous sommes un secteur qui recrute. Travailler en décaler peut représenter des avantages. »
Laurianne Nomel