L’élection d’un trio brutal et nationaliste à la tête des États-Unis oblige la France et l’Europe à revoir leur approche des relations internationales. Entre critiques systématiques et nécessité d’adaptation, Maurice Laouchez invite à une réflexion sur les enjeux géopolitiques actuels et l’impératif de redéfinir une stratégie diplomatique basée sur les valeurs, les intérêts et les moyens de l’Europe.
S’ADAPTER A LA NOUVELLE DONNE INTERNATIONALE
Après une campagne électorale où l’argent et les mensonges coulèrent à flot, l’un des deux plus puissants pays du monde s’est donné comme dirigeants un trio d’hommes blancs qui ne cachent ni leur brutalité, ni leur racisme, ni leur volonté d’égoïsme national.
Face à cette donnée incontournable pour au moins quatre ans, deux attitudes sont possibles.
La première attitude, largement répandue aujourd’hui, consiste à critiquer systématiquement ce puissant trio et à chercher à le contrer de toutes les manières possibles.
Or, on voit bien que tout ce qu’il fait n’est pas condamnable.
Par exemple, la réalisation d’un début de paix à Gaza permet d’envisager d’un oeil nouveau l’évolution d’une partie du monde où la barbarie règne depuis 75 ans.
Par exemple la chasse à la bureaucratie irresponsable régnant à Washington comme dans beaucoup d’autres démocraties permet d’alléger le fardeau des impôts.
Par exemple les perspectives de paix en Ukraine, malgré l’inefficacité de l’Union Européenne sur ce dossier qui la concerne pourtant au premier chef, permettent d’imaginer que l’Europe n’enclenchera pas une troisième guerre mondiale.
La nouvelle donne états-unienne oblige en fait la France et l’Europe à réinventer, enfin, une véritable politique internationale.
Depuis l’évènement majeur que fut la chute du mur de Berlin, en 1989, vite suivi de l’effondrement de l’Union soviétique communiste, ni la France ni l’Europe n’ont su mettre en place une nouvelle relation avec la Russie, ni avec le reste du monde, par exemple en Afrique.
Malgré les nombreuses démarches de paix du président de cet immense pays, le lobby militaro-industriel de l’OTAN ne s’est préoccupé que d’installer des bases de fusées autour de la Russie.
Aujourd’hui, la démarche occidentale consistant à demander aux peuples des efforts pour constituer une armée contre ce pays, au motif que Vladimir Poutine projetterait un jour de conquérir la place de la Concorde à Paris, est juste dérisoire.
Rappelons que le budget Défense de la Russie est 9 fois inférieur à celui des Etats-Unis, à peine deux fois supérieur à celui de la France, et que son Produit Intérieur Brut n’atteint pas le tiers de ceux de la France et de l’Allemagne réunies.
Toute politique internationale doit être conduite avec trois piliers simples: nos valeurs, nos intérêts et nos moyens.
La nouvelle donne créée par le trio de Washington impose à la naïve Europe de revenir à ces fondamentaux, quelque peu perdus de vue depuis de trop longues années.
MANMAY, AN NOU GADÉ DOUVAN