À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Kevin Lognoné met en lumière la richesse des figures féminines ultramarines à travers un hommage au poème Ode à la femme de Saint-John Perse, prix Nobel de littérature (son discours lors de la remise de ce prix). Malgré leur talent et leur influence, ces voix restent souvent dans l’ombre. Pourtant, elles portent en elles la force du monde et des éléments, comme le décrit avec passion le poète dans ses vers puissants.
Journée internationale du 8 mars : Ode à la femme de Saint -John Perse, prix Nobel de littérature
LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES EST CÉLÉBRÉE LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE. CETTE COMMÉMORATION EST INSCRITE À L’AGENDA DES NATIONS UNIES DEPUIS 1945, ANNÉE OÙ ELEANOR ROOSEVELT A ADRESSÉ UNE « LETTRE OUVERTE AUX FEMMES DU MONDE ENTIER », LES EXHORTANT À S’IMPLIQUER DAVANTAGE DANS LES AFFAIRES LOCALES MAIS AUSSI INTERNATIONALES.
On pense bien entendu à l’histoire des Sœurs de St Joseph de Cluny. Pourtant, les figures féminines, leurs voix singulières, sont encore largement invisibilisées dans l’espace public. Or, les Outre-Mer ne manquent pas de talents au féminin, comme témoigne le poème : Ode à la femme de Saint-John Perse, prix Nobel de littérature.
” Ô femme et fièvre faite femme ! Lèvres qui t’ont flairée ne fleurent point la mort. Vivante – et qui plus vive ? – Tu sens l’eau verte et le récif, tu sens la vierge et le varech, et tes flancs sont lavés au bienfait de nos jours. Tu sens la pierre pailletée d’astres et sens le cuivre qui s’échauffe dans la lubricité des eaux. Tu es la pierre laurée d’algues au revers de la houle, et sais l’envers des plus grands thalles incrustés de calcaire. Tu es la face baignée d’ombre et la bonté du grès. Tu bouges avec l’avoine sauvage et le millet des sables et le gramen des grèves inondées ; et ton haleine est dans l’exhalaison des pailles vers la mer, et tu te meus avec la migration des sables vers la mer…”
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” Submersion! Soumission! Que le plaisir sacré t’inonde sa demeure! Et la jubilation très forte est dans la chair, et de la chair dans l’âme est l’aiguillon. J’ai vu briller entre tes dents le pavot rouge de la déesse. L’amour en mer brûle ses vaisseaux. Et toi, tu te complais dans la vivacité divine comme l’on voit les dieux agiles sous l’eau claire, où vont les ombres dénouant leurs ceintures légères…Hommage, hommage à la diversité divine! Une même vague par le monde, une même vague notre course… Étroite la mesure, étroite la césure, qui rompt en son milieu le corps de femme comme le mètre antique, et l’odeur de ses vasques erre dans notre lit…Rouge d’oursin les chambres du plaisir.”
Saint-John Perse
Amers, p. 333/334, La pléiade.
Une contribution proposée par Kevin LOGNONÉ