Port-au-Prince, 2 avril 2025 – Des milliers de manifestants ont envahi les rues de la capitale haïtienne ce mercredi pour dénoncer l’insécurité grandissante et l’inaction du gouvernement de transition face aux gangs qui contrôlent près de 85 % de la ville, selon l’ONU. Ce qui avait débuté comme une mobilisation pacifique s’est rapidement transformé en affrontements violents avec les forces de l’ordre.
Des manifestations sous haute tension
La colère de la population s’est exprimée avec force devant les bureaux du Premier ministre et du Conseil Présidentiel de Transition, accusés d’inaction face aux violences. Certains manifestants armés ont ouvert le feu, provoquant une riposte immédiate de la police à coups de gaz lacrymogène.
Dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, les habitants vivent sous la menace constante des gangs, accusés d’extorsions, enlèvements, viols collectifs et meurtres. Plus d’un million de personnes ont déjà été forcées de fuir leur domicile pour échapper aux combats de rue entre bandes rivales.
Une ville en état de siège
La situation sécuritaire de la capitale est alarmante :80 à 85 % de la ville est sous le contrôle des gangs, divisée en zones rouges (contrôle total), zones oranges (contrôle partiel) et quelques secteurs plus sécurisés.
Les habitants vivent dans une peur constante, soumis aux violences des gangs qui imposent leurs propres lois.
Les écoles et commerces restent fermés, paralysant l’économie locale.
Les organisations humanitaires alertent sur une catastrophe humanitaire imminente : plus de 700 000 déplacés s’entassent dans des camps insalubres, sans accès à l’eau potable ni aux soins médicaux.
Une économie asphyxiée
La violence qui gangrène Port-au-Prince a plongé Haïti dans une grave crise économique :
Le PIB a chuté de 8,5 % depuis 2015, marquant une cinquième année de récession consécutive.
Le secteur manufacturier a perdu 30 000 emplois, avec une baisse de 20 % des exportations.
Le commerce et l’industrie hôtelière se sont effondrés, enregistrant des baisses respectives de 26 % et 23 %.
L’inflation dépasse 29 %, exacerbée par les blocages routiers, pénuries d’essence et pannes d’électricité.
De nombreuses entreprises ont dû fermer, comme les Laboratoires Farmatrix, incapables de fonctionner dans des zones sous contrôle des gangs.
Une population prisonnière de la terreur
Les habitants de Port-au-Prince tentent de survivre dans un climat de violence quotidienne :
Se déplacer est devenu un danger constant, avec des quartiers où l’entrée est strictement contrôlée par des factions armées.
Les enlèvements sont monnaie courante, et les fusillades éclatent à tout moment.
Les enfants et adultes souffrent de graves traumatismes psychologiques liés aux violences.
Les hôpitaux sont en rupture de médicaments, et l’accès à l’eau potable est limité.
Quel avenir pour Haïti ?
Face à cette crise, la population réclame des actions immédiates pour restaurer la sécurité et garantir un retour à la normale. Mais l’inefficacité du gouvernement de transition et de la mission de sécurité soutenue par l’ONU laisse peu d’espoir d’un changement rapide.
Haïti s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’instabilité, la violence et l’effondrement économique. L’urgence d’une intervention efficace et coordonnée n’a jamais été aussi pressante pour éviter une catastrophe humanitaire majeure.