Philippe La Cognata (MI)

L’Institut d’émission des départements d’outremer a récemment présenté le bilan de l’année 2010 en Martinique. Reprise, es-tu enfin à l’horizon ?

 

Concernant les prix à la consommation, l’étude de l’Iedom indique une baisse des prix de l’alimentation et des produits manufacturés (- 0,2 et – 0,3 %) ; baisse qui aurait permis de limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie (+12,5 % sur un an). Tout conducteur pourra sans doute en attester : fin 2010, les prix du super sans plomb et du gazole ont retrouvé des niveaux supérieurs (respectivement de 15,8 et 18,8 %) aux prix en vigueur un an plus tôt. La consommation des ménages (« principal moteur de la croissance économique ») a montré quelques signes de reprise. Les importations de biens de consommation ont augmenté de 16 % (+ 1,9 % par rapport à 2008). Selon l’étude, cette consommation a bénéficié du « plein effet » de mesures sociales (RSTA notamment), d’une concurrence accrue dans la grande distribution, et de la vigueur du marché automobile en fin d’année (prime à la casse). Précisément, les immatriculations de véhicules particuliers neufs ont progressé d’environ 0,4 % sur l’année (après -3,9 % en 2009). L’encours bancaire des crédits à la consommation, « souvent destinés à l’achat d’automobiles ou de biens durables », s’est stabilisé (- 0,2 %, contre – 6 % en 2009). Toujours selon la note de l’Iedom, cette progression a eu lieu en dépit du niveau toujours élevé du chômage et des difficultés de trésorerie des ménages – le nombre de retraits de cartes bancaires a augmenté de 16,2 % sur un an, et le nombre de dossiers de surendettement, de 26,3 %.

La reprise de la « demande intérieure » a entraîné une augmentation significative des importations en valeur, qui augmentent de 25,3 % sur l’année 2010. La progression des importations a été amplifiée par des restockages (en raison d’une baisse d’activité et de difficultés de trésorerie, des entreprises avaient procédé à des déstockages en 2009, ndr), ainsi que par la reprise de la consommation. Les importations de biens des industries automobiles ont nettement progressé (+ 20 %), et la hausse des exportations (+ 19,9 %) a principalement été portée par celle des produits agricoles (+ 129,7 %).

 

Concernant le secteur du tourisme, le nombre de passagers à l’aéroport (1,6 million) se redresse de 4,1 % (après – 4,8 % en 2009). Il s’agit là selon l’Iedom, d’une évolution néanmoins en deçà de la reprise du tourisme mondial en 2010 (+ 6,7 %). Sur la croisière, 74.000 passagers ont fait escale en Martinique (+ 21,5 %) ; et ce, en dépit de la réduction du nombre de navires (92, contre 102 en 2009). Situation très moyenne quant au taux d’occupation des hôtels, qui affiche 47,6 % en 2010 (contre 47,8 % en 2009, et 54,6 % en 2008). La situation financière du secteur hôtelier reste difficile. Le passage de l’ouragan Tomas (en octobre dernier), a entraîné une perte d’environ 10.000 tonnes dans la production de bananes (qui a cependant continué de progresser en 2010, retrouvant un niveau antérieur au passage du cyclone Dean). La campagne cannière a été également perturbée par les aléas météorologiques  :  202.000  tonnes  broyées  (- 9,4 % par rapport à 2009). En matière de rhum agricole enfin, les distilleries ont produit 68 milliers d’hectolitres d’alcool pur (HAP) – en retrait de 3,7 % sur un an –, alors que le marché du rhum à l’export a augmenté de 26,5 % en volume HAP.

A en croire cette étude, la résorption des difficultés de nos « secteurs-clés » – le BTP et le tourisme (« à forte densité de main d’œuvre ») –, devrait conditionner le rebond tant espéré de l’économie martiniquaise.

Mike Irasque.

A l’issue de cette présentation, nous avons interrogé le directeur de l’Iedom Martinique. (voir l’interview dans le magazine)

 

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