Lu ce jour, un fabuleux article du jnl Le Monde qui fait le point sur la quête des métaux rares. Ces derniers sont nécessaires et indispensables à toutes les technologies modernes et sont « surveillés » de près par toutes les grandes puissances. Au premier rang desqules : LE CHINE, et, LES USA…
Voici quelques extraits in Le monde du 12 janvier 2018.


Le journaliste Guillaume Pitron, lauréat 2017 du prix Erik-Izraelewicz, publie un livre édifiant sur ” la face cachée ” de la transition énergétique et numérique : ” Les métaux rares sont en train de changer le monde “, écrit-il. Une enquête aux sources des prochains conflits économiques et géopolitiques

Mais, dès les années 1970, ils ont commencé à tirer parti des fabuleuses propriétés magnétiques et chimiques d’une multitude de petits métaux rares contenus dans les roches terrestres dans des proportions bien moindres. Cette grande fratrie unit des cousins affublés de noms aux -consonances énigmatiques : terres rares, graphite, vanadium, germanium, platinoïdes, tungstène, antimoine, béryllium, fluorine, rhénium,prométhium…

Il faut traiter 1200 tonnes de roche pour obtenir un kilog de Lutécium

Il faut purifier huit tonnes et demie de roche pour produire un kilo de vanadium, seize tonnes pour un kilo de cérium, cinquante tonnes pour l’équivalent en gallium, et le chiffre ahurissant de mille deux cents tonnes pour un malheureux kilo d’un métal encore plus rare, le lutécium.

« Au cours des trente prochaines années on extraira davantage de minerais que ce que l’humanité a prélevé depuis 70 000 ans”


Deuxième constat, d’ordre écologique : -notre quête d’un modèle de croissance plus écologique a plutôt conduit à l’exploitation intensifiée de l’écorce terrestre pour en -extraire le principe actif, à savoir les métaux rares, avec des impacts environnementaux encore plus importants que ceux générés par l’extraction pétrolière. Soutenir le changement de notre modèle énergétique exige déjà un doublement de la production de -métaux rares tous les quinze ans environ, et -nécessitera au cours des trente prochaines années d’extraire davantage de minerais que ce que l’humanité a prélevé depuis 70 000 ans. Or les pénuries qui se dessinent pourraient désillusionner Jeremy Rifkin, les industriels des green techs et le pape François.

En voulant nous émanciper des énergies fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance, plus forte encore. Robotique, intelligence arti-ficielle, hôpital numérique, cybersécurité, biotechnologies médicales, objets connectés, -nanoélectronique, voitures sans chauffeur… Tous les pans les plus stratégiques des économies du futur, toutes les technologies qui décupleront nos capacités de calcul et -moderniseront notre façon de consommer de l’énergie, le moindre de nos gestes quotidiens et même nos grands choix collectifs vont se révéler totalement tributaires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élémentaire, tangible, palpable, du XXIe siècle. Or cette addiction esquisse déjà les contours d’un futur qu’aucun oracle n’avait prédit.

Chaque année, le United States Geological Survey (USGS), une agence chapeautée par le ministère de l’intérieur américain et dont le rôle est d’étudier les ressources minières, -publie un rapport d’une importance primordiale : le ” Mineral Commodity Summaries “. Quatre-vingt-dix matières premières indispensables à nos économies modernes y sont passées au crible des analystes. Sur plus de deux cents pages se succèdent des statistiques concernant les ressources disponibles, les stocks mondiaux et, surtout, la répartition de leur exploitation dans le monde. Or ce dernier indice est alarmant : l’USGS nous informe que Pékin produit 44 % de l’indium consommé dans le monde, 55 % du vanadium, près de 65 % du spath fluor et du graphite naturel, 71 % du germanium et 77 % de l’antimoine. La Commission européenne tient sa propre liste et abonde dans le même sens : la Chine produit 61 % du silicium et 67 % du germanium. Les taux atteignent 84 % pour le tungstène et 95 % pour les terres rares. Sobre conclusion de Bruxelles : ” La Chine est le pays le plus influent en ce qui -concerne l’approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques. “

Dans le sillage de la Chine, une myriade d’Etats appliquant une logique de spécialisation minière ont également acquis des positions majoritaires, voire monopolistiques. La République démocratique du Congo produit ainsi 64 % du cobalt, l’Afrique du Sud fournit 83 % du platine, de l’iridium et du ruthénium, et le Brésil exploite 90 % du niobium. L’Europe est également dépendante des Etats-Unis, qui produisent plus de 90 % du béryllium. Enfin, d’autres pays détiennent une quote-part de la production mondiale suffisamment importante pour pouvoir provoquer une situation de pénurie temporaire et de fortes variations des cours. C’est le cas de la Russie, qui contrôle à elle seule 46 % des approvisionnements de palladium, et de la Turquie, qui fournit 38 % des approvisionnements en borate.

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