Réguler le foncier, c’est permettre aux Martiniquais de rester chez eux, dignement.
Le 28 mai 2025, dans le cadre des Rencontres de la FDE organisées par le CNAM Martinique et la Faculté de Droit et d’Économie, une conférence consacrée à l’immobilier en Martinique a rassemblé plus d’une centaine de personnes à l’université de Schoelcher. Face à la flambée des prix, à la spéculation galopante et aux difficultés croissantes d’accès au logement, de nombreuses voix, dont celle de Daniel Chomet, se sont élevées pour appeler à un sursaut politique, juridique et citoyen.
C’est dans une salle comble de l’amphithéâtre Michel Louis, sur le campus de Schoelcher, que s’est tenue la conférence intitulée « Immobilier en Martinique : prix, taux, tendance – ce que révèlent les chiffres ». Jean-Émile Simphor, maître de conférences et directeur du CNAM Martinique, y a dressé un état des lieux aussi rigoureux qu’inquiétant du marché immobilier local, en présence de nombreux professionnels du secteur.
Parmi les participants, les membres du mouvement Schoelcher Dynamique et Solidaire, engagés depuis plusieurs années sur les enjeux sociaux et d’aménagement du territoire, ont apporté leur regard politique. Daniel Chomet, leur chef de file, a livré un message clair : la situation actuelle de l’immobilier en Martinique ne peut plus être laissée à la seule logique du marché.
Dans son intervention, M. Chomet a souligné l’urgence d’une régulation face à une spéculation qui empêche aujourd’hui nombre de Martiniquais – notamment les jeunes – d’envisager une acquisition immobilière sur leur propre territoire. « Ce qui semblait naturel hier est devenu aujourd’hui une problématique pour nos jeunes désireux de vivre au pays », déplore-t-il. Et de poser la question essentielle : comment accepter que, dans un territoire où la précarité et le chômage sont trois fois plus élevés qu’en Hexagone, le droit au logement soit déterminé par les seules forces du marché ?
Prenant l’exemple de Schoelcher, ville très prisée où les prix explosent, Daniel Chomet alerte : les Schoelcherois eux-mêmes ne parviennent plus à se loger dans leur commune d’origine. Un paradoxe inacceptable, selon lui, qui appelle à une véritable réponse politique, même si cela suppose de bousculer certains cadres juridiques nationaux ou européens.
Il plaide ainsi pour une « conditionnalité à l’accès à la propriété en Martinique », en assumant le caractère potentiellement anticonstitutionnel d’une telle proposition. Mais, affirme-t-il,
« notre histoire politique a démontré que c’est dans l’adversité que se réalisent les conquêtes ».
Pour le mouvement Schoelcher Dynamique et Solidaire, il est temps de réfléchir à des instruments de régulation efficaces, capables de favoriser l’installation des jeunes Martiniquais au pays, de limiter la spéculation, et de répondre aux déséquilibres démographiques et sociaux.
En conclusion, Daniel Chomet salue la tenue de cette conférence et félicite les organisateurs, en particulier Jean-Émile Simphor, pour la qualité des échanges et la pertinence des analyses. « Il faudra du courage, de la lucidité et de la volonté politique pour changer les choses », affirme-t-il, convaincu que le moment est venu de repenser l’accès à la propriété en Martinique, non comme un privilège réservé à une minorité, mais comme un droit fondamental à garantir à tous ceux qui veulent vivre et construire ici.
Philippe Pied