Jean-Yves Bonnaire, président de Contact-Entreprises, réagit dans un courrier aux déclarations de Serge Letchimy, président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, concernant les monopoles, la régulation des prix et l’utilisation des fonds européens POSEI. Dans cet entretien, il clarifie les enjeux et répond à nos questions.
Antilla : Vous avez récemment réagi aux propos de Serge Letchimy concernant les monopoles et oligopoles en Martinique. Pourquoi était-il important pour vous d’intervenir ?
Jean-Yves Bonnaire : Les propos du président Letchimy, affirmant que « le système économique de la Martinique crée des monopoles et des oligopoles », ne reflètent pas la réalité. L’étroitesse du marché avec de surcroît une population en décroissance, la plus grande complexité du métier de distributeur en économie insulaire, expliquent que la multiplication à outrance du nombre d’acteurs dans la distribution alimentaire est une situation qui a peu de chance de se produire chez nous. En tant que président de Contact-Entreprises, je me dois de rappeler que l’économie martiniquaise est régie par des règles législatives strictes, encore plus sévères en Outre-mer qu’en Hexagone. Par exemple, les seuils de contrôle de concentration sont plus bas dans nos territoires et les pratiques comme les droits exclusifs d’importation y sont interdites.
L’Autorité de la concurrence et la DGCCRF s’investissent pleinement ici pour garantir la transparence et le respect de la loi. Ces institutions, par leurs audits et contrôles, assurent un environnement économique qui favorise la concurrence. Dans d’autres secteurs de l’économie, des pratiques commerciales jugées contraires à la loi ont été sanctionnées par ces mêmes institutions. S’agissant spécifiquement de la distribution alimentaire, les données, corroborées par des rapports récents de ces institutions, montrent que notre économie n’est pas structurée autour de monopoles ou d’oligopoles. Il est donc crucial de rectifier et clarifier ces idées pour éviter que l’opinion publique ne stigmatise à tort certaines entreprises martiniquaises et par extension, « l’entreprise martiniquaise ». Nous n’avons rien à gagner d’une situation où la défiance des consommateurs envers les acteurs économiques locaux serait généralisée.
La situation de marché, avec effectivement des prix élevés dans beaucoup de secteurs, est insupportable pour de nombreux Martiniquais. Ce constat est également partagé par les acteurs économiques parfaitement conscients des réalités locales. Tous les acteurs territoriaux, économiques et politiques, les acteurs nationaux aussi comme l’État, ont donc intérêt à favoriser l’émergence et la mise en œuvre urgente de solutions pérennes permettant de réduire les prix offerts aux consommateurs dans les commerces alimentaires.
Le président Letchimy a également évoqué l’impuissance de la CTM en matière de régulation des prix. Quelle est votre analyse sur ce point ?
Dire que la CTM n’a « aucune compétence » pour agir sur les prix revient à simplifier de manière excessive un problème complexe. Certes, certains aspects comme la régulation des marges commerciales sont à la main de l’État ou de l’Autorité de la concurrence. Cependant, plusieurs leviers locaux pourraient être actionnés par nos décideurs politiques pour redonner du pouvoir d’achat aux Martiniquais.
Par exemple, l’amélioration des services publics, notamment les transports en commun, pourrait directement réduire les dépenses des Martiniquais. Le poste transport-mobilité est en effet le premier poste de dépenses des foyers martiniquais. De plus, la CTM pourrait aligner ses délais de paiement à la règle pour améliorer la trésorerie des entreprises locales, ce qui aurait un impact positif sur les coûts globaux. Enfin, l’optimisation des subventions européennes, souvent sous-utilisées, est une piste essentielle pour stimuler notre économie en réduisant par exemple le coût des investissements. Le président Letchimy a lui-même régulièrement reconnu que la Collectivité Territoriale de Martinique devait s’améliorer sur ces différents points. Nous supportons pleinement les efforts en cours de la Collectivité, en espérant qu’ils produiront leurs effets le plus rapidement possible.
Concernant les fonds POSEI, que préconisez-vous pour mieux soutenir la diversification agricole ?
Les fonds POSEI sont destinés à soutenir la production agricole en fonction des volumes produits. C’est un dispositif d’aide à la production de l’Union Européenne dont la création a été intimement liée à l’action des planteurs antillais. Si nous souhaitons encourager une diversification agricole plus vigoureuse, d’autres mécanismes doivent sans doute être mis en place.
Cela inclut des aides ciblées pour la transition agroécologique, l’innovation et la structuration de nouvelles filières de diversification. La Martinique a tout à gagner à développer des cultures, adaptées à notre territoire vulnérable aux effets du dérèglement climatique, et capables de satisfaire plus largement aux besoins des consommateurs en favorisant les circuits courts. La place des produits agricoles locaux dans les magasins de la grande et moyenne distribution alimentaire doit être consolidée.
Les organisations professionnelles et les institutions du secteur de l’agriculture sont les plus à même de décider de ce qui est nécessaire de construire ensemble pour faire de ces ambitions des réalités bénéfiques aux Martiniquais. Dans ce dossier, Contact Entreprises a principalement pour vocation de mettre en lumière les performances et réussites des entreprises du secteur agricole.
Quels autres défis économiques prioritaires identifiez-vous pour la Martinique ?
La priorité est de bâtir une économie résiliente face aux crises récurrentes que nous traversons. Il y a urgence. Nous devons renforcer la compétitivité de nos entreprises en favorisant l’innovation et en soutenant l’investissement. Soyons au clair, la création d’emplois se fera essentiellement dans le secteur marchand.
La performance de notre économie locale passera aussi par une meilleure efficacité des services publics et par la réduction des coûts de fonctionnement de ces mêmes services publics.
Par ailleurs,. Enfin, il est indispensable d’améliorer le dialogue entre les acteurs publics et les acteurs privés. Seule une coopération étroite entre ces deux catégories d’acteurs permettra de relever les défis sociaux, économiques et environnementaux qui concernent de manière prégnante notre île.
Un dernier mot pour conclure ?
La Martinique a des atouts immenses, mais pour les exploiter pleinement, il est nécessaire que chacun assume sa part de responsabilité. Contact-Entreprises continuera de jouer son rôle en proposant des solutions pragmatiques et en appelant à un dialogue constructif avec la sphère publique en général et avec la CTM en particulier. Ensemble, décideurs publics et acteurs privés, nous avons le pouvoir et le devoir de transformer les défis territoriaux en opportunités durables.
Propos recueillis par Philippe Pied
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