Pour la première fois la majorité indépendantiste: de gauche à droite, Samuel Hne- peune de l’UC-FLNKS, Yannick Slamet et Louis Mapou de l’Uni-FLNKS, et Joseph Manaute, de Calédonie Ensemble, le 17 février 2021 à Nouméa

 A l’approche de la prochaine et dernière consultation sur le statut de l’archipel en 2022, la tension ne cesse de monter en Kanaky Nouvelle Calédonie. Le territoire se trouve en effet confronté à une situation politique, économique et sociale par- ticulièrement instable qui peut dégénérer à tout moment.



Cette instabilité s’est accrue depuis le deuxième referendum du 4 oc- tobre 2020 sur l’accession à l’indépendance à l’issue de la- quelle l’écart s’est considérablement réduit entre les partisans du maintien dans la France qui avaient obtenu 53,3% des voix et ceux de l’indépendance avec 46,7% des suffrages. Cette fiè- vre ne cesse de s’accentuer à l’approche de la troisième et ul- time consultation qui pourrait bien se solder par la victoire des partisans de l’indépendance.

Une tendance qui s’est confirmée avec la victoire historique remportée au Congrès le 17 février dernier, suite à la démission des représentants indépendantistes du gouvernement le 2 février dernier. En effet, ce jour-là, à l’issue du nouveau scrutin au sein des 54 membres du Congrès pour la désignation des 11 nouveaux membres du gouvernement du territoire, les indépendantistes, avec 6 sièges, ont donc pris le contrôle de l’exécutif. Mais ils restent divisés avec une égalité de 3 sièges attribués à l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et à l’Union calédonienne –FLNKS alliée à la nouvelle formation de l’Eveil océanien. Quant aux anti indépendantistes, ils n’ont recueilli que 5 sièges au total dont 4 pour “l’Avenir en confiance”,proche des Républicains et un pour “Calédonie ensemble”, de tendance centriste.

S’ils sont majoritaires au sein de l’exécutif, les indépendantistes se révèlent incapables, pour l’instant, de s’entendre sur le choix de son président. La situation est d’autant plus complexe que les relations restent tendues entre les deux branches du mouvement indépendantiste. Chacune d’elles ayant son propre candidat, Louis Mapou pour l’UNI, et Samuel Hnepeune pour le FLNKS, face au président sortant Thierry Santa. Aucune majorité ne s’étant dégagée en faveur de l’un ou l’autre des candidats dans ce contexte de triangulaire, les indépendantistes semblent avoir pris conscience de ce que pourraient leur coûter leurs divisions. “Il faut se donner un peu de temps pour discuter entre nous”, admettent-ils. Le temps de trouver un consensus pour sortir de l’impasse. D’où le report de ce vote au lundi 22 février. D’autant qu’ils entendent faire de leur accession à la présidence du gouvernement la démonstration de leur capacité à diriger le territoire.

Une élection sur fond de débat autour du contrôle du nickel

Ce choix est rendu encore plus compliqué par le rôle d’arbitre qu’entendent jouer l’exécutif et le  Congrès dans le projet de la vente de l’usine de nickel et de cobalt, produits qui constituent l’essentiel des exportations du pays. Actuellement détenue par le groupe brésilien Vale, elle est sur le point d’être rachetée par le consortium Trafigura déjà impliqué dans un scandale écologique en Côte d’Ivoire. Les indépendantistes qui considèrent que les ressources minières de leur pays sont un bien commun qui doit d’abord profiter au peuple calédonien se méfient de ce groupe financé par des fonds spéculatifs. Ils militent en faveur d’une reprise de cette activité par la Sifinor, une société d’économie mixte détenue à 85% par des collectivités calédoniennes, et soupçonnent le gouvernement français de manœuvrer contre leurs intérêts.

La France qui se rend compte qu’elle ne peut plus s’opposer au processus de décolonisation de la Nouvelle Calédonie espère une accession à l’indépendance en douceur afin de préserver ses intérêts dans cette région où l’influence de la Chine se fait de plus en plus présente. (Justice)

 

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