Nous publions cette tribune de Jean-Luc Paul-Joseph qui circule sur le net en ayant toutefois changé son titre, inutilement blessant à l’égard de la députée. Nous lui laissons l’entière responsabilité de ses opinions sur le sujet abordé.
En voulant faire un bon mot, notre députée de la Martinique (pays des océans !) a cru devoir se référer à la présence de Kassav à l’Elysée pour l’introduction d’une critique sur l’absence de politique gouvernementale efficiente pour traiter les nombreux maux dont souffre le pays.
Dans un créole hésitant elle lança alors : ” le zouk n’est pas le seul médicament dont nous avons besoin” signifiant que l’invitation de Kassav à l’Elysée pour la fête de la musique ne saurait faire oublier les manquements du gouvernement à notre égard.
Quel est le rapport ?!
Les manquements et l’impuissance des gouvernements vis à vis des banlieues ou de Marseille remettraient-ils en cause les présences à l’Elysée de quelque rappeur d’Ile-de-France ou d’un groupe marseillais. Nul n’y pense en France, mais aux Antilles chez certains d’entre nous, il y a cette complainte récurrente, un certain “discours antillais”, mêlant victimisation et auto flagellation. Éternels insatisfaits, éternels plaignants ?! Quand nous ne sommes pas invités nous crions à la discrimination, quand nous sommes mis en avant, nous bêlons c’est de la manipulation, c’est “du vèglage” !!! Quand ce n’est de la “doudouisation”. Ainsi pour notre députée, Kassav le plus grand groupe musical de l’histoire de France, ne devait sa présence qu’à un calcul, une opération politique voire politicienne destinée à détourner l’attention des Antillais sur l’absence de réponses portées à leurs préoccupations économiques et sociales. Ce n’est pas qu’une envolée lyrique ratée de tribune politique, cela relève du complotisme et constitue surtout une insulte grave à ce groupe qui a écrit une page importante de l’histoire des mouvements culturels des Antilles, au même chapitre que la négritude de Césaire, la créolité de Glissant.
Cela vous a manifestement échappé madame la députée.
Qui d’ailleurs a eu le même réflexe que vous ? Christine Kelly, la journaliste Guadeloupéenne, propagandiste de l’empire Bolloré qui dans un post au service de l’extrême droite interroge : ” On a dansé au son du zouk à l’Élysée mais qui se préoccupe du quotidien de ces Guadeloupéens et des Martiniquais ?” en renvoyant à son récent article dans le journal d’extrême droite le JDD sur de récents faits de violence dans sa ville du Lamentin en Guadeloupe. Jamais elle ne ferait un tel amalgame s’il s’agissait d’autres territoires de France où règnent aussi ces maux sociaux, économiques et sociétaux. Mais pour nous ces gueux, nous ces peu, nous ces nègres, l’argument fonctionne….
“Yo ka pran nou pou kouyons” en somme comme vous le dites d’ailleurs à l’assemblée.Traduction : “On nous prend pour des cons”
Et bien vous êtes madame la députée, vous comme Christine Kelly et ceux qui propagent ce récit, cette vision, les premiers à nous prendre, nous Antillais, pour des cons, en jouant sur cette fameuse corde victimaire et donc populiste.
Et puis il y a en Guadeloupe notre pseudo lanceur d’alerte, complotiste pro-Trumpiste qui a reproché à Kassav de cautionner le macronisme et de se produire dans “le décor de ceux qui écrivent notre histoire à notre place”. Pire, il suggère que Kassav s’est vendu, avec une allusion infamante à l’égard de notre chanteuse Jocelyne Béroard. Rien que ça !!!
Il s’est d’ailleurs réjoui très vite que vous Béatrice Bellay lui emprunte un peu de sa consternante réflexion.
Voyez donc madame la députée dans quel océan de bêtises vous avez plongé. Il va s’en dire que vous ne mettrez vous-même jamais les pieds à l’Elysée pour quelque raison, tant que tous les maux de la Martinique ne seront pas résolus…Ce serait du “vèglage”
Il y a des mots qui font mal, qui sont mal…
Vous êtes victime des vôtres et malheureusement pour vous, le zouk ne saurait être votre médicament
Jean-Luc Paul-Joseph
(ICAR)