En carré, en beurre ou en liqueur, K’Féco, transforme le cacao. Dans son écrin de verdure, K’Féco élabore du cacao 100% martiniquais. L’association entend réveiller les traditions autour du cacao mais aussi transmettre un savoir-faire local.
C’est en pleine campagne qu’il s’est installé. En allant vers le Robert, il faut quitter la route principale pour emprunter un petit chemin. Ce chemin tortueux de campagne mène à une maison en bois qui se fond opportunément dans son environnement. Là, vous êtes à K’Féco. Le gérant est un enfant du quartier. Depuis une dizaine d’années, l’association met le café local et le cacao local en valeur. Deux filières qui jadis faisaient la richesse de la Martinique. Philippe Jean Marie Alphonsine s’est tourné vers l’agriculture par passion. Fonctionnaire, il grandit en ville, dans le bourg du Robert. Il découvre un monde foncièrement lorsqu’il rend visite à ses grands-parents. Philippe Jean Marie Alphonsine est fasciné par la torréfaction artisanale du café. « Prendre des odeurs de café dans la campagne, c’est ça qui m’a ébloui », se souvient-il. Cependant, le déclic arrive plus tard. Lors d’un voyage en France, en Champagne plus précisément.
Il s’inspire du Champagne
Il se rend alors compte que tout ce qui est possible en France hexagonale peut-être possible en Martinique. A son retour, Philippe Jean Marie Alphonsine se lance dans le café. Conséquemment, il découvre la culture du cacao. « Allons à la rencontre de cette richesse. Nos aînés vivaient en autarcie sans avoir de gros revenus. » Il se lance ainsi un défi : remettre au goût du jour de vieilles traditions. Philippe Jean Marie Alphonsine est un autodidacte, c’est sur le tas qu’il s’instruit en allant à la rencontre de chocolatiers. « Je tenais à ce que ce soit un produit de Martinique. » Il maximise l’utilisation de la cabosse. Avec la peau des grains, il fait des infusions, il élabore des punchs chocolat, de la liqueur de cacao, du beurre de cacao et bien évidemment des tablettes de chocolat. En bref, tout ce qui découle du cacao.
K’Féco est une structure à taille humaine comme l’a souhaité son gérant. 75% des cabosses qu’il transforme proviennent des Martiniquais ayant un cacaoyer. Le reste est issu de la production de l’association qui s’étend sur un hectare. « On achète des cabosses. On crée un circuit court et participatif. Nous n’avons pas l’ambition de faire une grosse production. »
Une production à taille humaine
Avec son magasin, il tient à maintenir la tradition des boutiques de campagne. Les produits de K’féco sont rares. Ils sont introuvables en grande surface « parce que nous n’avons pas de production suffisante. » Toutefois, l’association écoule une tonne de cacao par an. Philippe Jean Marie Alphonsine ne se considère pas comme un artisan chocolatier mais comme un acteur de l’agro transformation.
Chez K’Féco, le vrai temps fort, c’est Noël alors qu’à Pâques, les ventes sont plus timides. Mais grâce au tourisme et aux Martiniquais, c’est toute l’année que se maintient le flot de clients. A chaque nouvelle recette, sa cible. Lorsqu’il a fallu élaborer une pate à tartiner sans conservateur ni additif, les jeunes étaient les cobayes.
Outre les réseaux sociaux, la petite association n’a pas les finances pour employer les gros moyens. Elle compte sur le bouche à oreille. Et ça marche. Canadiens, Martiniquais, Guadeloupéens, K’Féco a trouvé son public.
Côté main d’œuvre, l’association au statut commercial accueille des jeunes en service civique, d’autres dans le cadre du programme d’échange Erasmus, des stagiaires, des contrats d’apprentissage. « Nous sommes sur plusieurs volets de formations et d’information pour la jeunesse et auprès de la population. C’est notre priorité avant même le business. » L’association s’agrandit. Philippe Jean Marie Alphonsine confirme que le recrutement de personnel est envisagé.
Le plaisir de Philippe Jean Marie Alphonsine, c’est de montrer son exploitation. En effet, le site de la cacaoteraie est ouvert en visite guidée. Le visiteur pourra découvrir bien évidemment des pieds de cacao mais aussi des plants rares de café typica L’histoire du cacao y est retracée depuis les Maya jusqu’à nos jours ainsi que l’art d’en tirer du chocolat. Récupérer les graines, les faire sécher, les laisser fermenter. La plantation de K’Féco montre le chocolat dans tous ses états.
Laurianne Nomel