Depuis le 09 Mai dernier le ‘’Konvwa bâ réparasyon’’ avance sur les routes de Martinique pour une étape finale prévue le 21 Mai, au Prêcheur, avant une grande célébration prévue le jour suivant, à Sainte-Anne. Brève présentation de cette 22ème édition de l’événement, dénommé cette année ‘’Réparasyon sé rimèd Limanité’’.

Du sud au centre en passant par le nord du péyi, le Konvwa continue d’avaler les kilomètres au clair de lune et aux rythmes de groupes à pied (Tanbou bò kannal, Mawonaj, Voukoum, etc.). Une 22ème édition dont la marraine est la sociologue et autrice martiniquaise bien connue Juliette Sméralda, et un événement qui connaîtra deux autres temps forts : un colloque intitulé ‘’Mieux connaître les crimes pour mieux réparer’’, ainsi qu’une exposition de photographies (sur les 21 ans du Konvwa) à l’Hôtel de l’Assemblée de la CTM (ex Conseil général) les 13 et 14 Mai à Fort-de-France. Un colloque qui sera nourri par une diversité d’exposés, émanant notamment d’historiens, universitaires et d’avocat.es. « Aujourd’hui, grâce à l’action d’historiens africains et aux archives qui ont été retrouvées nous avons ouvert les yeux sur ce que la France à elle-même reconnu comme étant un crime contre l’Humanité », indiquent les membres du MIR* Martinique. Avant de vite ajouter : « Mais bien des zones d’ombres subsistent sur ce drame, permettant aux falsifications historiques et aux négationnismes de continuer à fleurir, afin de couper court aux réparations dues aux afro-descendants. » La tonalité et raison d’être du dit colloque sont ici données. Le MIR Martinique de poursuivre : « C’est pourquoi il est plus que temps de questionner l’Histoire et les sciences humaines, pour avoir une meilleure connaissance de ces crimes et aborder en toute sérénité la nécessaire réparation. »

« Le konvwa est une thérapie, qui fait partie de notre auto-réparation »

Garcin Malsa, le président du MIR (MI)

« Pour satisfaire leur voracité en biens matériels, les occidentaux détruisent des pans de la biodiversité planétaire, compromettant par les désordres ainsi engendrés la vie sur Terre ; le monde n’est pas seulement inégal mais profondément déséquilibré, déstructuré et injuste », pointe et dénonce le MIR Martinique, « dès lors, la démarche de réparation apparait comme la seule pouvant restaurer l’Humanité dans sa dignité. » Puis de rappeler : « La revendication de réparation, apparue d’abord dans la diaspora américaine et caribéenne puis en Afrique, s’est traduite par des prises de position claires de la diaspora, mais aussi par des actions judiciaires et symboliques qui ont permis de faire connaitre et populariser cette lutte dans le monde entier. » Le collectif de poursuivre : « Ces actions ont entrainé, comme il fallait s’y attendre, une résistance farouche des occidentaux. Mais nous constatons que l’Occident commence à vaciller sur ses bases et que le débat sur les réparations est maintenant sur les devants de la scène politique aux Etats Unis. Ainsi, les actions du MIR ont permis de porter ce débat au cœur du système judiciaire français et européen, faisant de l’exigence de réparation une démarche crédible et même incontournable. » Les membres du Mouvement de préciser alors : « Cette crédibilité vient du fait que les théoriciens de la réparation ont su faire comprendre qu’elle n’a pas pour vocation de placer les peuples aujourd’hui écrasés dans la position de dominants, en vue d’une quelconque revanche, mais de permettre une véritable restauration de ces peuples dans leurs droits fondamentaux, une redistribution des richesses fondée sur la justice et l’impérieuse nécessité de préserver l’Humanité et l’ensemble des écosystèmes de la planète. »

Et le MIR Martinique de conclure par ces mots, tels un écho à l’intitulé de cette 22ème édition : « Dès lors la réparation globale et intégrale, qui postule le partage équitable de l’ensemble des richesses, peut être légitimement considérée comme le remède contre les maux qui menacent l’ensemble des peuples de la planète, et donc comme la solution capable de rétablir l’équilibre planétaire et garantir la perpétuation de la vie. » La boucle est ainsi bouclée. Pour Garcin Malsa, figure historique du ‘’Konvwa ba réparasyon’’ et président du MIR Martinique, la notion de réparation englobe, en effet, nombre de champs de l’expérience humaine. « Nous parlons de réparation intégrale parce qu’elle est aussi spirituelle », glisse-t-il, « le konvwa est une thérapie, qui fait partie de notre auto-réparation. »

Mike Irasque

*MIR : Mouvement International pour les Réparations. Crédit photo : Facebook MIR Martinique.

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