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    Ecologie / Environnement

    La crise du Covid-19, avènement d’une société sans visage

    mai 12, 2020Mise à jourmai 12, 2020Aucun commentaire
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    La crise du Covid-19, avènement d’une société sans visage

    Viennot — 11 mai 2020 à 7h00 —(Novethic)

    Avec la fin du confinement, nous allons découvrir un espace public anonyme où il ne restera que la parole ou le choix d’ignorer totalement son prochain.

     

    Tout le monde a bien compris à ce stade que nos vies ne seraient plus jamais comme avant et que nous étions en plein cœur d’un de ces événements mondiaux qui occuperont un chapitre dans les livres d’histoire sur lesquels se pencheront nos petits-enfants.

    Impossible de réduire cette épidémie à un, deux, trois éléments: elle a déclenché des facteurs en chaîne, certains linéaires et d’autres arborescents, dont les conséquences ne seront vraiment nettes que dans plusieurs années.

     

    Les conséquences immédiates, tout le monde les connaît: elles sont avant tout sanitaires (malades, morts solitaires, services médicaux tendus à l’extrême), sociales (isolement exacerbé, refus du confinement ou colère face à celles et ceux qu’on n’estime pas assez confinés, aggravation de la pauvreté et de l’isolement social des personnes les plus démunies sans accès à la parole publique, mise en danger des acteurs et des actrices essentielles de la vie en société), économiques (le pire est à venir).

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    Il en faudra, des générations de sociologues, pour analyser les changements que l’année du Covid-19 aura apportés à la société française. Dès aujourd’hui pourtant, il semble évident que certaines choses changeront et qu’à l’instar de leurs ancêtres ayant traversé les grandes crises des derniers siècles, les Français·es vont adopter des codes de socialisation adaptés à la nouvelle ère qui s’ouvre.

    Partout en France, tout individu qui sort enfin, après deux mois de confinement et d’attestations, faire quelques emplettes, se rendre au travail ou mener ses enfants à l’école va obligatoirement croiser des compatriotes masqué·es. Peut-être le sera-t-il lui-même. Dans son allocution du 28 avril, le Premier ministre a déclaré que le port du masque deviendrait obligatoire dans les transports en commun à partir de ce lundi 11 mai, ainsi que dans les collèges pour les professeur·es comme pour les élèves (pas dans les écoles élémentaires, et il sera même «prohibé» pour les enfants des maternelles). On peut raisonnablement penser que le port du masque deviendra obligatoire à peu près partout dès qu’on aura les moyens de masquer tout le monde.

    La France est en train de se poser doucement un masque sur la bouche et le nez, et de se faire à l’idée que ce geste pourrait s’inscrire dans la durée. Les raisons sanitaires évidentes de cette décision sont indiscutables (en revanche, le niveau de pédagogie et le fait que la plupart des personnes portant un masque ne savent pas s’en servir pourraient être sujets à débat). Évidemment, on peut imaginer un avenir, à moyen ou à long terme, où ces masques ne seront plus nécessaires et où ces comportements civico-sanitaires ne seront plus qu’un mauvais souvenir. Mais cet avenir semble bien lointain, et au passage, ce bout de tissu aura changé pas mal de choses.

     

    Un clou dans le cercueil de la bise

    En France, la culture du contact est en train de prendre un grand coup dans l’aile. La bise (chez nous c’est trois/quatre/une), grosse tradition gauloise et baveuse, est sans doute en train de vivre ses dernières heures de rite incontournable. La poignée de main n’en mène pas large, même si elle a de grandes chances de s’en tirer, notamment grâce à l’effet purificateur du gel hydroalcoolique. Ne parlons même pas des étreintes, qui n’ont plus lieu d’être (en public tout au moins).

    Ces dernières années, la culture du contact physique dans l’espace public avait déjà commencé par être ébranlée par des mouvements comme #BalanceTonPorc ou #MeToo qui avaient pour but premier de dénoncer et (d’espérer) mettre un terme aux agressions sexuelles, mais qui ont également permis, entre autres conséquences collatérales, à certaines personnes parfois soumises à ces rituels contre leur volonté d’avoir plus facilement la possibilité de ne plus s’y plier. Refuser de subir la bise obligatoire d’un collègue crado ou d’un patron libidineux est sans doute moins compliqué aujourd’hui qu’il y a cinq ans.

    Il y a fort à parier qu’après le Covid-19, les rituels sociaux seront beaucoup moins physiques qu’avant. Tant mieux, tant pis, c’est une évolution que chacun·e mesurera à l’aune de sa propre tolérance aux contacts physiques. En revanche, en attendant de sortir de cette étrange période où nous nous promenons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ne sachant pas si nous allons tomber malade ou si nous risquons de transmettre le virus, hormis un confinement infini qui n’est pas réalisable, la seule arme à peu près accessible consiste à se voiler la face.

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    Une clé de communication en moins

    Autrefois (et quand je dis autrefois, je veux dire avant mars 2020, car le fil du temps est devenu élastique et très relatif), les seuls acteurs de la vie sociale qui masquaient leurs visages étaient, déjà, les personnels soignants, et puis certaines musulmanes (qui le payaient assez cher), les agents du GIGN et, naturellement, les braqueurs. Aujourd’hui, dans un retournement ironique dont la vie est friande, dissimuler ses traits est devenu un acte normal, citoyen même.

     

    Les interactions sociales vont ainsi être réduites à la portion congrue: les yeux et la parole. Pour les malentendant·es qui lisent sur les lèvres, c’est un isolement supplémentaire (moi qui n’ai qu’une oreille en état de marche, je crains déjà la double peine de ne plus pouvoir suivre les conversations sur les lèvres en plus de devoir décoder une parole filtrée par le masque). Pour celles et ceux qui sont atteints de prosopagnosie (vous savez, ces gens qui ne vous reconnaissent jamais dans la rue, alors que ça fait cinq ans que vous les fréquentez), qui ont enfin un bon prétexte pour ne pas savoir qui vous êtes, c’est une bénédiction. Pour nos relations sociales en général, c’est une nouveauté qui risque de changer pas mal de choses.

    Si ce sont les compétences verbales qui doivent établir une nouvelle hiérarchie des liens, les inégalités ne sont pas près de disparaître.

    La reconnaissance du visage de l’autre est un des éléments clés du développement des relations entre le nourrisson et son entourage proche, et avant tout avec sa mère. Elle fait partie de ce que le Dr Daniel Stern, auteur de Le monde interpersonnel du nourrisson, appelle «l’accordage affectif». Des expériences sur des bébés de 3 mois ont montré que les enfants étaient sensibles à la disparition du sourire de leur mère, qui entraînait «rapidement un état de désarroi et de malaise». C’est par l’expression de tout le visage qu’est transmis l’état affectif de nos interlocuteurs et interlocutrices, c’est une forme de communication héritée de nos ancêtres très lointain·es dont nous ne nous sommes pas (encore) dispensé·es.

    Or, nous allons désormais devoir communiquer dans le domaine public, professionnel, scolaire, sans ces expressions faciales. Nous allons entrer dans un monde où la communication sera avant tout verbale, donc profondément humaine puisque la parole est le propre de l’être humain, et totalement déshumanisée puisque nous allons être privé·es d’un des éléments clés du déchiffrage des intentions et des sentiments de l’autre: l’expression de son visage et les messages muets, conscients et inconscients, qu’il envoie.

     

    Quel genre de société va bien pouvoir naître de la disparition de cette dimension? Doit-on imaginer un monde où non seulement personne ne se touche mais où les émotions et les désirs doivent passer uniquement par la parole? Au sourire annonçant la joie de voir une personne amie, il faudra substituer des mots, ou laisser le silence et le vide ériger une barrière invisible. Il peut y avoir une tentation de se dire que nous allons tou·tes nous ressembler, avec un masque sur la figure, et que c’est peut-être un facteur d’égalité. Il me semble pourtant qu’au contraire, si ce sont les compétences verbales devant lesquelles tout le monde n’est pas logé à la même enseigne qui doivent établir une nouvelle hiérarchie des liens dans l’espace public, les inégalités ne sont pas près de disparaître.

    Un univers d’indifférence

    C’est tout un pan de la communication dans ce qu’elle a de plus affectif qui est escamoté par le masque. Certes les yeux parlent encore, mais les sourires timides, les sourires esquissés ou francs, les rictus sarcastiques, les mimiques de baisers, les grimaces si expressives qui en disent souvent plus qu’une phrase entière, tout cela passe à la trappe. Évoluer dans un lieu public où nos congénères n’ont plus de visage relève du cauchemar et évoque des images terrifiantes, comme celles du film The Wall des Pink Floyd, où les êtres humains n’ont plus d’identité individuelle et n’existent plus que sous forme anonyme et collective.

    Dans L’expression des émotions chez l’homme et les animaux (1872), Charles Darwin avait établi que certaines expressions faciales étaient universelles, ce que confirmèrent (et affinèrent) une centaine d’années plus tard les chercheurs Silvan Tomkins, Paul Ekman et Carroll Izard. En France, dix ans avant Darwin, Guillaume-Benjamin Duchenne s’était déjà penché sur les expressions faciales et avait démontré qu’un vrai sourire suscitait la contraction des muscles de la bouche mais également des yeux –et qu’il était donc possible d’en mesurer la sincérité.

    Paul Ekman, psychologue américain contemporain, a quant à lui identifié ce qu’on appelle les «micro-expressions», qui sont des manifestations faciales inconscientes et fugaces des émotions, et confirmé entre 1969 et 1972 l’universalité des expressions faciales (en faisant notamment des expériences de reconnaissance d’émotions auprès de membres de tribus totalement isolées). Comme le dit le héros de la série Lie to Me, qui s’en inspire: «La vérité est écrite sur nos visages» (certes, encore faut-il savoir la lire).

     

    Les mimiques faciales et l’identification de l’autre grâce à l’humanité de son apparence jouent un rôle dans l’empathie qui fait de nous des protagonistes plus humain·es de la vie sociale. L’univers dans lequel nous nous préparons, contraint·es et forcé·es, à entrer, brandit l’image terrifiante d’un monde de marionnettes ou de robots qui se croisent dans une visible indifférence, condamnés à restreindre la communication à sa facette la plus artificielle: le langage –ou bien à ne pas communiquer du tout. Il n’aura jamais été plus facile d’ignorer son prochain.

    Un isolement en extérieur

    Cet éloignement du corps, tant tactile que visuel, accentué par la suspicion permanente que l’autre représente un danger (sentiment que les applications de traçage ne feront qu’intensifier), nous précipite encore un peu plus vite vers un monde dont la virtualité nouvelle du XXIe siècle avait fait le lit: un univers toujours plus connecté, grâce aux machines, mais où ce qu’il y a de plus universel, de plus commun et de plus primaire en nous disparaît peu à peu; où il n’aura jamais été aussi simple de communiquer et aussi difficile de se reconnaître, de se comprendre et de nouer des liens.

    Ce bout de tissu, conçu pour nous protéger, nous défigure au sens littéral, et nous isole encore un peu plus. Telles les gueules cassées de la Grande Guerre, les victimes vitriolées des criminels fous de haine sexiste, nous allons devoir faire exister le moi que nous présentons à autrui avec autre chose que notre visage, ou y renoncer: «La destruction du visage signe la désertion de l’individu, atteint au cœur de son identité et de sa relation aux autres», écrit la chercheuse Julie Mazaleigue dans La fabrique du visage.

    En nous obligeant à dissimuler nos visages, le Covid-19, qui nous aura condamné·es à nous isoler physiquement et à laisser nos proches mourir loin des yeux du monde, donne désormais une forme concrète et tangible à la méfiance et à l’anonymat et finit de dépouiller les relations humaines dans l’espace public de l’intérêt qu’il leur restait. Après avoir ainsi perdu la face, notre relation aux autres, ce vivre-ensemble utopique et si cher à la novlangue politique de ce siècle, va avoir du mal à s’en relever

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